Quantcast
Channel: Strange Vomit Dolls
Viewing all 2765 articles
Browse latest View live

MACADAM A DEUX VOIES (Two-Lane Blacktop)

$
0
0
                                           Photo empruntée sur Google, appartenant au site fan-de-cinema.com

de Monte Hellman. 1971. U.S.A. 1h42. Avec James Taylor, Warren Oates, Laurie Bird, Dennis Wilson.

Sortie salles U.S: 7 Juillet 1971

FILMOGRAPHIEMonte Hellman est un réalisateur et producteur américain, né le 12 Juillet 1932 à New-York.
1959: Beast from Haunted Cave. 1964: Flight to Fury. 1964: Back Door to Hell. 1965: l'Ouragan de la Vengeance. 1967: The Shooting. 1971: Macadam à deux voies. 1974: Cockfighter. 1978: China 9, liberty 37. 1988: Iguana. 1989: Douce nuit, sanglante nuit 3. 2010: Road to Nowhere.


Film culte tardivement reconnu et desservi par un échec commercial cinglant, Macadam à deux voies s'engage dans le road movie contestataire, à la manière de ces illustres acolytes, Easy Rider et Point Limite Zero. Réalisé sous une forme documentaire, Monte Hellman nous retrace l'équipée monocorde de deux comparses taciturnes et d'une jeune auto-stoppeuse infantile, engagés dans une course automobile par l'entremise d'un rival solitaire.


Road Movie contemplatif illustrant la passion dévorante que peuvent entretenir les fous du volant, Macadam sur 2 voies est une fuite en avant vers une liberté sans illusion. La contre-culture de jeunes paumés sillonnant les routes des Etats-unis pour amasser leur gain à travers des courses illégales. Avec l'arrivée d'un quarantenaire tout aussi paumé et profondément frustré, nos trois conducteurs vont se lancer le défi de regagner Washington en un temps record ! Entre ces trois pèlerins avides d'élitisme par la gagne d'une course interminable, une jeune auto-stoppeuse versatile va semer le désordre vis à vis d'une idylle hésitante. Néanmoins, cette compétition de longue haleine va s'avérer finalement vaine et destructurée puisqu'en cours de route, nos deux acolytes vont notamment s'octroyer diverses courses aléatoires avec d'autres alliés tout aussi orgueilleux.
Cette intrigue futile bâtie sur la monotonie d'individus en quête libertaire nous illustre leur désir de fuite furtive sans pouvoir préfigurer l'avenir d'un lendemain incertain. C'est donc une errance routière que nous retrace Macadam à 2 voies, non exempt de loufoquerie (Warren Oates se révèle savoureux en quidam malchanceux contraint de prendre en auto-stop des individus peu communs), où flics et badauds restent des témoins apathiques. Sur le bitume des divers contrées consommées, nos héros vont néanmoins se porter en témoin d'une réalité morbide lors d'un accident meurtrier entre un camion et un véhicule. Alors que le quarantenaire, à deux doigts de s'isoler au bout du monde avec une gamine lunatique, va lui aussi se confronter au trépas lors des confidences d'une grand-mère accablée par le deuil familial de sa petite fille orpheline.


Course poursuite sans horizon de rebelles avides de notoriété et d'amour rédempteur mais incapables de se transcender dans leur ambition illusoire, Macadam à 2 voies est un road movie insolite véhiculant une nonchalance existentielle ainsi qu'une cocasserie excentrique (Warren Oates, en séducteur malhabile, est vêtu d'un pull de couleur distincte à chacune de ses apparitions !). Une virée urbaine de noctambules trop ancrés dans l'idéologie du temps présent où l'avenir n'a pas de raison d'être. Au risque de s'en brûler les ailes par déchéance amoureuse ou délivrance suicidaire. 

04.12.12
Bruno Matéï



LA NUIT DU CHASSEUR (The Night of the Hunter)

$
0
0

                  
                                               Photo empruntée sur Google, appartenant au site t411.me

de Charles Laughton. 1954. U.S.A. 1h33. Avec Robert Mitchum, Shelley Winters, Lillian Gish, Billy Chapin, Sally Jane Bruce, James Gleason.

Sortie salles France: 11 Mai 1956. U.S: 29 Septembre 1955

FILMOGRAPHIE: Charles Laughton est un réalisateur et acteur britannique, né le 1er Juillet 1899 à Scarborough (Yorkshire, Royaume-Uni), naturalisé américain en 1950. Il décède le 15 Décembre 1962 à Hollywood (Californie) des suites d'un cancer.
1954: La Nuit du Chasseur


Unique réalisation de l'acteur Charles Laughton, La Nuit du Chasseur aura été dès sa sortie officielle une oeuvre maudite dépréciée par la critique et boudée par un public qui n'était pas préparé à tant d'exubérance. Reconnu au fil des ans comme l'un des plus grands films de l'histoire du cinéma, ce conte hypnotique sur l'innocence bafouée resplendit de mille feux dans son noir et blanc étincelant, transcendé par le support du blu-ray !

Après avoir caché un butin que leur père aura légué juste avant d'être condamné pour assassinat, deux enfants sont persécutés par son ancien compagnon de cellule. Un pasteur machiavélique obnubilé à l'idée de mettre la main sur le fameux magot.


Poème livide sur l'enfance maltraitée durant une période historique de grande dépression, suspense haletant d'une traque incessante impartie entre un pasteur démoniaque et deux bambins candides, la Nuit du Chasseur est une oeuvre ineffable. Un diamant noir, à mi-chemin entre l'onirisme du conte de fée et l'icône horrifique de l'ogre surgi de la forêt. Dans une photo expressionniste en clair-obscur, Charles Laughton nous compose avec une folie créatrice un florilège d'images saisissantes et baroques aux inspirations hybrides (western, film noir, fantastique et horreur se télescopent sous l'esthétisme  du cinéma muet). Que ce soit la fuite crépusculaire sur la rivière des deux gamins à bord d'une barque, le meurtre mystique de Willa Harper dans sa chambre tamisée d'éclairages ciselés, ou encore la découverte macabre qui s'ensuit pour son cadavre flottant au fond de l'eau parmi les algues marins.
Dans une ambiance opaque insaisissable, La Nuit du Chasseur nous propose notamment de transcender l'un des plus glaçants portraits de serial-killer à la perversité insatiable. Sous l'allégeance du diabolique Harry Powell, Robert Mitchum livre sans nul doute l'interprétation de sa carrière tant il retranscrit avec une froideur terrifiante le profil véreux d'un révérend bafouant le bien-fondé de Dieu. Pleinement conscient des valeurs manichéennes du Bien et du Mal, Harry Powell aura décidé de régir sa vie sans vergogne, dans le cynisme le plus insidieux. Pour tromper une veuve puritaine, quoi de plus cruel et couard que de molester l'innocence infantile au profit d'un butin considérable, sachant que seuls les gamins connaissent la véritable planque. A travers cette sombre traque où deux orphelins fuient leur bourreau à travers champs d'une nature étrangement sereine, Charles Laughton nous énonce l'influence sournoise que le Mal peut exercer chez l'être humain avide d'amour et de reconnaissance (Willa Harper et l'adolescente timorée sont assujetties à l'emprise charnelle de Powell). Il dénonce aussi clairement le fanatisme religieux chez les personnes superstitieuses et démunies, se rabattant à une divinité puritaine pour apaiser leur déveine et culpabilité. Enfin, il met en exergue les valeurs et les principes moraux de la bienséance impartis à l'éducation parentale quand les enfants fragilisés sont destitués de leur propre famille.


Conte obscur nappé de cynisme horrifique et d'onirisme enchanteur, récit initiatique confronté à la perte de l'innocence, la Nuit du Chasseur ne cesse de surprendre et d'éblouir un spectateur impliqué dans une structure narrative déconcertante. La puissance formelle de ces images aussi limpides qu'insolites, l'originalité de sa mise en scène pragmatique, le jeu gouailleur d'un Robert Mitchum glaçant d'austérité (le diable en personne j'vous dit !!!) ainsi que la prestance attachante du jeune Billy Chapin laissent en mémoire un chef-d'oeuvre d'une troublante modernité !

05.12.12. 3èX
Bruno Matéï

L'avis de Mathias Chaput:
Ce qui frappe avant tout dans "la Nuit du Chasseur" c'est le charisme MONUMENTAL de Mitchum dans son rôle !
S'immisçant de façon hypnotique dans le paysage, dans l'environnement et même dans le subconscient de ceux et celles qu'il côtoie, il signe là son rôle le plus emblématique, loin des stéréotypes des acteurs américains des années 50, cantonnés soit dans des rôles de durs soit dans des rôles de justiciers !
Non ici c'est AUTRE CHOSE...
C'est difficile à décrire en fait ce que l'on ressent, en fait je crois que ça se VIT...
Il faut le voir pour le comprendre, c'est très dur à faire discerner ou à raconter...
Métaphysique, métaphorique (la fuite la nuit sur la barque avec la toile de l'araignée, symbole du pasteur prédateur qui tisse son piège, les grenouilles, les lapins, le hibou, presqu'un métrage naturaliste, en tout cas hors normes avec le cinéma d'alors...) et surtout proche du fantastique, grâce à des cadrages élaborés rares pour l'époque ! (le reflet des personnages marchant le long de la rivière, la femme protectrice maternelle qui garde les orphelins et qui n'hésite pas à sortir son fusil de chasse et à en faire usage !)...
Le côté lancinant et charmeur à la limite de la dépravation de Mitchum dont même une adolescente à peine sortie de la puberté dit être amoureuse !
POLITICALLY INCORRECT !
Tous ces aspects pour le moins discutables contribuent sans nul doute à faire émerger une approche malsaine du personnage qui peut être identifié comme le "DIABLE", souillant et troublant la candeur des bambins innocents et aux visages terrorisés rien qu'à la vision de Powell, ogre des temps modernes, avide d'argent et étant prêt à tout pour obtenir le butin caché, quitte à occire ceux qui se trouveront sur son passage, y compris les mômes qu'il ne prendra aucune difficulté à supprimer dans l'alternative où son but est atteint !
Osé, novateur, sidérant et pathologique dans son style, "la Nuit du Chasseur" est un masterpiece qu'il faut impérativement avoir visionné si l'on se dit cinéphile...
Note : 10/10

DU SANG POUR DRACULA (Blood for Dracula / Andy Warhol's Dracula)

$
0
0
                                                                   Photo offerte par Ciné-Bis-Art

de Paul Morrissey (avec la collaboration d'Antonio Margheriti). 1974. U.S.A/France/Italie.1h43. Avec  Joe Dallesandro, Udo Kier, Arno Juerging, Maxime McKendry, Milena Vukotic, Dominique Darel, Stefania Casini.

Sortie salles France: 22 Janvier 1975

FILMOGRAPHIE: Paul Morrissey est un réalisateur, scénariste, directeur de photographie, producteur, monteur et acteur américain, né le 23 Février 1938 à New-York (Etats-Unis).
1966: Chelsea Girls. 1967: I, a Man. 1968: San Diego Surf. 1968: The Loves of Ondine. 1968: Flesh. 1969: Lonesome Cowboys. 1970: Trash. 1971: I miss Sonia Henie. 1971: Women in Revolt. 1972: Heat. 1973: l'Amour. 1973: Chair pour Frankenstein. 1974: Du sang pour Dracula. 1978: Le Chien des Baskerville. 1981: Madame Wang's. 1982: Forty Deuce. 1985: The Armchair Hacker. 1985: Cocaïne. 1985: Le Neveu de Beethoven. 1988: Spike of Bensonhurst.


Un an après son chef-d'oeuvre d'incongruité Chair pour Frankenstein, Paul Morrissey s'empare cette fois-ci du mythe de Dracula pour nous livrer une semi-parodie beaucoup plus prononcée vers la sensualité érotique que l'horreur sanguinolente. Sorti en VHS au début des années 80 sous la bannière de René Chateau dans le cadre des "films que vous ne verrez jamais à la télévision" (mention: strictement interdit au moins de 18 ans, svp !), Du Sang pour Dracula tente de renouer avec la subversion décadente de son binôme cité plus haut. Avec toujours la même équipe technique (Carlo Rambaldi, Antonio Margheriti, Enrico Job, Claudio Gizzi, Luigi Kuveiller, Andy Warhol, Jean Pierre Rassam et Jean Yanne !) et son illustre trio d'acteurs (Udo Kier, Joe Dallesandro, Arno Juerging), cette relecture pittoresque du baron vampire se distingue par son portrait moribond où la maladie l'emporte toujours un peu plus au dépit de sang vierge.
En guise de clin d'oeil, on reconnaîtra dans un passage loufoque le réalisateur Roman Polanski dans celui d'un client de tenancier.


Profondément malade et famélique, Dracula part en Italie avec l'entremise de son valet pour rechercher la femme vierge qui pourra le rajeunir de sang pur. Sur place, ils font la rencontre d'une famille d'aristocrates en situation précaire auquel les jeunes filles effrontées sont sous l'emprise d'un jardinier machiste.

Avec son rythme languissant et sa narration quelque peu redondante, Du Sang pour Dracula peut de prime abord déconcerter le public non averti dans cette déclinaison saugrenue de l'archétype du vampire. Illustrant le profil agonisant d'un baron en quête de virginité, Paul Morrissey déroge aux règles traditionnelles en nous caractérisant son égérie immortelle comme un être faible et aigri particulièrement désabusé. Le plus souvent déplacé par son valet sur une chaise roulante, sa condition physique semble de plus en plus une contrainte et son désespoir de trouver une femme vierge au sein d'une société moderne en expansion le réduit à un vieillard anachroniste (il se teint la tignasse en noir pour masquer ses cheveux blancs !).


En individu défraîchi gagné par l'ennui de l'existence et la frustration de la solitude, Udo Kier réussit une nouvelle fois à démystifier l'icône vampirique, ici sévèrement raillé par des nymphettes en pleine émancipation sexuelle. Son visage glacial de mort-vivant gagné par la maladie ainsi que son regard terne imprégné de mélancolie nous inspirent avec une certaine pitié l'image d'un mourant intoxiqué.
De façon pittoresque et sensuelle, Paul Morissey nous dresse en l'occurrence un tableau dérisoire de la mythologie du vampire où les séquences érotiques occupent une place importante afin souligner notamment le caractère frondeur d'une lutte de classes. Puisque le communisme est ici personnifié par l'autorité machiste d'un jardinier voué à abuser de la noblesse de femmes hautaines en pleine libération de moeurs. Le réalisateur n'hésite pas à porter en dérision le portrait de jeunes nymphos d'apparence respectables mais totalement assouvies par le masochisme sexuel d'un mâle insatiable. Autour de cette partie de jambes en l'air quotidienne, un vampire sur le déclin assiste impuissant à cette déchéance où la virginité n'a plus de déontologie. Et cela même s'il tentera en désespoir de cause de copuler avec certaine d'entres elles avant de vomir (à en mourir !) leur sang impur !
Comme pour mettre un terme au folklore du vampire séculaire n'ayant plus sa place dans la société contemporaine, le final gore en diable clôt cette éloge à la libération sexuelle dans un bain de sang exutoire. ATTENTION SPOILER !!! Puisque Dracula, réduit à l'état de corps démembré, périra sous les coups de hache du jardinier avant de recevoir le traditionnel coup de pieu en plein coeur ! FIN DU SPOILER.


Soutenu par l'inoubliable partition élégiaque de Claudio Gizzi et porté par les épaules de l'ange diabolique Udo Kier, Du Sang pour Dracula reste une oeuvre curieuse à l'esthétisme gothique imprégné de suavité. Son climat semi parodique illustrant la provocation libertine d'une sexualité épanouie transcende notamment avec sarcasme respectueux le portrait mélancolique d'un vampire à bout de souffle. 

06.12.12. 4èx
Bruno Matéï


4 MOUCHES DE VELOURS GRIS (Quatre Mosche di Velluto Grigio)

$
0
0
                                        Photo empruntée sur Google, appartenant au site t411.me

de Dario Argento. 1971. Italie/France. 1h44. Avec Michael Brandon, Mimsy Farmer, Bud Spencer, Jean-Pierre Marielle, Francine Racette, Calisto Calisti.

Sortie salles France: 21 Juin 1973. U.S: 17 Décembre 1971

FILMOGRAPHIE: Dario Argento est un réalisateur et scénariste italien né le 7 septembre 1940, à Rome (Italie).
1969: l'Oiseau au plumage de Cristal, 1971: Le Chat à 9 queues, Quatre mouches de velours gris, 1973: 5 Jours à Milan, 1975, Les Frissons de l'Angoisse, 1977: Suspiria, 1980: Inferno, 1982: Ténèbres, 1985: Phenomena, 1987: Opera, 1990: 2 yeux Maléfiques, 1993: Trauma, 1996: Le Syndrome de Stendhal, 1998: Le Fantome de l'Opéra, 2001: Le Sang des Innocents,2004: Card Player, 2005: Aimez vous Hitchcock ?, 2005: Jennifer (épis Masters of Horror, sais 1), 2006: J'aurai leur peau (épis Masters of Horror, sais 2), 2006: Mother of Tears, 2009: Giallo, 2011: Dracula 3D


Entamé la même année que Le Chat à 9 Queues, 4 Mouches de velours est le dernier volet de la trilogie animale débuté avec l'Oiseau au plumage de Cristal. Longtemps resté invisible en Dvd (faute de problèmes de droit), il n'était jusqu'à présent uniquement accessible sous diverses éditions Vhs au rabais. Enfin disponible sur support numérique, ce giallo mésestimé renaît de plus belle pour s'offrir une seconde jeunesse.

Un mélomane va être la cible d'un criminel perfide. Un mystérieux individu masqué est déterminé à lui faire croire qu'il est responsable du meurtre accidentel d'un quidam interlope. Après la nouvelle découverte du cadavre de sa domestique, le musicien décide d'engager un détective pour tenter de démasquer le tueur. 


Avec l'entremise d'une intrigue criminelle impartie au faux semblant d'une mise en scène emphatique et aux meurtres progressifs d'un stylisme raffiné, Dario Argento nous élabore une troisième fois un alibi animalier sous l'apparence énigmatique de 4 Mouches. C'est d'ailleurs uniquement vers son mémorable point d'orgue révélateur que notre héros pourra enfin démasquer le fameux assassin par l'entremise des insectes diptères. Une idée de génie astucieusement acheminée par la révolution d'un procédé technique apte à photographier la dernière image que la rétine d'un oeil a pu mémoriser avant de mourir.
Mais avant l'improvisation de cette divulgation étourdissante, illustrant de surcroît dans la séquence suivante une mise à mort accidentelle en slow motion du plus bel effet (score mélodique en sus !), Dario Argento nous aura vadrouillé au sein d'une investigation indécise parmi l'assistance de protagonistes excentriques (un détective homosexuel malhabile mais pour le coup perspicace, un facteur souffre-douleur et un pêcheur inopportun). Les diverses interludes pittoresques qui jalonnent l'intrigue ont de quoi décontenancer le spectateur, d'autant plus que l'adultère impartie entre le héros et la cousine de son épouse s'avère dénuée d'éthique. Elles permettent néanmoins d'égayer l'intrigue ou de déstabiliser la suspicion du spectateur tout en accentuant le caractère insolite de ce giallo émaillé de séquences-chocs incisives. Pour exemple, le meurtre de la domestique dans le jardin est sans doute le moment anxiogène le plus suffocant et expérimental dans ses ellipses temporelles ! (utilisation soudaine de l'obscurité dans une scénographie tentaculaire). Décors picturaux à l'architecture baroque (le théâtre désaffecté du prélude, le jardin labyrinthique, la vaste demeure du musicien), mise en scène stylisée dans ses cadrages alambiqués et science du suspense latent ne relâchent jamais la pression afin d'émettre une hypothèse sur l'assassin et ses réelles motivations. En prime, Dario Argento fait intervenir à multiples reprises une séquence de rêve particulièrement morbide dans la sentence attribuée à un condamné à mort. Une forme de prescience que le héros empli de culpabilité (il est persuadé d'avoir commis un meurtre !) va inconsciemment s'infliger avant de comprendre quel en était sa véritable signification (l'épilogue dramatique impliquant un accident mortel).


Inquiétant, angoissant, baroque et accessoirement loufoque, Quatre mouches de velours gris clôt sa trilogie animalière avec la même virtuosité technique et la dextérité de quelques idées étourdissantes (les motivations pathologiques du criminel, le procédé scientifique révélant un indice  imbitable !). La prestance attachante des comédiens (Michael Brandon et Mimsy Farmer, mais aussi Bud Spencer et Jean Pierre Marielle dans des rôles farfelus !), le score mélodique de Morricone et son point d'orgue anthologique renforcent assurément le capital séducteur de cet excellent giallo.

07.12.12. 3èx
Bruno Matéï 

TOP 10, 2012

$
0
0
1) Les Bêtes du Sud Sauvage

2) Take Shelter

3) De Rouille et d'Os

Bullhead


Killer Joe


BARBARELLA (Barbarella: Queen of the Galaxy)

$
0
0
                                                Photo empruntée sur Google, appartenant au site filmaffinity.com

de Roger Vadim. 1968. France/Italie. 1h38. Avec Jane Fonda, John Phillip Law, Anita Pallenberg, Milo O'Shea, Marcel Marceau, Claude Dauphin, Serge Marquand, David Hemmings, Ugo Tognazzi, Véronique Vendell.

Sortie salles France: 25 Octobre 1968. U.S: 10 Octobre 1968

FILMOGRAPHIE: Roger Vadim est un réalisateur, scénariste, comédien, romancier et poète français, né le 26 Janvier 1928 à Paris, décédé le 11 Février 2000.
1956: Et Dieu créa la femme. 1957: Sait-on jamais... 1958: Les Bijoutiers du clair de lune. 1959: Les Liaisons Dangereuses 1960. 1960: Et mourir de plaisir. 1961: La Bride sur le cou. 1962: Les 7 Pêchers capitaux. 1962: Le Repos du Guerrier. 1963: Le Vice et la Vertu. 1963: Château en Suède. 1964: Le Ronde. 1966: La Curée. 1968: Histoires Extraordinaires (sketch: Metzengerstein). 1968: Barbarella. 1971: Si tu crois Fillette. 1972: Hellé. (la Femme en grec). 1973: Don Juan 73. 1974: La Jeune fille assassinée. 1976: Une Femme Fidèle. 1980: Jeux Erotiques de Nuit. 1982: The Hot Touch. 1983: Surprise Party.


Production improbable compromise entre Dino De Laurentiis et Roger Vadim (célèbre réalisateur de Et Dieu créa la Femme), Barbarella est l'aberration cinématographique tirée de la célèbre bande-dessinée homonyme de Jean-Claude Forest. Co-produit entre la France et l'Italie, ce space opera coloré et festif dans ses décors hallucinés, son érotisme lubrique et ces Fx ringards, s'impartie (à l'instar de son compère Flash Gordon) d'un casting hétéroclite invraisemblable. Puisque l'on y croise Marcel Marceau, Claude Dauphin, David Hemmings, Ugo Tognazzi et surtout la célèbre pin-up Jane Fonda. C'est d'ailleurs par sa présence sensuelle de blonde iconique au haut pouvoir de sex-appeal que le film deVadim fait office de curiosité saugrenue, suscitant notamment un charme rétro polychrome.

En l'an 40 000, Barbarella est enrôlée par le président de la Terre pour retrouver Durand Durand, un savant en possession d'une arme destructrice, le Positron. Sur la planète Lithion, la guerrière des étoiles va rencontrer une civilisation amorphe au sein d'une population asservie par les agissements totalitaires d'une reine et de Durand Durand.



Comédie, érotisme soft et science-fiction se juxtaposent pour nous concocter un divertissement débridé, où le scénario risible et l'extravagance lourdingue des personnages accouchent d'un nanar foutraque, à consommer avec prudence selon l'humeur du jour. En effet, sa narration extrêmement faiblarde et surtout le caractère pittoresque de certains évènements ou situations (le dispositif masochiste de la machine à mourir de plaisir ou les effets corporels de la pilule de l'amour, les envolées aériennes de l'ange Pygar, la rencontre avec une tribu d'enfants sardoniques) rendent le spectacle gentiment divertissant pour peu que l'on soit indulgent à sa topographie destructurée. L'intérêt de Barbarella réside alors sur les rencontres impromptues que notre charmante héroïne va devoir établir pour retrouver la trace de Durand Durand. Régulièrement molestée par ses antagonistes de tous bords (une reine noire et un savant masochistes, des oiseaux agressifs et même des poupées patibulaires aux dents acérées) ou sujette aux avances sexuelles (archaïques ou virtuelles), Barbarella se retrouve incessamment ballottée d'un endroit à un autre par ses ennemis ou ses alliées (les insurgés contestataires). Cette couverture scénaristique est un frêle alibi afin de rendre plus attractive une aventure sidérale dépaysante, jalonnée entre autre de quelques batailles spatiales préfigurant celles de la série TV San Ku Kaï. Car si la flamboyance de sa richesse visuelle, la présence sexy de Jane Fonda (parfaitement à l'aise dans l'archétype fortuit d'une amazone preuse !) et le ton décalé de certaines situations cocasses laissent en éveil le spectateur déconcerté, la défaillance d'un réalisateur peu concerné par son projet accouche d'une oeuvre kitch profondément ringardisée.


Insupportable pour les uns, gentiment fun pour les autres, Barbarella est une production hybride à situer entre le nanar sensiblement ludique et le navet renfrogné à deux doigts de faire chavirer l'entreprise. A (re)découvrir d'un oeil distrait dans une humeur sans contrainte ou avec l'entremise de substance illicite. 

10.12.12. 2èx
Bruno Matéï


LE MAITRE DES ILLUSIONS (Lord of Illusions - Director's Cut)

$
0
0
                                     Photo empruntée sur Google, appartenant au site expertcomics.com

de Clive Barker. 1995. Angleterre. 2h05. Avec Scott Bakula, Famke Janssen, Barry Del Sherman, Ashley Cafagna-Tesoro, J. Trevor Edmond, Wayne Grace, Jordan Marder.

Inédit en salles en France. U.S: 25 Août 1995

FILMOGRAPHIEClive Barker est un réalisateur, écrivain, peintre, producteur et scénariste anglais, né le 5 Octobre 1952.
1973: Salome (court)
1978: The Forbidden (court)
1987: Hellraiser
1990: Cabal
1995: Le Maître des Illusions


Dernier film à ce jour du romancier Clive Barker, Le Maître des Illusions aura eu la déveine de ne pas pouvoir bénéficier d'une sortie hexagonale dans nos salles. En prime, alors que l'édition VHS française comportait la version intégrale du Director's cut, sa sortie Dvd se verra malencontreusement charcutée de plus de 14 minutes ! Enfin, pour parfaire l'infortune, le film aura notamment essuyé un bide commercial outre-atlantique.
A travers l'investigation assidue d'un détective privé contraint de côtoyer l'univers chimérique des illusionnistes, Clive Barker nous concocte un film fantastique fascinant jalonné d'éclairs de terreur cinglante. Ca commence fort avec un prologue bien malsain au cours duquel une communauté de fanatiques réfugiés en interne d'une cabane isolée s'extasient à subir l'allégeance d'un gourou adepte de forces occultes de la magie noire. Mais un groupe d'insurgés régi par l'adversaire Swann décide de mettre un terme à cette mascarade pour assassiner leur ancien oracle et libérer une adolescente prise en otage. 13 ans plus tard, un détective privé va se retrouver mêlé à fréquenter l'univers des illusionnistes sous l'entremise de Swann, devenu en l'occurrence le plus notable des magiciens. Mais en pleine retransmission d'un spectacle, le prestidigitateur succombe de manière accidentelle à ces blessures lors d'un tour de magie particulièrement macabre.


Bienvenu dans l'univers surréaliste de Clive Barker de nouveau exposé à adapter l'un de ses propres romans pour transcender un spectacle d'onirisme macabre et de magie noire. Sous l'autorité sectaire d'un gourou adepte d'une éthique maléfique, le réalisateur nous élabore une vertigineuse descente aux enfers où l'enquête policière et le surnaturel se conjuguent avec une dextérité plutôt inattendue.
Dans une ambiance glauque et malsaine où la fascination morbide occupe une place de choix pour singer une réalité illusoire, Le Maître des Illusions nous décrit le portrait marginal d'antagonistes fanatisés par l'injonction divine. Un séminaire mystique convaincu que la vie n'est qu'un amas de chair putride et que l'au-delà est une délivrance afin de s'extasier dans la plénitude d'une solitude indolore.
Avec la bonhomie rassurante d'un détective assidu, (campé avec audace par un Scott Bakula compromis au genre horrifique !), Clive Barker nous immerge sans réserve en interne d'un monde occulte où magiciens interlopes et démons innommables s'opposent pour préserver leur propre doctrine. A travers cet affrontement escompté entre deux magiciens férus de pouvoirs surnatuels, le réalisateur nous énonce avec fougue une réflexion métaphysique sur l'illusion de l'existence, sur la foi divine et l'emprisonnement corporel de notre chair.


La chair et un piège et la magie peut nous en libérer
Jeu d'illusion où l'horreur tente de s'emparer de la banalité de l'existence, fusion de mystère et de fascination baignant dans un climat glauque et malsain, Le Maître des Illusions est notamment exacerbé par la présence iconique d'un nouvel archétype du Mal, Nix ! Campé par l'impressionnant Daniel Von Bargen, l'acteur extériorise avec une aisance hallucinée une véritable emprise démoniaque dans sa corruption à l'idéologie annihilante. Pour mettre en exergue la démesure de ses pouvoirs diaboliques ainsi que ses exactions meurtrières impassibles, nous ne sommes pas prêt d'oublier le point d'orgue apocalyptique où l'inventivité morbide déploie des images cauchemardesques incongrues (les corps martyrs des adeptes encastrés dans le sol argileux, le caractère homérique du sanglant duel Nix/Swann !). 
En résulte une perle horrifique particulièrement finaude dans sa richesse narrative et au pouvoir de fascination particulièrement prégnant. 

11.12.12. 3èx
Bruno Matéï


GREMLINS

$
0
0
                              Photo empruntée sur Google, appartenant au site lecritiqueurfou.blogspot.com

de Joe Dante. 1984. U.S.A. 1h30. Avec Zach Galligan, Phoebe Cates, Hoyt Axton, Frances Lee McCain, Polly Holliday, Glynn Turman, Dick Miller, Scott Brady.

Sortie salles France: 5 Décembre 1984. U.S: 8 Juin 1984

FILMOGRAPHIEJoe Dante (né le 28 novembre 1946 à Middletown, New Jersey) est un critique, scénariste, monteur, producteur et réalisateur américain. Son plus grand succès populaire est, à ce jour, Gremlins (1984).
1966-1975 : The Movie Orgy 1976 : Hollywood Boulevard, co-réalisé avec Allan Arkush 1978: Piranhas,1981 : Hurlements (The Howling) 1983 : La Quatrième Dimension (Twiling Zone the Movie), troisième épisode, Its a Good Life 1984 : Gremlins 1985 : Explorers 1987 : Cheeseburger film sandwich (Amazon Women on the Moon), 5 sketches 1987 : L'Aventure intérieure, 1989 : Les Banlieusards (The 'burbs) 1990 : Gremlins 2, la nouvelle génération (Gremlins 2 The New Batch) 1993 : Panic sur Florida Beach (Matinee) 1998 : Small Soldiers 2003 : Les Looney Tunes passent à l'action (Looney Tunes : Back in Action) 2006 : Trapped Ashes , premier segment,Wraparound. 2009:   The Hole.


Plus grand succès populaire de l'illustre carrière de Joe Dante, Gremlins est l'un de ses petits films miraculeux dans sa conception originale d'un habile dosage de frissons ludiques et d'émerveillement. Avec la collaboration de Steven Spielberg en tant que producteur exécutif, nos deux compères nous ont négocié un conte de noël horrifique rehaussé d'un humour sardonique totalement débridé ! Car il fallait oser pratiquer autant de dérision macabre et de subversion politiquement incorrecte dans une production estampillée Spielberg, destinée avant tout à un public conformiste !

Dans une petite contrée des Etats-Unis, une armée de Gremlins sème la terreur le soir de Noël. Un jeune garçon et son amie vont tenter de mettre un terme à cette folie incontrôlée. 


A partir de ce canevas simpliste mais d'une efficacité imparable, Joe Dante nous élabore une énorme farce macabre afin de désacraliser la célébration (mielleuse) de Noel. Bourré de clins d'oeil et d'hommages aux classiques du cinéma fantastique (l'Invasion des profanateurs de Sépulture, Blanche Neige et les 7 nains, Planète Interdite, Dr Jekyll et Mr Hyde, le Cauchemar de Dracula,mais aussi E.T, Indiana Jones et bien d'autres encore !), Joe Dante emprunte quelques idées à ces oeuvres antécédentes pour nous agrémenter un diabolique divertissement. Si de prime abord, Gremlins séduit le spectateur par son sens du merveilleux avec l'entrée en scène du personnage candide de Mogwai, sa métamorphose hybride, compromise par l'inattention du citoyen moderne, va engendrer une résurrection de diablotins farceurs ! A partir du moment où ces fameux Gremlins prolifèrent en nombre grâce à l'effet nuisible de l'eau, le conte de fée timoré se transforme en sarabande horrifique sous les exactions cruelles de petits monstres arrogants ! Souvent hilarant dans ces séquences d'anthologie que l'on connaît par coeur (l'assiègement des monstres au sein de la ville en état d'alerte, leur beuverie dans le bar, la séance comble de Blanche Neige et les 7 Nains dans une salle de ciné et son final homérique en interne d'un magasin de jouets), Joe Dante n'hésite pas pour autant à provoquer une cinglante terreur quand par exemple la maman de Billy est contrainte de se défendre seule dans sa cuisine contre un groupe de gremlins. Ou quand le père-noël traditionnel se retrouve sévèrement agressé par ces monstres agrippés à son échine ! En prime, pour mettre en exergue le côté horrifiant de cette invasion terroriste, il insère notamment une certaine dimension tragique envers la cantique de Noël. C'est ce que Kate va finalement avouer à son compagnon Billy pour lui narrer de quelle manière accidentelle son paternel déguisé en père-noel s'est retrouvé piégé dans la cavité d'une cheminée pour surprendre sa famille un soir de réveillon.
En dehors de son esprit cartoonesque et sa verve insolente qui imprègne tout le récit, Joe Dante aborde en sous texte social une réflexion écologique sur la responsabilité parentale et sa négligence à provoquer diverses catastrophes au dépit des bienfaits de la nature.


Inventif en diable, hilarant dans son ironie sournoise mais aussi imprégné de merveilleux et de féerie, Gremlins reste le classique de Noël décomplexé par une insolence gouailleuse bafouant les règles traditionnelles de la bienséance. Mené à un rythme effréné et interprété avec aisance naturelle par ces deux interprètes juvéniles (Zach galligan et Phoebe Cates se révèlent très attachants dans leur pureté innocente), Gremlins réussit à transcender les altérations du temps par une nuance d'originalité plutôt audacieuse. 

12.12.12. 5èx
Bruno Matéï


LES WEEK-ENDS MALEFIQUES DU COMTE ZAROFF. Médaille d'Argent à Sitges, 1977

$
0
0
                               Photo empruntée sur Google, appartenant au site cinemadequartier.over-blog.com

de Michel Lemoine (Michel Leblanc). 1976. France. 1h25. Avec Michel Lemoine, Howard Vernon, Joëlle Coeur, Martine Azencot, Sophie Grynholc, Robert Icart, Stéphane Lorry, Patricia Mionet.

Classé X, interdit au moins de 18 ans et banni des écrans français

Récompense: Médaille d'Argent au Festival du film Fantastique de Sitges, 1977.

FILMOGRAPHIE: Michel Lemoine (Michel Charles Lemoine) est un acteur et réalisateur français, né le 30 Septembre 1922 à Pantin (Seine-Saint-Denis).
1970: Comme il est court le temps d'aimer (co-réalisateur, non crédité). 1972: Les Désaxés. 1973: Les Chiennes / Le Manoir aux Louves. 1973: Les Confidences Erotiques d'un lit trop accueillant. 1974: Les Petites Saintes y touchent. 1976: Les Week-ends maléfiques du Comte Zaroff. 1978: Excitation au soleil / Viens, je suis chaude. 1978: Cuissardes. 1978: Tire pas sur mon collant. 1978: Langues Profondes. 1979: Viens, je suis chaude. 1980: Contes Pervers / les Filles de madame Claude (co-réalisateur). 1981: l'Amour aux sports divers / Alice... tu glisses. 1982: Desire under the sun. 1983: Ardeurs d'été. 1984: Neige brûlante. 1984: Rosalie se découvre / l'Initiation de Rosalie / Rosalie, ou la débauche d'une adolescente. 1984: La Maison des mille et un plaisirs. 1984: Mobilhome girls. 1985: Je t'offre mon corps. 1985: Marilyn, mon amour. 1986: Echange de femmes pour le week-end / Hot Desire. 1986: l'Eté les petites culottes s'envolent / Prenez moi ! / Flying Skirts. 1986: Le Retour de Marilyn. 1987: l'île des jouissances sauvages / Honeymoon in Paradise / l'île des jouissances perverses / Voluptés aux Canaries. 1987: La Déchaînée / Slips fendus et porte-jaretelles / Forbidden Pleasures. 2010: La Vierge au pays des trolls / String tendus et plaisirs Perdus / Lost Pleasures.


Unique incursion dans le fantastique d'un réalisateur lucratif compromis à l'érotisme et au porno hardcore, Les Week-ends maléfiques du Comte Zaroff n'eut même pas les honneurs d'une exploitation en salles puisqu'il fut purement et simplement interdit de diffusion pour cause d'incitation au meurtre !!! Classifié X, le film sera tout de même distribué en vidéo 3 ans après sa sortie célébrée à Sitges où il repart avec une médaille d'argent au festival ibérique du film fantastique. Exploité à l'étranger sous le titre Seven Women for Satan et parfois diffusé dans l'hexagone sur les chaines câblées, les amateurs de nanars atypiques ne se sont jamais vraiment remis de cette expérience onirique, vaguement influencée par les braconnages du célèbre comte Zaroff.


Boris Zaroff, un châtelain nanti, occupe ses week-ends à kidnapper de jeunes filles égarées sous l'assistance de son majordome, Karl et d'un dog allemand. Hanté par la mort de son ancienne maîtresse, Anne De Boisreyvault, le comte esseulé est quotidiennement victime d'hallucinations et de pulsions meurtrières. De surcroît, le père de Karl semble avoir une emprise diabolique sur le château. 


Ovni franchouillard honteusement boycotté par le comité de censure de l'époque (on se demande encore pour quelle raison équitable ?), Les Week-ends maléfiques du Comte Zaroff s'avère une denrée incongrue dans son aura fantasmatique prégnante. A travers les délires érotico-morbides d'un châtelain partagé entre ses pulsions délétères et sa hantise d'un amour perdu, l'oeuvre de Michel Lemoine nous entraîne dans une sorte de trip expérimental dénué de raisonnement. Un poème charnel où les corps ardents des filles dévêtues se délectent d'apathie quand ils ne sont pas violés, molestés ou torturés par les exactions d'un comte névrosé.
Traversé d'images baroques où l'architecture gothique du manoir insuffle un esthétisme pictural dans son jeu d'ombres et de lumières incandescentes, Michel Lemoine accorde un soin évident à émailler son atmosphère diaphane, accentuée par la beauté naturelle de sa campagne isolée et d'un cimetière funèbre. Si ce poème cynique parfois hilarant (le couple impassible, assujetti à la torture de l'amour) provoque autant d'enthousiasme chez l'amateur de nanar hermétique, il est en prime scandé par le score d'une mélodie entêtante composée par Guy Bonnet. L'aspect amateuriste des comédiennes juvéniles pourvues d'un joli minois insuffle à leur personnage une bonhomie toute naïve. Mais la palme de la prestance impayable en revient à nos deux protagonistes hautains, propriétaires du château maléfique et d'un dog pur-sang. Dans le rôle du majordome interlope, Howard Vernon traîne sa dégaine d'une manière hagarde et monolithique alors que dans celui du comte névralgique, Michel Lemoine vampirise l'écran par son regard d'ahuri transi d'émoi !


Danse macabre
Avec sa narration sporadique dénuée de vraisemblance, ses comédiens excentriques, son érotisme polisson, sa musique psychédélique et ses images graciles, Les Week-ends maléfiques du Comte Zaroff est un oeuvre saugrenue où la frénésie irréelle s'empare tranquillement de l'esprit du spectateur. Il en ressort de ce rêve onirique l'impression tangible d'avoir assisté à une sorte d'illusion surnaturelle où notre conscience n'avait plus de raison d'être. A voir absolument pour les amateurs de curiosité atypique inscrite dans la débrouille du système Z. 

13.12.12. 2èx
Bruno Matéi


L'ILE MYSTERIEUSE (Mysterious Island)

$
0
0
                                      Photo empruntée sur Google, appartenant au site filmfestamiens.org

de Cy Endfield. 1961. Angleterre/U.S.A. 1h41. Avec Michael Craig, Joan Greenwood, Michael Callan, Gary Merrill, Herbert Lom, Beth Rogan.

Sortie salles France: 1962. U.S: 20 Décembre 1961

FILMOGRAPHIE SELECTIVE: Cy Raker Endfield (10 Novembre 1914 - 16 Avril 1995) est un réalisateur, scénariste, écrivain, magicien et inventeur américain, établi en Grance Bretagne depuis 1953.
1955: The Secret. 1956: Les Aventures du Colonel March. 1956: Child in the house. 1957: Train d'Enfer. 1958: Sea Fury. 1959: Jet Storm. 1961: l'Île Mystérieuse. 1963: Hide and Seek. 1964: Zoulou. 1965: Les Sables du Kalahari. 1969: Le Divin marquis de Sade. 1971: Universal Soldier.


L'île mystérieuse est la troisième adaptation cinématographique du roman homonyme de Jules Vernes entreprise par la discrétion d'un réalisateur peu connu du public.

Des prisonniers de la guerre de sécession réussissent à s'évader par l'entremise d'un ballon dirigeable. Emportés par les vents violents, il échouent sur une mystérieuse île peuplée de monstres gigantesques. Mais l'arrivée fortuite de pirates ainsi qu'une éruption volcanique vont davantage compromettre la survie de nos pèlerins.


Récit d'aventures fantastiques fertile en péripéties auquel une poignée de survivants doivent se mesurer à l'hostilité d'une bande de pillards et de créatures animales, avant de s'allier avec un capitaine pacifiste, L'île mystérieuse nous insuffle un délicieux parfum rétro. Avec l'accord musical d'un mélomane notoire (Bernard Herrmann, s'il vous plait !), la flamboyance de son technicolor et l'assistance d'un génie des effets spéciaux élaborés en stop motion (Ray Harryhausen), Cy Endfield nous renvoie à une époque révolue où le fantastique et l'aventure se télescopaient pour l'allégeance d'une oeuvre artisanale. Un spectacle familial un brin naïf dans les agissements indécis de héros primitifs, mais à la spontanéité vigoureuse pour les nombreuses vicissitudes déployées. Au sein d'un environnement insulaire à l'inquiétude sous-jacente, nos rescapés vont donc se confronter à l'arrivée aléatoire d'autres naufragés et tenter de refonder ensemble un semblant de vie plus confortable. Durant leur périple, ils vont découvrir une végétation sauvage particulièrement insolite mais aussi des lieux inquiétants repérés au sein d'une grotte souterraine, dans l'antre d'une ruche géante, sous les flots d'une ville engloutie ou à proximité d'une montagne volcanique. L'ingérence d'une bande de pirates et les diverses offensives octroyées avec un crabe, une poule et une abeille atteints de gigantisme vont être leurs enjeux les plus alarmistes. Une fois de plus, Ray Harryhausen accomplit des prodiges pour tenter de nous faire croire que nos animaux familiers sont en l'occurrence atteints d'une taille disproportionnée ! Exit donc le bestiaire mythologique tributaire des aventures de Sinbad, Jason ou Persée, le réalisateur optant ici pour un fantastique rationnel plus en phase avec notre réalité contemporaine.


Avec un sens du merveilleux et le caractère haletant des nombreuses péripéties allouées à nos Robinsons vaillants, l'île mystérieuse affiche un charme obsolète au pouvoir attractif toujours aussi probant. Son esthétisme rutilant imparti au technicolor, la présence magnétique d'Herbert Lom, le score orchestral aux cuivres imposants de Bernard Herrmann et la magie des FX animés par Ray Harryhausen agrémentent sans esbroufe ce classique hérité de Jules Vernes

17.12.12. 3èx
Bruno Matéï


LE HOBBIT: un voyage inattendu (The Hobbit)

$
0
0

                                          Photo empruntée sur Google, appartenant au site hobbitmovienews.com

de Peter Jackson. 2012. 3h05. Avec Martin Freeman, Ian McKellen, Benedict Cumberbatch, Richard Armitage, Andy Serkins, Cate Blanchett, Christopher Lee, Hugo Weaving, Elijah Wood, Graham McTavish.

Sortie salles France: 12 Décembre 2012. U.S: 14 Décembre 2012

FILMOGRAPHIE: Sir Peter Robert Jackson est un réalisateur, producteur et scénarise néo-zélandais, né le 31 Octobre 1961 à Pukerua Bay, North Island (Nouvelle-Zélande).
1987: Bad Taste. 1989: Les Feebles. 1992: Braindead. 1994: Créatures Célestes. 1995: Forgotten Silver. 1996: Fantômes contre fantômes. 2001: Le Seigneur des Anneaux. 2002: Les Deux Tours. 2003: Le Retour du Roi. 2005: King-Kong. 2009: Lovely Bones. 2012: Le Hobbit: un voyage inattendu. 2013: Le Hobbit: la Désolation de Smaug. 2014: Le Hobbit: Histoire d'un aller et retour.


11 ans après sa légendaire trilogie des anneaux, Peter Jackson renoue avec l'héroïc fantasy de J. R. R. Tolkien pour nous narrer cette fois-ci une chasse au trésor préalablement survenue 60 ans avant la découverte de l'anneau !

Un soir, Bilbon Sacquet, paisible hobbit, est recruté par treize nains et le magicien Gandalf. Afin de récupérer l'or d'une forteresse gardé par un dragon, nos valeureux héros vont devoir traverser un périple semé d'embûches et d'antagonistes belliqueux pour accéder à la montagne solitaire.


De prime abord, si certains spectateurs auront à reprocher son côté puéril et conciliant, le roman originel rédigé à la fin des années 20 et au début des années 30 n'avait d'autre but que de divertir les enfants du célèbre romancier. Il s'agit donc d'un prélude à l'univers cher de l'écrivain, une première oeuvre explorant l'univers de la Terre du Milieu. Son succès fut d'ailleurs si fructueux qu'une suite, le Seigneur des anneaux, fut rapidement mise en chantier.
Ode à l'altruisme inscrit dans les valeurs de la fraternité et à l'autonomie de pouvoir transcender sa routine usuelle, initiation au courage, au goût du risque pour accéder à l'ultime victoire, Le Hobbit est une odyssée fantastique vu à travers la personnalité d'un paisible pèlerin. Un individu vertueux entraîné malgré lui par la main d'un cortège de nains à l'esprit d'équipe et d'héroïsme empli de frénésie. A la manière de son remake King-kong, Peter Jackson s'alloue d'une générosité sans égale pour nous illustrer avec bravoure une quête au trésor rempli d'aventures échevelée et d'action homérique. Que ce soit les attaques récurrentes des orques belliqueux, la traversée inquiétante d'une forêt empoisonnée, la première rencontre avec le schizophrène Gollum (dépouillé de son anneau invisible !), l'altercation des hommes de pierre, l'apparition du nécromancien et surtout le repère de l'antre des Trolls. Si la première partie pittoresque laisse présager une aventure futile plutôt attendrissante dans son humour bon enfant, la suite des enjeux se révèle beaucoup plus intense et captivante pour nos héros compromis aux rixes d'antagonistes toujours plus pugnaces et sanguinaires. A ce titre, la dernière heure étourdissante de vigueur épique laisse place à de furieux moments de bravoure proprement anthologiques sous la caméra virtuose d'un Peter Jackson totalement maître de son art !


Chaque protagoniste qui empiète le récit s'avère attachant dans leur sens de camaraderie, leur crainte d'échouer mais aussi et surtout leur entrain à combattre sans abdiquer des rivaux sans vergogne. Leurs ennemis patibulaires remplis de haine et de fiel sont caractérisés par des êtres monstrueux toujours aussi charismatiques dans leur physionomie fétide. Mention spéciale à la créature Gollum, encore plus impressionnante dans son réalisme famélique, et au chef ventripotent des Trolls, immonde leader plein d'orgueil et de gouaille insolente. Mais le personnage le plus attrayant s'avère sans nulle doute Bilbon Sacquet, incarné par l'excellent Martin Freeman. A travers son personnage indécis épris de contrariété pour s'engager dans une guerre sempiternelle et fuir la sérénité du cocon douillet, l'acteur laisse exprimer une capacité exutoire à réprimer les affres de l'angoisse pour mieux présager une singulière destinée.
Visuellement splendide dans ses immenses décors de paysages édéniques ou de contrées maléfiques et déployant avec une évidente générosité des séquences d'action gargantuesques (la bataille cinglante dans l'antre des Trolls), Peter Jackson réussit une fois de plus à enchanter sans fioriture le spectateur ayant su préserver son âme d'enfant. 


En dépit d'un petit air de déjà vu, Bilbo Le Hobbit est suffisamment flamboyant, homérique et magique dans son sens du divertissement prodige pour contenter les plus réfractaires à cette nouvelle trilogie. S'il n'atteint pas le lyrisme, la grâce et la sombre densité du Seigneur des Anneaux, il véhicule néanmoins un pouvoir de fascination prégnant au cours des vicissitudes incessantes allouées à nos petits héros indéfectibles ! Grandiose, émotif et purement divertissant !

18.12.12
Bruno Matéï

SOUS LA VILLE (W ciemnosci / In Darkness)

$
0
0
                                       Photo empruntée sur Google, appartenant au site pariscine.com

de Agnieszka Holland. 2011. Pologne/Allemagne/Canada. 2h24. Avec Robert Wieckiewicz, Benno Fürman, Agnieszka Grochowska, Herbert Knaup, Maria Schrader, Kinga Preis.

Sortie salles France: 19 Octobre 2012. U.S: 2 Septembre 2011. Pologne: 5 janvier 2012

Récompense: Meilleure Réalisatrice au Festival International de Valladolid

FILMOGRAPHIEAgnieszka Holland est une réalisatrice née le 28 Novembre 1948 à Varsovie.
1980: Acteurs provinciaux. 1985: Amère Récolte. 1988: Le Complot. 1990: Europa, Europa. 1992: Olivier, Olivier. 1993: Le Jardin Secret. 1995: Rimbaud Verlaine. 1997: Washington Square. 2001: Golden Dreams. 2002: Julie Walking Home. 2006: Copying Beethoven. 2011: Sous la Ville.


Avec son nouveau long-métrage, la réalisatrice polonaise Agnieszka Holland relate l'histoire vraie d'un contrebandier qui tenta de sauver de l'épuration nazie 12 Juifs en les abritant dans les égouts de la ville polonaise de Lvov en 1944.
Film fleuve d'une durée de 2h24, Sous la Ville tente de nous décrire sans aucun misérabilisme et encore moins de complaisance la survie d'une poignée de juifs (hommes, femmes et enfants) plongés dans l'opacité des égouts urbains. Après avoir creusé un trou dans le sol de leur demeure, plusieurs familles décident de rejoindre les conduits souterrains afin d'éviter les exécutions en masse perpétrées par les soldats nazis. C'est à ce moment fatidique qu'un employé municipal va les surprendre. Pour protéger leur vie ainsi que la sienne, il décide de leur réclamer une taxe quotidienne en guise de nourriture et d'eau. Véritable enfer souterrain plongé dans la moiteur des eaux fétides et des rongeurs sauvages, ces rescapés vont devoir rester cloîtrés dans les ténèbres durant plusieurs mois en espérant échapper au génocide.


De manière implacable et avec réalisme abrupt, ce témoignage édifiant sur les horreurs du génocide juif et la bravoure qui s'ensuit d'un prolétaire cupide, peine malgré tout à retransmettre une authentique empathie pour chacun des témoins démunis. Son climat lourd et austère puis l'antipathie impartie au personnage vaillant (devenu héros malgré lui) suscite une certaine frustration chez le spectateur circonspect. D'autant plus que le rythme sporadique n'évite pas la redondance dans les agissements risqués d'un protecteur indécis mais épris de compassion pour la misère humaine. Ces incessants va et vient entre la clarté des extérieurs urbains et l'obscurité des égouts nauséeux nous suscite une certaine irritation, faute du manque d'intensité conférée aux enjeux dramatiques. Pourtant, hormis ces défauts précités et surtout la défaillance d'une narration assez désordonnée, on ne peut qu'éprouver une certaine émotion face la condition précaire de ces rescapés faméliques et insalubres, totalement isolés du monde extérieur. A travers ce douloureux calvaire intenté aux juifs durant le régime nazi, la réalisatrice souhaite notamment rendre hommage à l'héroïsme d'un quidam insidieux. Un employé individualiste mais davantage gagné par l'humilité pour tenter d'extraire de l'enfer des innocents envoyés en bûcher.


Hormis ses défaillances allouées au rythme irrégulier et à l'austérité des interprètes, Sous la ville reste néanmoins un drame poignant jalonné de moments forts dans son climat anxiogène régi par l'Allemagne du 3è Reich. D'autant plus que sa dernière partie, haletante et déterminante, provoque une émotion vigoureuse chez le spectateur lamenté. Ne serait ce que pour le caractère authentique de cette page historique impartie à la cause juive, Sous la ville mérite d'être découvert avec intérêt et considération.

18.12.12
Bruno Matéï

ATTENTION SPOILER !!!
"Les juifs de socha" passèrent 14 mois dans les égouts de Lvov. Le 12 Mai 1946, Leopold Socha fut tué en protégeant sa fille d'un camion de l'armée russe hors de contrôle. A ses funérailles, quelqu'un a dit: "Dieu l'a puni pour avoir aidé les juifs". Comme si nous avions besoin de Dieu pour se punir les uns les autres. Plus tard, Krystyna Chigerécrivit ses mémoires, "la fille au chandail vert" publiés en 2008. Krystyna et les autres survivants fuirent Lvov, alors en Union Sovétique, pour se réfugier en Israel, en Europe et aux Etats-Unis. Leopold et Wanda (Magdalena) Socha figurent parmi les 6000 polonais honorés par Israel en tant que Justes parmi les nations. Ce film est dédié à chacun d'entre eux.
FIN DU SPOILER


MASKS. Prix du Public au Festival de Paris 2011.

$
0
0
                                   Photo empruntée sur Google, appartenant au site blogomatic3000.com

de Andreas Marschall. 2012. Allemagne. 1h52. Avec Susen Ermich, Magdalena Ritter, Julita Witt, Stefanie Grabner, Sonali Wiedenhöfer, Michael Siller.

Sortie salles Allemagne: 13 Avril 2012

Récompenses: Prix du Public au Festival International du film de Paris, 2011
Prix Ciné + Frisson au Festival International du film de Paris, 2011

FILMOGRAPHIE: Andreas Marschall est un réalisateur, scénariste, acteur et directeur de photo allemand.
2004: Tears of Kali
2012: Masks


Après l'expérimental Amer, originaire de Belgique, c'est au tour de l'Allemagne d'emprunter le même schéma hermétique avec Masks, giallo très influencé par l'univers de Suspiria auquel il émaille l'intrigue de multiples références (tonalité baroque d'une école pernicieuse, directrice patibulaire, esthétisme criard, demoiselles droguées et soumises, rituel de meurtres acérés, partition mélodique).

Une jeune comédienne novice arrive dans une école de théâtre pour tenter de décrocher un rôle majeur. Mais un mystérieux tueur sème la mort auprès de la gente féminine. Stella va apprendre que dans ce même établissement, des interprètes se sont autrefois suicidés sous l'allégeance d'un enseignant masochiste.


Photo saturée de nuances azurs et carmins, sauvagerie de meurtres stylisés, atmosphère aussi trouble que feutrée, personnages interlopes régis par une force diabolique, mise en scène épurée. Il n'y a pas de doute, nous sommes bien en présence d'un hommage horrifico-fantastique à l'illustre Suspiria, auquel le giallo s'y serait notamment introduit par la porte d'une serrure bloquée. Si l'intrigue absconse, volontairement décousue, peut rapidement irriter le spectateur, impliqué malgré lui dans un cauchemar diaphane, l'atmosphère anxiogène palpable et le pouvoir sensuel émanant de la présence timorée de Stella réussissent néanmoins à nous envoûter. Sorte de Black Swan immergé dans du vitriol où une comédienne se retrouve assujettie par une direction délétère, Masks nous dévoile sournoisement un jeu de duperie et de provocation ou l'émotion et le sang s'approprient d'un rôle substantiel !


En manipulateur indocile, Andreas Marschall use et abuse d'un canevas tortueux pour semer doute et  confusion auprès d'une héroïne droguée, compromise à déployer ses talents de comédienne pour mieux se parfaire à "la méthode". Une démarche morbide qui avait été enseigné par un gourou mystique au cours duquel chacun de ses élèves étaient contraints de décupler leurs émotions sous l'emprise d'une drogue hallucinogène. Une manière extravagante de pouvoir transcender leur jeu d'acteur emphatique ! Quarante ans plus tard, voilà qu'une mystérieuse porte cadenassée renferme un terrible secret auquel Stella va tenter d'affranchir pour découvrir l'ultime vérité ! Et quelle vérité ! Le point d'orgue macabre culminant sa déchéance morale vers une idéologie malsaine où le vampirisme adopte une politique séculaire. Pendant tout ce temps, quelques témoins gênants auront la déveine de périr égorgés ou transpercés d'une arme blanche, gros plans explicites à l'appui ! Mystère tangible, inquiétude oppressante, érotisme charnel, visions cauchemardesques se combinent au rythme d'un score entêtant. En dépit de sa structure tarabiscotée, Masks insuffle à rythme régulier une attention croissante avant de nous ébranler par l'implacable vérité !


Métaphore sur l'ambition artistique liée à l'improvisation, réflexion sur l'affres de l'échec, jeu de miroir où le mal tente de dévisager le masque de l'apparence en dévorant nos émotions, Mask multiplie les références argentesques tout en élaborant une intrigue originale finalement étonnante. Esthétiquement raffiné, violemment gore et pourvu d'un romantisme saphique (la relation homo entre stella et son amie), cet exercice de style suscite interpellation et séduction, même si sa narration désordonnée aurait mérité à être plus accessible. A revoir rapidement pour en saisir toute sa richesse thématique mais à réserver à un public  prémédité, au risque d'en égarer en chemin. 

19.12.12
Bruno Matéï



BARBE BLEUE (Bluebeard)

$
0
0
                                                                       Photo offerte pas Ciné-Bis-Art

de Edward Dmytryk et Luciano Sacripanti. 1972. U.S.A. 2h05. Avec Richard Burton, Raquel Welch, Virna Lisi, Nathalie Delon, Marilù Tolo, Karin Schubert, Agostina Belli, Sybil Danning, Edward Meeks, Jean Lefebvre, Mathieu Carrière.

Sortie salles France: 3 Mai 1973. U.S: 1er Septembre 1972

FILMOGRAPHIEEdward Dmytryk est un réalisateur américain, né le 4 Septembre 1908 à Grand Forks, Colombie-Britannique (Canada), décédé le 1er Juillet 1999 à Encino (Californie).
1940: Golden Gloves. 1941: The Devil Commands. 1943: Les Enfants d'Hitler. 1943: Face au soleil levant. 1946: Jusqu'à la fin des temps. 1954: Ouragan sur le Caine. 1954: La Lance Brisée. 1955: La Main Gauche du Seigneur. 1956: La Neige en Deuil. 1958: Le Bal des Maudits. 1959: l'Homme aux Colts d'or. 1966: Alvarez Kelly. 1968: Shalako. 1972: Barbe Bleue. 1975: La Guerre des Otages. 1979: Not Only Strangers.
Luciano Sacripanti est le réalisateur d'un unique film: Barbe Bleue.


Enième adaptation cinématographique du célèbre conte de Charles Perrault, Barbe Bleue est une comédie noire co-réalisée par le briscard Edward Dmytryk et le novice Luciano Sacripanti. Avec une distribution éclatante de stars notoires déployant un défilé de demoiselles voluptueuses (Raquel Welch, Virna Lisi, Nathalie Delon, Marilù Tolo, Karin Schubert, Agostina Belli et Sybil Danning !), cette semi-parodie du célèbre personnage créé en 1697 est une merveille d'ironie macabre.


Véritable ballet érotique de donzelles extraverties, assujetties à un misogyne impuissant, Barbe Bleue s'érige en farce saugrenue dont l'attrait esthétique flamboyant contraste avec les corps extatiques. Dans l'antre d'un immense château rempli de pièces monochromes alternant l'azur et le carmin, une jeune épouse en instance d'exécution écoute les vicissitudes meurtrières d'un mari subordonné aux conquêtes extravagantes. Ancien héros de guerre respecté mais xénophobe, il est accoutré d'une barbe bleue afin de masquer ses cicatrices. Avec un concours de circonstances liées à la déveine, cet individu hautain à la mine renfrognée multiplie les mariages avec d'élégantes potiches dérisoires. Mais dès qu'il s'agit de passer à l'acte sexuel, Barbe Bleue se défile de la couette par frustration névrosée, faute d'une affection amoureuse pour sa mère décédée. Son cadavre embaumé est d'ailleurs préservé sous les soins d'une gouvernante sexagénaire. C'est donc au moment fatal de la copulation qu'il décide de supprimer sa dulcinée.
Anne, sa dernière épouse, est sur le point de vivre ses dernières heures parce qu'elle aura eu la malchance de pénétrer à l'intérieur d'une pièce secrète occultant les cadavres de son époux. Apeurée mais éprise d'un flegme courageux, la jeune femme va tenter de le dissuader à l'assassiner.


Comédie horrifique, érotisme sensuel et suspense progressif se télescopent adroitement dans cette version cynique du mythe de Barbe Bleue, incarné en l'occurrence par le monstre sacré Richard Burton. Tour à tour inquiétant, sinistre et austère, l'acteur véhicule une prestance orgueilleuse dans ses ambitions conjugales vouées à la beauté corporelle de filles ingénues. Mais sa pathologie mentale compromise à l'inhibition sexuelle lui extériorise soudainement des exactions meurtrières misogynes afin de masquer sa propre honte. Avec un humour lubrique mais aussi une cocasserie parfois hilarante (Agostina Belli, impassible devant la découverte du cadavre momifié de la mère !), les deux réalisateurs nous concoctent une comédie érotique en forme de sketchs, où les femmes les plus radieuses (et les plus niaises !) composent des numéros de potiches totalement farfelues. Que ce soit la nonne reconvertie, la garçonne masochiste, la bonimenteuse inculte, la chanteuse aguicheuse, l'amoureuse dépitée ou la juvénile flâneuse ! Seule, la dernière épouse, Anna, (superbement campée par Joey Heatherton) réussit à tirer son épingle du jeu dans sa spontanéité persuasive et sa docilité à amadouer un tueur en série intraitable ! Il faut impérativement saluer le jeu espiègle de chacune des comédiennes déployant avec fougue communicative des comportements insolents sous une apparence dévêtue emplie de sensualité. Jalonné de meurtres inventifs au sein d'un château rempli de pièces gothiques et d'instruments de torture (la fameuse chaise électrique !), Barbe Bleue se savoure en farce lubrique rehaussée d'un suspense en nette ascension ! (point d'orgue vertigineux dans son caractère haletant !).


Sorti depuis peu en dvd chez Bach Films (ou disponible également en version intégrale sur certains sites du net), Barbe Bleue est un bijou d'humour noir où l'érotisme charnel des actrices exacerbe toujours plus les névroses pathologiques d'un châtelain acariâtre. A (re)découvrir de toute urgence pour les amateurs de facétie mortuaire, d'autant plus que le score épuré de Morricone inspire une concupiscente tendresse.

Un grand merci salvateur à Ciné-Bis-Art !
Bruno Matéï
20.12.12


FRANKENWEENIE

$
0
0
                                      Photo empruntée sur Google, appartenant au site melty.fr

de Tim Burton. 2012. U.S.A. 1h30. Noir et Blanc.

Sortie salles France: 31 Octobre 2012. U.S: 5 Octobre 2012

Récompenses: Prix du Meilleur Film d'animation
Prix du Meilleur Film d'animation: New York Film Critics Circle Awards
Prix du Meilleur Film d'animation: Boston Society of Fil Critics Awards
Prix du Meilleur Film d'animation: Florida Film Critics Circle Awards
Prix du Meilleur Film d'animation: Kansas City Film Critics Circle Awards

FILMOGRAPHIE: Timothy William Burton, dit Tim Burton, est un réalisateur, scénariste et producteur américain, né le 25 Août 1958 à Burbank en Californie.
1985: Pee-Wee Big Adventure. 1988: Beetlejuice. 1989: Batman. 1990: Edward aux mains d'argent. 1992: Batman, le Défi. 1994: Ed Wood. 1996: Mars Attacks ! 1999: Sleepy Hollow. 2001: La Planète des Singes. 2003: Big Fish. 2005: Charlie et la Chocolaterie. 2005: Les Noces Funèbres. 2008: Sweeney Todd. 2010: Alice au payx des Merveilles. 2012: Dark Shadows. 2012: Frankenweenie.


Sept ans après les Noces Funèbres, Tim Burton renoue avec l'animation entièrement conçue en stop motion pour adapter l'un de ses premiers courts-métrages, Frankenweenie. Hommage à Frankenstein et aux monstres hybrides, ode au droit à la différence, Frankenweenie est une comédie débridée à la poésie macabre prédominante. Tourné dans un noir et blanc immaculé afin de mieux suggérer l'atmosphère funeste chère à James Whale, cette petite perle allie avec vigueur insolente, fantaisie, tendresse et émotion.

Après avoir perdu son chien mortellement blessé par une voiture, le jeune Victor Frankenstein décide de réanimer son cadavre. Revenu à la vie, Sparky commence à attiser la curiosité des camarades de son maître après s'être échappé de sa maison. En prime, depuis que leur professeur de Biologie a lancé un concours de science, certains élèves envisagent à leur tour de ranimer leurs défunts animaliers pour remporter le 1er prix. 


Cette déclinaison infantile du célèbre Frankenstein est d'abord une réussite esthétique probante dans son teint monochrome contrastant avec la richesse de ses décors crépusculaires (cimetière gothique, moulin à vent, grenier régi en laboratoire d'expérimentation). L'atmosphère lugubre qui en émane et son thème métaphysique imparti à la résurrection véhiculent des images picturales emplies de poésie. A partir d'un argument fantastique notoire, Tim Burton nous confectionne une irrésistible comédie bourrée de références aux classiques du film de monstres (Gamera, Dracula, la Momie, la Fiancée de Frankenstein, voir même Gremlins !). D'autant plus que la narration délirante donne libre court dans sa seconde partie à moult péripéties particulièrement échevelées. En effet, la dernière demi-heure, intense et homérique, déploie un attirail de monstres belliqueux venus semer la panique en plein centre-ville. Que ce soit en interne d'une fête foraine où chaque créature investit les lieux avec une vigueur cinglante ou au sein d'un moulin enflammé auquel les villageois s'étaient réunis pour traquer le petit Sparky.


Le soin méticuleux octroyé à la confection des personnages se révèlent saisissant de réalisme dans leur physionomie caricaturale où chacun s'alloue d'une personnalité distincte. Leur caractère commun se révèle bien défini et l'on s'attache facilement aux mesquineries des gamins indisciplinés (façon Goonies !) épris d'expériences morbides à daigner réveiller les morts ! Mention spéciale au camarade de Victor, gamin insidieux incapable de garde sa langue dans sa poche et pourvu d'une dentition effrayante ! D'autres protagonistes snobs et interlopes (l'instituteur de biologie passionné par ses cours d'enseignement), marginaux (la gamine mortuaire et son étrange chat) ou bougons (le voisin bedonnant féru de botanique) nous communiquent autant de ferveur dans leur personnalité spontanée.
Sous l'entremise d'un jeune enfant épris d'amour pour son chien, Tim Burton accorde notamment beaucoup d'intérêt à illustrer avec une infinie tendresse l'émotion véhiculée entre l'homme et l'animal. Plusieurs séquences poétiques laisse place à de jolis moments intimistes (Victor, plongé dans l'amertume de l'existence. Sparky, réfugié sur sa tombe pour s'isoler d'une population intolérante), tandis que d'autres situations débridées distillent une cocasserie irrésistible (les altercations entre Victor et son voisin opiniâtre, la conjonction électrique entre Sparky et la chienne de la voisine, les cours de biologie où chaque élève semble transi d'émoi devant la persuasion drastique de leur professeur). ATTENTION SPOILER ! A contrario, on regrettera l'aspect conventionnel de son happy-end inutilement niais pour glorifier une résurrection salvatrice. FIN DU SPOILER


En illustrant les thèmes du droit à la différence et de l'indéfectible fraternité entretenue entre l'homme et l'animal, Frankenweenie est une fantaisie macabre à l'inventivité expansive. Le soin assidu imparti à l'extravagance de chacun des personnages, son esthétisme funèbre et la compassion entretenue au cours du cheminement mystique de Victor s'harmonisent afin d'agrémenter un hommage singulier au mythe de Frankenstein.

24.12.12
Bruno Matéï



LE CHOC DES TITANS (Clash of the Titans)

$
0
0
                                 Photo empruntée sur Google, appartenant au sitethot-book.blogspot.com

de Desmond Davis. 1981. U.S.A. 1h58. Avec Harry Hamlin, Judi Bowker, Burgess Meredith, Laurence Olivier, Jack Gwillim, Claire Bloom, Maggie Smith, Ursula Andress.

Sortie salles France: 8 Juillet 1981. U.S: 12 Juin 1981

FILMOGRAPHIE: Desmond Davis est un réalisateur britannique, né le 24 Mai 1926 à Londres.
1964: La Fille aux yeux verts
1965: The Uncle
1965: I was Happy Here
1967: Deux anglaises en délire
1969: A nice girl like me
1981: Le Choc des Titans
1984: Ordeal by Innocence


Sorti la même année, jour pour jour, que les Aventuriers de l'Arche Perdue, Le Choc des Titans fut néanmoins un succès commercial considérable aux Etats-unis, puisqu'il aura amassé plus de 41 000 000 de dollars de recettes (sur un budget estimé à 15 !). Il s'agit notamment du dernier film auquel le maître Ray Harryhausen a souhaité collaborer aux effets-spéciaux mais aussi en tant que co-producteur avec l'appui de Charles H. Schneer. Après l'entreprise calamiteuse d'un remake insignifiant conçu par le français Louis Leterrier, il faut bien admettre que ce peplum fantastique érigé sur le mythe de Persée continue de perdurer dans sa capacité à enchanter le public de 7 à 77 ans.


Après avoir été prémuni par son père d'une condamnation à mort, Persée, fils de Zeus, tombe sous le charme de la jeune Andromède. Mais à la suite d'un affront sur sa beauté ingénue, la déesse Thétis exige que dans 30 jours la princesse soit offerte en sacrifice au Kraken, monstre de la mer. Afin de sauver la vie d'Andromède, Persée part en direction de l'île des morts avec l'assistance de son cheval ailé Pégase, la chouette Bubo, son conseiller Ammon ainsi qu'une escorte de combattants pugnaces. 

 
Film d'aventures haut en couleurs déployant une multitude de créatures mythologiques, Le Choc des Titans se révèle l'ultime réussite technique du maître du trucage en stop motion, Ray Harryhausen. Si la mise en scène manque parfois d'opulence et que l'interprétation du jeune Harry Hamlin aurait mérité à être un peu plus persuasive dans son charisme folichon, le spectacle promu par Desmond Davis ne manque pas d'attrait dans ses enjeux fantastiques. Notamment d'une certaine intensité émanant de quelques confrontations dantesques avec divers monstres (l'altercation de nos héros avec la gorgone en interne de son temple ou leurs combats perpétrés avec les scorpions géants). D'autres créatures (estampillées avec autant de considération par notre maître prodige) s'allouent d'une prestance démoniaque particulièrement impressionnante dans leur apparence démesurée ou hideuse. Que ce soit le Kraken, monstre des mers atteint d'un gigantisme disproportionné, ou Calibos, fils maudit de la déesse Thétis, devenu en l'occurrence un démon cornu empli de haine et de rancoeur.
Basé sur le mythe stellaire des dieux antiques, le Choc des Titans oppose de prime abord leur colère, leur jalousie et leur orgueil sur la postérité de mortels voués à transcender honneur et bravoure. Avec l'entremise de créatures attachantes comme le cheval ailé Pegase ou la chouette mécanique Buba, la mission périlleuse de Persée est une longue escapade jalonnée de confrontations insensées pour la sauvegarde d'une romance épurée.


Hormis le caractère désuet de certains trucages parfois perfectibles (le raz de marée mal ajusté aux séquences réelles de foule en panique, l'aspect risible du système d'ouverture de la grille du Kraken, ou encore le maquillage trivial conçu sur les paupières des trois sorcières aveugles) ainsi que la modestie de son caractère épique, le Choc des Titans est suffisamment attrayant dans sa générosité de fournir un spectacle ludique pour satisfaire les plus indécis. En prime, l'illusion artisanale des FX de Harryhausen, l'aspect gracile du score aérien composé par Laurence Rosenthal et sa conclusion incandescente découlant d'une poésie stellaire confinent l'aventure mythologique au rang de petit classique du genre. 

Dédicace à Isabelle Rocton
25.12.12. 5èx
Bruno Matéï


SHOCK (les Démons de la Nuit)

$
0
0
                            Photo empruntée sur Google, appartenant au site ilgiornodeglizombi.wordpress.com

de Mario Bava. 1977. Italie. 1h33. Avec Daria Nicolodi, John Steiner, David Colin Jr, Ivan Rassimov, Nicola Salerno.

FILMOGRAPHIE: Mario Bava est un réalisateur, directeur de la photographie et scénariste italien, né le 31 juillet 1914 à Sanremo, et décédé d'un infarctus du myocarde le 27 avril 1980 à Rome (Italie).
Il est considéré comme le maître du cinéma fantastique italien et le créateur du genre dit giallo.
1946: L'orecchio. 1947: Santa notte. 1947: Legenda sinfonica. 1947: Anfiteatro Flavio. 1949: Variazioni sinfoniche. 1954: Ulysse (non crédité). 1956: Les Vampires (non crédité). 1959: Caltiki, le monstre immortel (non crédité). 1959: La Bataille de Marathon (non crédité). 1960: Le Masque du démon. 1961: Le Dernier des Vikings (non crédité). 1961: Les Mille et Une Nuits. 1961: Hercule contre les vampires. 1961: La Ruée des Vikings. 1963: La Fille qui en savait trop. 1963: Les Trois Visages de la peur. 1963: Le Corps et le Fouet. 1964: Six femmes pour l'assassin. 1964: La strada per Fort Alamo. 1965: La Planète des vampires. 1966: Les Dollars du Nebraska (non cédité). 1966: Duel au couteau. 1966: Opération peur. 1966: L'Espion qui venait du surgelé. 1968: Danger : Diabolik ! 1970: L'Île de l'épouvante. 1970: Une hache pour la lune de miel. 1970: Roy Colt e Winchester Jack. 1971: La Baie sanglante. 1972: Baron vampire. 1972: Quante volte... quella notte. 1973: La Maison de l'exorcisme. 1974: Les Chiens enragés. 1977: Les Démons de la nuit (Schock). 1979: La Venere di Ille (TV).


Pour son ultime réalisation, Mario Bava laisse derrière lui une pierre angulaire de l'épouvante contemporaine. En brassant les thèmes éculés du cinéma fantastique (demeure hantée, paranoïa, hallucinations, possession, folie meurtrière), le maître du macabre en extrait un modèle d'efficacité et d'originalité dans sa maîtrise notable à susciter l'effroi.

Alors qu'elle fut jadis propriétaire d'une demeure parmi son ex compagnon toxicomane, une jeune femme, son fils et son nouvel époux s'y installent quelques années plus tard. Rapidement, l'étrange comportement railleur du gamin va sévèrement irriter la mère, d'autant plus que des hallucinations récurrentes finissent par la plonger en pleine paranoïa schizophrène. 


Avec une roublardise frénétique, Mario Bava nous invite en l'occurrence à un huis clos infernal au sein d'une demeure hantée par le spectre d'un défunt revanchard. Sous l'allégeance d'un bambin étrangement complice, cette présence hostile décide de communiquer avec ce dernier pour importuner la mère dépressive, continuellement victime de persécution et d'hallucinations. Noyée de visions surnaturelles et de cauchemars nocturnes incessants, Dora semble peu à peu perdre pied avec la réalité. Au fil de sa déchéance mentale sur le déclin, nous allons finalement découvrir que son passé traumatique occulte un sordide secret.
Atmosphère lourde et feutrée, ambiance d'étrangeté prégnante, suspense diffus, Mario Bava n'a rien perdu de sa verve insolente pour nous cristalliser un cauchemar onirique jalonné d'incidents inexpliqués. Exploitant avec intelligence chaque sombre parcelle des pièces internes du logement où des objets familiers deviennent de véritables menaces meurtrières, Schock est un jeu de couardise érigé sur le dédale paranoïde d'une maman désemparée. Ici, la temporalité n'a plus lieu d'être car nous ne savons plus si la rationalité subsiste tant le réalisateur se joue un malin plaisir à nous confondre avec la folie aliénante de son héroïne. En prime, la présence interlope d'un jeune bambin patibulaire renforce le malaise éprouvé face à ces mesquineries commises contre sa génitrice. Si l'interprétation surjouée du petit David Colin Jr peut paraître outrancière, son étrange trogne infantile doublée d'un regard versatile réussit véritablement à provoquer une gêne persistante. Tandis que Daria Nicolodi,transie d'émoi, use de son talent expansif pour parfaire une victime torturée avec une véhémence toujours plus cinglante ! Enfin, pour parachever, outre ses audaces visuelles ornées de poésie macabre (une goutte de sang est confondue avec une pétale de rose !), sa terreur cuisante et ses éclairs de violence sanglants, Schock est notamment pourvu d'un contrepoint musical terriblement ébranlant. Que ce soit l'oxymore d'une douce comptine inquiétante ou ces multiples percussions vrombissantes (orgue, piano, batteries, instrument à cordes) aux tonalités démesurées !


La Maison de tous les cauchemars
Terriblement efficace, original et affolant, Schock semble quelques décennies plus tard encore plus opaque et persuasif dans sa capacité à se réapproprier des conventions du genre. Soutenu par la frénésie d'un score musical hétéroclite, rehaussé d'un scénario finaud exploitant moult incidents incongrus, Schock est conçu comme un dédale anxiogène où la psychose envahit peu à peu le spectateur. 

27.12.12. 4èx
Bruno Matéï


DELLAMORTE DELLAMORE (Cemetery Man). Prix Spécial du Jury à Gérardmer, 1994

$
0
0
                                        Photo empruntée sur Google, appartenant au site intemporel.com

de Michele Soavi. 1994. Italie. 1h44. Avec Rupert Everett, François Hadji-Lazaro, Anna Falchi, Mickey Knox.

Distinctions: Prix Spécial du Juryà Gérardmer
Silver Scream Award au Festival du film fantastique d'Amsterdam
Meilleur Acteur pour Rupert Everett au Festival de Fantasporto

Sortie salles France: 10 Mai 1995. U.S: 26 Avril 1996. Toronto: 9 Septembre 1994

FILMOGRAPHIE: Michele Soavi est un réalisateur italien né le 3 Juillet 1957 à Milan, (Italie).
1985: The Valley (vidéo). 1985: Le Monde de l'horreur (Documentaire). 1987: Bloody Bird. 1989: Le Sanctuaire. 1991: La Secte. 1994: Dellamorte Dellamore. 2006: Arrivederci amore, ciao. 2008: Il sangue dei vinti.


En petit maître transalpin de l'horreur, Michele Soavi nous avait enthousiasmé en 1987 avec une première oeuvre prometteuse, un excellent giallo emphatique justement récompensé à Avoriaz, Bloody Bird. Sa carrière se poursuivra ensuite avec deux essais fantastiques maladroits mais intègres et rehaussés d'une atmosphère envoûtante, le Sanctuaire et surtout l'énigmatique La Secte. En 1994, il livre avec Dellamorte Dellamore son ultime chef-d'oeuvre cérébral. Un poème clairsemé d'autant plus personnel dans son lyrisme alloué qu'il semble suggérer une réflexion métaphysique sur la nonchalance de l'existence.

Francesco est le gardien d'un cimetière en compagnie d'un assistant à la déficience attardée. Ensemble, ils fuient l'ennui de l'existence en assassinant les morts récalcitrants au sein de leur nécropole. Un jour, il rencontre une jeune veuve profondément chagrinée par la perte de son mari. Eperdument amoureux, il tente de l'aborder pour entamer une idylle passionnelle. Mais la jeune femme éprise de tendance nécrophile se transforme en zombie sous la morsure de son défunt. Pendant ce temps, un inspecteur enquête sur la vague de meurtres perpétrés dans la région. 


Comédie d'horreur décalée au cheminement narratif incontrôlable et irracontable, Dellamorte Dellamore se réapproprie du thème du zombie avec une originalité incongrue. Si la première partie esthétiquement immaculée s'érige en poème nécrophile autour d'un amour éperdu, le second chapitre nous entraîne dans le dédale psychique d'un gardien dépressif, davantage dépité par la dérision de l'existence. Jalonné de situations excentriques aussi cocasses que débridées (la relation infantile de Gnaghi avec une tête putrescente, les multiples déconvenues de Francesco avec les sosies de son égérie nécrophile, l'opération chirurgicale de sa prétendue castration), Michele Soavi se focalise notamment sur les monologues existentiels de son héros déchu, devenu meurtrier malgré lui par indifférence des vivants.
Afin que les morts ne reviennent semer le trouble dans sa sépulture, il décide donc de supprimer les êtres vivants dénués de vergogne, sous les recommandations d'un oracle spectral. Complètement isolé du monde qui l'entoure parmi ces cadavres renfrognés, il tente vainement d'apprivoiser l'amour à trois reprises avec les rencontres aléatoires d'un sex-symbol et ces deux sosies antinomiques. Au fil de ses entretiens avec des quidams imbéciles ou étourdis, notre meurtrier s'évertue sans foi à les convaincre qu'il est le véritable auteur des crimes gratuits. Perdu au milieu de nulle part sur une voie départementale sans issue, Francesco et Gnaghi ne seraient finalement que de simples pantins rêvassant d'une existence significative dans leur petite boule de verre !


Liens d'amour et de mort
Chacun peut interpréter à sa propre manière l'éthique véritable qui émane de cette fantaisie désincarnée, puisque de l'aveu même du réalisateur, il ne savait pas quelle analyse il pouvait en tirer ! Formellement épuré, Dellamorte Dellamore est un éloge au néant, un poème nécrophile où l'inanité de la résurrection est une déveine et où l'amour n'y trouve plus de rédemption. Pourtant, il nous évoque paradoxalement qu'en dépit de l'absurdité existentielle et de l'indifférence des sentiments d'autrui, notre destinée est régie par l'ambition de pouvoir cristalliser nos rêves les plus intimes. A condition d'éviter de se forger malgré soi un cocon oppressant et ainsi se libérer de la routine usuelle. 
En résulte un grand film métaphorique sur l'épanouissement et l'affermissement, où l'esthétisme pastel déploie de saisissantes plages d'onirisme macabre et d'érotisme mélancolique.

28.12.12. 3èx
Bruno Matéï


CA (It / "il" est revenu)

$
0
0
                                               Photo empruntée surGoogle, appartenant au site lazy-bum.com

de Tommy Lee Wallace. 1990. U.S.A/Canada. 3h04. Avec Harry Anderson, Dennis Christopher, Richard Masur, Annette O'Toole, Tim Reid, John Ritter, Richard Thomas, Tim Curry.

Diffusion TV, U.S: 18 Novembre 1990

FILMOGRAPHIETommy Lee Wallace est un réalisateur, monteur, acteur et scénariste américain, né en 1949 à Somerset, dans le Kentucky (Etats-Unis).
1982: Halloween 3. 1988: Aloha Summer. 1988: Vampires, vous avez dits vampires 2. 1990: Ca (télé-film). 1991: And the sea will tell (télé-film). 1992: The Comrades of Summer (télé-film). 1992: Danger Island (télé-film). 1994: Witness to the execution (télé-film). 1994: Green Dolphin Beat (télé-film). 1996: Born Free: A New Adventure (télé-film). 1996: Alliance Interdite (télé-film). 1997: Steel Chariots (télé-film). 1998: Une Voleuse de charme (télé-film). 1998: l'Ultime Verdict (télé-film). 2002: Vampires 2 - Adieu Vampires. 2010: Helliversity.


Conçu pour la TV, Ca est l'adaptation édulcorée d'un roman longiligne de Stephen King publié en 1986. Précédé d'une réputation notable auprès d'une certaine génération de spectateurs, particulièrement impressionnés par la physionomie effrayante de son boogeyman cloownesque, cette variation sur l'affres de la peur réussit en partie à provoquer une appréhension persistante.

Après avoir réussi à annihiler un mystérieux clown kidnappeur d'enfants, sept amis décident de se réunir 30 ans plus tard afin de combattre une ultime fois leur terreur infantile. 


Scindé en deux parties distinctes, l'action se situe de prime abord à la fin des années 50 au sein d'une contrée bucolique du Maine des Etats-Unis. A travers une multitude de flash-back alternant passé et présent, l'intrigue nous remémore l'amitié solidaire d'un groupe de 7 enfants (surnommés "le Club des ratés" !), incessamment persécutés par un clown diabolique planqué sous les égouts. Epris d'hallucinations collectives émanant de ces pouvoirs surnaturels mais également victimes de brimades envers un trio hostile de durs à cuire, nos petits héros vont devoir s'unifier afin de mieux se prémunir et repousser leurs pires frayeurs. Visuellement soigné dans sa reconstitution archaïque des années 50, Tommy Lee Wallace souhaite nous confronter à l'inquiétude grandissante de cette poignée de héros juvéniles aussi couards que vaillants. De manière introspective, le réalisateur nous confronte donc à leurs tourments psychologiques, à leurs doutes et leur crainte pour tenter de déjouer un ignoble clown dévoreur d'enfants. Baptisé "Grippe-sou" ou "Ca", il s'approprie lâchement de la peur candide des enfants pour les entraîner vers les sous-sols d'un égout érigé sous les Lumières-Mortes.
La bonhomie attachante des personnages juvéniles confrontés à moult évènements terrifiants (visions sanglantes d'hallucinations surnaturelles que seul un enfant apeuré peut percevoir) et le soin défini pour leur caractère bien distinct véhiculent chez le spectateur une indéniable empathie. D'autant plus qu'ici le monstre hybride auquel il doivent s'opposer adopte une forme rassurante de clown railleur. Une entité machiavélique aussi insidieuse que perfide pour tenter d'amadouer l'enfant candide, une proie facilement plus influençable que l'autorité de l'adulte responsable.


La seconde partie restitue l'action du faubourg de Derry au début des années 90, c'est à dire 30 ans après que les sombres évènements s'y soient déroulés. Nous retrouvons isolément l'existence esseulée de chacun de nos protagonistes, confrontés à une piètre vie amoureuse et amicale, mais pourvus d'une situation professionnelle plutôt fructueuse. Réunis une seconde fois après l'engagement commun d'un pacte si Ca était amené à renaître demain, nos héros aujourd'hui adultes vont devoir renouer avec leur réminiscence traumatique pour réfréner la peur instinctive d'une terreur abyssale. C'est à dire combattre de manière frontale une entité arachnide venue d'un autre monde mais affublée d'un déguisement grotesque de clown pour ébranler la fragilité humaine de ces prochaines victimes.


Avec l'efficacité d'une intrigue originale habilement conditionnée autour d'une icône démoniaque et à la densité précaire de nos héros molestés, Ca traite de l'esprit de cohésion, d'amour et de fraternité pour repousser nos terreurs les plus préjudiciables. Par l'entremise inédite d'un clown farceur se nourrissant de nos grandes craintes, Ca aborde une réflexion sur le courage de vaincre notre lâcheté afin de braver la duperie illusoire du Mal.  

31.12.12. 2èx
Bruno Matéï



LE VOYAGE FANTASTIQUE (Fantastic Voyage)

$
0
0
                                        Photo empruntée sur Google, appartenant au site cinemotions.com

de Richard Fleischer. 1966. U.S.A. 1h40. Avec Stephen Boyd, Raquel Welch, Edmond O'Brien, Donald Pleasence, Arthur O'Connell, William Redfield, Arthur Kennedy.

Sorties salles U.S: 21 Août 1966

Récompense: Oscar des Meilleurs Effets Spéciaux Visuels 
Oscar des Meilleurs Décors
Oscar de la Meilleure Direction Artistique

FILMOGRAPHIE: Richard Fleischer est un réalisateur américain né le 8 décembre 1916 à Brooklyn,  et décédé le 25 Mars 2006 de causes naturelles.
1952: l'Enigme du Chicago Express, 1954: 20 000 lieux sous les mers, 1955: les Inconnus dans la ville, 1958: les Vikings, 1962: Barabbas, 1966: le Voyage Fantastique, 1967: l'Extravagant Dr Dolittle, 1968: l'Etrangleur de Boston, 1970: Tora, tora, tora, 1971: l'Etrangleur de Rillington Place, 1972: Terreur Aveugle, les Flics ne dorment pas la nuit, 1973: Soleil Vert, 1974: Mr Majestyk, Du sang dans la Poussière, 1975: Mandingo, 1979: Ashanti, 1983: Amityville 3D, 1984: Conan le destructeur, 1985: Kalidor, la légende du talisman, 1989: Call from Space.

Viewing all 2765 articles
Browse latest View live