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SUPERSTITION (la malédiction de la sorcière)

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de James W. Roberson. 1982. Canada. 1h26. Avec James Houghton, Albert Salmi, Lynn Carlin, Larry Pennell et Jacquelyn Hyde.

FILMOGRAPHIE: James W. Roberson est un réalisateur canadien. 1980: The Legend of Alfred Packer (sous le nom de Jim Roberson). 1982: Supersitition. 1991: The Giant of Thunder Mountain.

                                  

Inspiré par la vague des films de demeure hantée ayant sévi quelques années plus tôt (Poltergeist, Amityville 1 et 2le Couloir de la mort, Trauma), Superstition fut à l'époque de sa sortie Vhs un hit dans les rayons des vidéo-clubs chez l'amateur de gore festif. Il doit en effet son succès et sa réputation grâce à l'efficacité de ses effets-spéciaux homériques réalisés de manière professionnelle car n'ayant rien à envier aux exploits de maître notoires comme Tom Savini, Ed French ou encore  Dick SmithAlors que deux meurtres inexpliqués viennent d'avoir lieu dans une demeure abandonnée réputée hantée, les paroissiens d'une église décident de la mettre en location. Rapidement, une famille y emménage. Mais de mystérieux évènements ne vont pas tarder à se manifester alors que la police aux aguets tente d'appréhender le potentiel criminel.

                                  

Réalisé sans prétention et avec amour du genre, ce B movie inédit en salles aura marqué toute une génération de vidéophiles des années 80 tant le bouche à oreille fut rapidement enthousiaste. Le film étant surtout précédé d'une réputation sulfureuse grâce à sa violence graphique pour me répéter. Quand on revoit aujourd'hui Superstitions, on se rend compte à quel point la négligence du scénario inexistant et l'absence d'intensité dramatique peuvent être sauvés par l'abondance de scènes horrifiques particulièrement sanglantes et spectaculaires. Personne n'a oublié son préambule inquiétant baignant dans une ambiance feutrée lorsque deux énergumènes confinés dans une sombre demeure vont être sauvagement assassinés par une entité surnaturelle. Corps élevé en lévitation pour être violemment fracassé contre le plafond, tête humaine explosée dans un micro onde, et surtout l'impressionnante séquence auquel un des jeunes lascards se retrouve coincé entre une porte fenêtre se refermant subitement sur son corps sectionné en deux. Une scène abrupte réellement bluffante de par son impact réaliste et sa cruauté incisive.

                                    

Ainsi, ce prologue prometteur riche en émotions fortes s'avère la meilleure attraction du film avant de renouer avec ce même climat mortifère et explosif lors de son point d'orgue truffé de péripéties meurtrières. A l'instar de cette séquence cinglante illustrant avec verdeur le châtiment d'une jeune donzelle trucidée à coup de pieu dans le crane ! Pour autant, à travers son cheminement narratif sans aucune surprises, il faut bien avouer que l'intrigue peine à se renouveler pour nous captiver, et ce même si un évènement meurtrier interviendra de manière métronomique (comptez 1 scène choc toutes les dix minutes). Le script occulte se focalisant sur une légende locale lorsque en 1684 une sorcière jugée par l'inquisition fut condamnée à périr noyée au fond d'un lac. Ayant juré de se venger face au témoignage des villageois en liesse, elle promis de revenir dans un avenir proche importuner leurs descendants afin d'appliquer sa terrible vengeance. Hormis son manque d'idées et la transparence des personnages dénués de psychologie, Superstition parvient tout de même à attiser la sympathie grâce à la pertinence de ses effets-chocs toujours inventifs, à une réalisation aussi efficace que modestement soignée et à l'attrait bonnard des protagonistes (aussi naïfs soient-ils !) dans leur fonction démunie ou héroïque. A l'instar du flic obtus, obstiné à appréhender un simplet du village, potentiel coupable de la mort de son coéquipier, du Révérend Maier dans une courte mais marquante apparition, et surtout du révérend Thompson (le héros du film !) prêt à protéger chaque membre de la famille avec une pugnacité souvent fébrile !

                                  

Scherzo video productions
En dépit de ses défauts précités et d'une absence flagrante de suspense, Superstitions demeure une sympathique série B sauvée in extremis par l'audace de ses effets gores (trois séquences chocs font office d'anthologie), son ambiance lourde parfois oppressante et son casting de seconde zone  plutôt avenant se débattant contre les forces du Mal sous l'impulsion d'une bande-son percutante insufflant par moments un rythme épique. 

* Bruno
24.09.18. 6èx
25.04.11. 325 vues

MR. MAJESTYK

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                                               Photo empruntée sur Google, appartenant au site dailymars.net

de Richard Fleischer. 1973. U.S.A. 1h43. Avec Charles Bronson, Al Lettieri, Linda Cristal, Paul Koslo, Frank Maxwell.

Sortie salles France: ?. U.S: 17 Juin 1974.

FILMOGRAPHIE: Richard Fleischer est un réalisateur américain né le 8 décembre 1916 à Brooklyn,  et décédé le 25 Mars 2006 de causes naturelles. 1952: l'Enigme du Chicago Express, 1954: 20 000 lieux sous les mers, 1955: les Inconnus dans la ville, 1958: les Vikings, 1962: Barabbas, 1966: le Voyage Fantastique, 1967: l'Extravagant Dr Dolittle, 1968: l'Etrangleur de Boston, 1970: Tora, tora, tora, 1971: l'Etrangleur de Rillington Place, 1972: Terreur Aveugle, les Flics ne dorment pas la nuit, 1973: Soleil Vert, 1974: Mr Majestyk, Du sang dans la Poussière, 1975: Mandingo, 1979: Ashanti, 1983: Amityville 3D, 1984: Conan le destructeur, 1985: Kalidor, la légende du talisman, 1989: Call from Space.


Modèle d'efficacité au sein du film d'action que Richard Fleischer supervise avec un souci perfectionniste, Mr. Majestyk est un jubilatoire jeu de massacre transcendé par le tempérament imperturbable de Charles Bronson en justicier louable. Je m'explique: propriétaire de pastèques auprès de 65 hectares, Vince Majestyk envisage d'employer de modestes ouvriers mexicains au moment même où un exploiteur sans vergogne souhaite les substituer par ses hommes de main. Face au refus péremptoire de Vince et après s'être affrontés verbalement, une risque s'ensuit entre eux mais Vince parvient à dérober la carabine de son rival pour le brimer à nouveau. Arrêté par la police suite à la plainte de son agresseur, c'est en cellule qu'il fait la connaissance du mafieux Frank Renda. Totalement indifférent à sa réputation criminelle, Vince se contente de le railler alors qu'au moment d'escorter Renda dans un autre pénitencier, des règlements de compte sanglants ont lieu en centre urbain afin de le faire évader. Mais dans le feu de l'action, Vince parvient à s'échapper en bus avec Renda.


Après s'être planqué dans une cabane, ce dernier lui propose une transaction en échange de sa liberté. Loyal, honnête mais rusé, Vince décide plutôt d'opérer un marché avec la police afin de récupérer sa propre liberté et ses pastèques à cueillir. Mais grâce à la complicité de sa compagne venue lui prêter main forte, Renda parvient in extremis à s'évader. Dès lors, transi de haine et de rancoeur, il jure de se venger en souhaitant la peau de Vince. Fort de cette intrigue habilement structurée, prétexte à règlements de compte sanglants et poursuites en règles jamais gratuits (rare pour ne pas le souligner dans le cadre du film d'action bourrin !), Mr. Majestyk diffuse un rythme effréné pour tenir lieu d'un affrontement stoïque entre un mafieux aussi obtus qu'empoté et un ancien vétéran du Vietnam, fin limier et héros aguerri en justicier inébranlable ! Et donc à travers un jubilatoire jeu du chat et de la souris où les rôles seront amenés à s'inverser en cours de trajectoire épique, Mr. Majestyk redouble d'efficacité en opposant l'injustice d'une violence expéditive résolument couarde contre une auto-justice contre-intuitive misant sur le self contrôle que Bronson instaure avec une force tranquille imprégnée de dérision. Le tout dans le cadre solaire d'une série B purement ludique à la scénographie rurale.


Western moderne survitaminé pour autant jamais racoleur lors des récurrentes confrontations (aussi bien verbales que physiques) entre bons et méchants, Mr. Majestyk s'adonne à la ferveur expansive à travers les charismes striés du légendaire Charles Bronson et du robuste (par la taille) Al Lettieri aussi bien impressionnant que délectable en salopard sournois ne reculant devant aucune turpitude pour avoir le dernier mot. D'autres seconds-rôles aussi irrésistibles dans leur posture chafouin sont également à la fête (Paul Koslo en faire-valoir mesquin), quand bien même la très élégante Linda Cristal tente de se faire une place dans le coeur de Bronson avec une attachante intégrité sentimentale. Rondement mené car réalisé de main de maître sous l'impulsion dramatique de quelques éclairs de brutalité assez rugueux (et ce même parmi la suggestion du hors-champs), Mr Majestyk se permet en prime de fignoler ses dialogues à travers des répliques aussi cocasses qu'inventives nous provoquant le rire nerveux ! Une véritable réussite "vintage" auquel le dernier blockbuster mainstream fait bien pâle figure. 

* Bruno
3èx

LES AVENTURES D'UN HOMME INVISIBLE

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                                                   Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de John Carpenter. 1990. U.S.A. 1h39. Avec Chevy Chase, Daryl Hannah, Sam Neill, Michael McKean, Stephen Tobolowsky, Jim Norton.

Sortie salles France: 29 Juillet 1992. U.S: 28 Février 1992

FILMOGRAPHIE: John Howard Carpenter est un réalisateur, acteur, scénariste, monteur, compositeur et producteur de film américain né le 16 janvier 1948 à Carthage (État de New York, États-Unis). 1974 : Dark Star 1976 : Assaut 1978 : Halloween, la nuit des masques. 1979: Le Roman d'Elvis. 1980 : Fog 1981 : New York 1997 1982 : The Thing 1983 : Christine 1984 : Starman 1986 : Les Aventures de Jack Burton dans les griffes du Mandarin 1987 : Prince des ténèbres 1988 : Invasion Los Angeles 1992 : Les Aventures d'un homme invisible 1995 : L'Antre de la folie 1995 : Le Village des damnés 1996 : Los Angeles 2013 1998 : Vampires 2001 : Ghosts of Mars 2010 : The Ward.


Comment un maître comme John Carpenter (au passage mon réal attitré) ait pu tomber aussi bas avec un produit aussi conventionnel ? Version modernisée de l'Homme Invisible d'une rare indigence au niveau du pitch linéaire (si bien que l'on anticipe facilement quelques rebondissements, telle la stratégie de camouflage du héros dans une cabine téléphonique), Les Aventures d'un homme invisible a beau être ludique durant sa première demi-heure d'une cocasserie inventive, sa trajectoire narrative bifurquant vers une (vaine) romance sirupeuse finit par lasser le spectateur rarement investi. Notamment faute d'une action sporadique à bout de souffle et d'enjeux politiques maladroitement occultés. Qui plus est accompagnée de méchants caricaturaux au rictus outré (Sam Neill en tête en agent d'un orgueil démesuré) et d'un Chevy Chase pas vraiment à sa place en victime invisible traquée pour servir d'émissaire politique, les Aventures d'un homme invisible contentera prioritairement un public juvénile adeptes des prods Disney. Reste le charme du minois de Daryl Hannah ainsi que ses amusants FX particulièrement convaincants et assez créatifs dans l'illusion de l'invisibilité. Et donc, au final on se retrouve avec une commande lambda encore plus impersonnelle et glabre que le décevant The Ward.

* Bruno
2èx

MASK. Prix d'interprétation féminine, Cannes 85.

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                                           Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Peter Bogdanovitch. 1985. U.S.A. 2h00. Avec Eric Stoltz, Cher, Sam Elliott, Estelle Getty, Richard Dysart, Laura Dern.

Sortie salles France: 29 Mai 1985. U.S: 8 Mars 1985.

FILMOGRAPHIEPeter Bogdanovich est un critique, réalisateur et acteur de cinéma américain né le 30 juillet 1939 à Kingston, New York. 1968 : Voyage to the Planet of Prehistoric Women. 1968 : La Cible. 1971 : La Dernière Séance. 1971 : Directed by John Ford (documentaire). 1972 : On s'fait la valise, docteur ? 1973 : La Barbe à papa. 1974 : Daisy Miller. 1975 : Enfin l'amour. 1976 : Nickelodeon. 1979 : Jack le Magnifique. 1981 : Et tout le monde riait. 1985 : Mask. 1988 : Illégalement vôtre. 1990 : Texasville. 1992 : Bruits de coulisses. 1993 : Nashville Blues. 2001 : Un parfum de meurtre. 2007 : Tom Petty and the Heartbreakers: Runnin' Down a Dream (documentaire). 2014 : Broadway Therapy. 2018 : The Great Buster.


Bouleversant mélo retraçant le destin singulier d'un adolescent atteint de dysplasie craniométaphysaire (visage allongé difforme), Mask s'inspire de l'histoire vraie de Roy L. Dennis avec une vérité humaine brute de décoffrage. Les comédiens se fondant dans leur rôle avec une spontanéité fringante si bien que l'on se familiarise à leur côté comme s'il s'agissait de notre propre famille. Cet esprit de famille gravitant autour de Rocky, cette tendresse immodérée imprimée dans la réalité de leur quotidien marginal, Peter Bogdanovich la met en exergue avec une dignité souvent intègre. Et ce en dépit d'un soupçon de pathos à certains brefs moments (particulièrement à travers les sentiments de 2/3 regards constipés) et de la facilité de bons sentiments rapidement pardonnés grâce à la vigueur des comédiens pleinement impliqués à travers leur idéologie libertaire. Mask nous relatant avec autant de pudeur que de candeur le parcours initiatique, la remise en question identitaire de Rocky en proie à une soif de vivre et une quête désespérée d'y cueillir l'amour. Ainsi, ce sentiment insupportable d'abstinence, cette appréhension de ne jamais connaître la chaleur d'un baiser charnel,  Eric Stoltz nous les retransmet avec une sensibilité écorchée vive !


Plaidoyer pour le droit à la différence, à l'instar du chef-d'oeuvre Elephant Man, Mask nous laisse également en état second eu égard de son intensité dramatique convergeant vers une cruelle conclusion résolument crève-coeur. Outre le soin scrupuleux d'y dresser l'inoubliable portrait d'un ado défiguré inévitablement sujet aux brimades, à l'intolérance et à la discrimination, Peter Bogdanovich se permet notamment à travers le jeu si chétif et maternel de (l'ultra sexy !) Cher d'y esquisser un magnifique profil de mère marginale à la fois caractérielle, instable et paumée, faute de ses rencontres lubriques d'un soir et de son addiction pour la drogue auprès d'une communauté de motards pour autant humbles et solidaires. Pour se faire, la comédienne (chanteuse) n'a pas dérobé son Prix d'Interprétation Féminineà Cannes dans sa palette de sentiments contradictoires naviguant entre déchéance morale, remord et rédemption. Et ce pour la cause d'un amour immodéré pour son rejeton et celui (en ascension) de son amant (que campe sobrement le génial car si charismatique Sam Elliott). Couple mythique s'il en est, Eric Stoltz (méconnaissable en freak d'une sensibilité aiguë !) et Cher immortalisent de leur empreinte un recueil de tendresses et d'émotions à travers leur trajectoire existentielle semée de discordes, de scènes de ménages, de conflits familiaux, si bien que l'allégresse, l'espoir et l'infortune ne cessent de se chamailler la mise.


Un crève-coeur désarmant d'intensité prude. 
Terrassant d'émotions (même si certains accuseront le coté futilement mielleux de certaines postures sensiblement outrées) à travers son message d'amour, de vie et de sagesse entre une mère immature et son fils difforme, Mask ébranle le coeur avec un réalisme trouble si je me réfère aux souvenirs qu'il nous imprime passé le générique de fin. Dans la mesure où le spectateur hanté de ces décharges émotionnelles semble avoir la trouble impression d'avoir perdu un propre membre de sa famille. 

Amitié à Seb Lake.

* Bruno
4èx

Récompense: Prix d'interprétation féminine pour Cher, Cannes 1985.

AUCUN HOMME NI DIEU

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                                               Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

"Hold the Dark" de Jeremy Saulnier. 2018. U.S.A. 2h06. Avec Jeffrey Wright, Alexander Skarsgård, James Badge Dale, Riley Keough, Julian Black Antelope, Macon Blair.

Diffusé sur Netflix le 28 Septembre 2018

FILMOGRAPHIE: Jeremy Saulnier est un réalisateur, scénariste et directeur de photographie américain. 2007: Murder Party. 2013: Blue Ruin. 2015 : Green Room. 2018 : Aucun homme ni Dieu.


Excellent thriller à la lisière de l'horreur et d'un fantastique mystique, Aucun homme ni dieu est une descente aux enfers aux tréfonds de l'âme humaine que Jeremy Saulnier maîtrise avec un brio indiscutable. Un retour à la sauvagerie primitive de par le passé traumatique d'hommes profondément offensés par la barbarie (celle de la guerre), de la désillusion et de l'injustice, faute de disparitions infantiles irrésolues. Ne comptant que sur leur indépendance, ils se résignent à perpétrer l'auto-justice au sein d'une contrée indienne livrée à la ségrégation et au laxisme d'une police infructueuse ! En Alaska, une mère de famille implore à un spécialiste de retrouver le loup criminel de son jeune fils mystérieusement disparu. Russel Core accepte en toute loyauté, et ce sans y être rémunéré. Dès lors, il part à la traque aux loups avant de se raviser le soir même et de retourner chez l'étrange inconnue à son tour disparue. Mais la subite présence macabre de son défunt fils va amener Russel à reconsidérer l'improbable situation parmi l'intervention de la police. 


D'une extrême violence au sein d'un panorama naturel aussi vaste qu'envoûtant et impénétrable, Aucun homme ni dieu dilue une vénéneuse atmosphère hostile. De par son silence ouaté aux relents de magie noire et des agissements putassiers de criminels interlopes dont il est difficile d'y cerner les véritables enjeux dans leur détermination à ne laisser aucune clémence à leurs prochains. Tant auprès du corps policier que de la communauté indienne, voir pire auprès de quidams sans défense. Imprégné de mystère diffus et de suspense latent, l'intrigue semée d'éclairs de violence abrupts nous laisse le souffle coupé de par son réalisme à couper au rasoir et sa radicalité à ne laisser aucune concession aux victimes d'autant plus innocentes et (le plus souvent) lâchement molestées. Profondément nihiliste, amer et sans espoir, Aucun homme ni Dieu nous dresse un triste tableau de la nature humaine dépendante de son instinct primitif, de sa perversité, de son hypocrisie, de ses mensonges, trahisons et coups bas si bien qu'elle se résigne à purifier son entourage lors d'un bain de sang paroxystique. Or, une majorité de spectateurs risque finalement de faire grise mine quant au dénouement hermétique du récit en suspens nous réservant plus de questions que de réponses quant aux véritables intentions des criminels en étroite relation avec la nature sauvage des loups. Dans la mesure où leurs us et coutumes (celle par exemple d'entamer un infanticide pour préserver leur groupe en cas de survie) s'avère difficilement explicable pour le non initié, notamment si on compare les agissements équivoques du couple maudit anéanti par le chagrin d'une mort innocente.


Un homme parmi les loups
Bougrement dommage donc que ce final opaque à multiples niveaux de lecture sème doute et frustration (voir même à nouveau l'interrogation !) quant à l'ultime coupable de cet infanticide en étroite relation avec la cause des loups. Car Aucun homme ni Dieuétait à deux doigts d'effleurer la réussite probante, notamment sous l'impulsion vigoureuse de son casting inquiétant laissant libre court à des pulsions dépressives dévastatrices. Où lorsque l'homme ne croit plus en l'homme mais en l'éthique du loup ! 

* Bruno

MANDY

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                                                    Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Panos Cosmatos. 2018. U.S.A. 2h01. Avec Nicolas Cage, Andrea Riseborough, Linus Roache, Bill Duke, Richard Brake, Ned Dennehy.

Sortie salles France: 12 Mai 2018 (Festival Cannes). U.S: 14 Septembre 2018

FILMOGRAPHIEPanos Cosmatos est un réalisateur, scénariste et producteur canadien, né en 1974 à Rome (Italie). 2010 : Beyond the Black Rainbow. 2018 : Mandy.


"Nul ne peut atteindre l’aube sans passer par le chemin de la nuit."
Trip mystique d'une fulgurance rubiconde à damner un saint sur fond de fanatisme religieux, Mandy est une expérience de cinéma atypique comme on en voit peu dans le paysage conventionnel. Car à partir d'une intrigue aussi ultra simpliste que sans surprise (la vengeance d'un homme nommé Red Miller après le sacrifice de sa compagne par une bande de hippies fanatisés !), Panos Cosmatos (il s'agit de sa seconde réalisation) compte sur la forme pour renouveler un furieux spectacle de samedi soir assez vertigineux. Dans la mesure ou Mandy demeure autant un vibrant hommage au cinéma Grindhouse des Seventies et Eighties (notamment à travers ses bribes de séries Z que l'on entrevoit à travers une lucarne 4/3 ou encore à travers le tee-shirt de Red Miller) qu'une expérience visuelle et auditive afin de nous confiner dans un dédale cauchemardesque peuplé de personnages dérangés. A la fois sarcastique, horrifique, gore, grotesque et décalé (à situer à mi-chemin entre The Crow et Mad-Max), mais aussi onirique, stylisé et envoûtant (notamment durant sa première demi-heure assez cosmique dans les étreintes romanesques), Mandy explore l'ultra violence des exactions vindicatives de Red à travers une scénographie rutilante où les couleurs ne cessent de tapisser le paysage bucolique à l'instar d'une fresque psychédélique.


De par la rage qu'extériorise Nicolas Cage en exterminateur transi de haine et par son humanisme rendu chétif faute de l'injustice du châtiment crapuleux, l'acteur insuffle une fois encore un jeu viscéral rugissant comparable à son tee-shirt animalier. Le film métaphorique (et prémonitoire) n'étant après tout que la lente descente dans la folie d'un justicier éploré incapable de canaliser sa souffrance morale pour accepter le deuil. Un état d'esprit rageur que le spectateur accepte facilement eu égard de son témoignage impuissant d'assister en direct à l'immolation de sa compagne par de lâches fidèles de Dieu. Une séquence d'une belle intensité dramatique que Panos Cosmatos  exacerbera ensuite lorsque Red Miller parviendra à se libérer de ses chaines pour laisser exploser une immense tristesse en état d'ébriété. Ainsi, si Mandy parvient constamment à nous hypnotiser et manipuler nos émotions sans toutefois révolutionner quoique ce soit, il le doit autant à l'extravagance de ses antagonistes. Les hippies (lobotomisés par leur gourou) et les bikers (que l'on croirait sortis de Hellraiser ou d'un film de monstres de série Z !) s'exprimant dans des compositions emphatiques à l'aide de répliques débridées et d'une bande-son dissonante (notamment auprès de leurs voix éraillées par le LSD).


L'Enfer de la vengeance
Furieusement barge, décoiffant et excitant dans son action aussi bien belliciste qu'ultra sanglante, beau, envoûtant et romanesque à travers ses plages ésotériques, Mandy explore la série B indépendante avec la volonté de dépasser le genre en expérience sensorielle résolument désincarnée. Dépaysement assuré donc (notamment auprès de ses superbes séquences d'animation alertant l'état moral de l'anti-héros en proie à la folie meurtrière !) avec une charge d'émotion dramatique que sa conclusion confirme dans une tendresse mélancolique. 

* Bruno

2 GARCONS, 1 FILLE, 3 POSSIBILITES

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                                                Photo empruntée sur Google, appartenant au site impawards.com

"Threesome" de Andrew Fleming. 1994. U.S.A. 1h32. Avec Lara Flynn Boyle, Stephen Baldwin, Josh Charles, Alexis Arquette, Martha Gehman.

Sortie salles France: 10 Août 1994 (Int - 16 ans). U.S: 8 Avril 1994

FILMOGRAPHIEAndrew Fleming est un réalisateur et scénariste américain, né le 14 mars 1963 (ou le 30 décembre 1965). 1988 : Bad Dreams. 1994 : Deux garçons, une fille, trois possibilités. 1996 : Dangereuse Alliance. 1999 : Dick : Les Coulisses de la présidence. 2000 : Grosse Pointe (série TV). 2002 : Paranormal Girl (TV). 2003 : Espion mais pas trop ! 2005 : Head Cases (série TV). 2007 : Nancy Drew. 2008 : Hamlet 2.


"Le mot déviant vient du latin "de", en-dehors, et "via", la voix, le chemin. Il désigne donc quelqu'un qui sort du droit chemin. Celui qui fait bande à part. De nos jours, ça désigne quelqu'un dont la sexualité sort de la norme. Voici l'histoire de Stuart, Alex et moi. Voici comment pendant un temps nous sommes devenus des "déviants" dans tous les sens du terme." 

Réalisateur touche à tout assez discret à qui l'on doit les séries B bonnards Panics (faux remake de Freddy 3 si j'ose dire !) et Dangereuse Alliance, Andrew Fleming s'essaie en 1994 au Teen movie avec Deux garçons, une fille, trois possibilités. En dépit d'un titre racoleur présageant un vulgaire produit lambda, cette comédie romantique parvient louablement à extérioriser une certaine fragilité humaine à travers le portrait d'un trio de lycéens curieux d'expériences nouvelles. Tant et si bien que Stuart et Eddy décident de partager leur chambre d'étudiants avec la jeune et dévergondée Alex en proie à un furieux désir concupiscent. A eux trois, et lors d'une quête identitaire pour leur orientation sexuelle, ils vont multiplier les expériences lubriques au point de converger vers le triolisme.


Sans pour autant laisser un souvenir impérissable dans nos mémoires, notamment faute du classicisme de sa réalisation et d'une intensité émotionnelle perfectible, Deux garçons, une fille, trois possibilités demeure un charmant Teen movie largement rehaussé du jeu spontané des trois comédiens en osmose libertaire. Le réalisateur osant illustrer à travers leur fidèle amitié un érotisme tantôt audacieux, tantôt provocant sans toutefois verser dans la gratuité putassière. Le message du film annonçant au terme qu'il faut oser braver le politiquement incorrect lors d'une complicité amicale flirtant avec les vrais sentiments le temps d'une endurance initiatique. Ainsi, à travers leurs batifolages badins et relations charnelles émaneront un apprentissage à la sagesse et la maturité après avoir côtoyé (sans nul regret) une émancipation sexuelle aussi subversive qu'assouvie. Marqués à jamais par leurs expériences égrillardes décalées, ils préserveront au sein de leur mémoire un souvenir saillant, de par leur audace de s'être échangés à une sexualité romantique résolument louable. En somme, vivez à fond vos expériences sexuelles dans une éthique de responsabilité, de respect et d'amitié fructueuse (notamment grâce aux échanges de confidences et remises en question identitaires).

* Bruno

UNE NUIT TROP NOIRE

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                   Photo empruntée sur Google, appartenant au site cult-trash-in-french-dvd-composite.blogspot.com

"One dark night" de Tom Mcloughlin. 1983. U.S.A. 1h25. Avec Meg Tilly, Melissa Newman, Adam West, Robin Evans, Kevin Peter Hal, Leslie Speights, Donald Hotton, Elizabeth Daily.

Sortie salles France: 1982, au Rex de Paris. U.S: 25 Février 1983

FILMOGRAPHIE: Tom Mcloughlin est un scénariste et réalisateur américain né en 1950.
1983: One Dark Night, 1986: Jason le mort-vivant, 1987: Date with an angel, 1991: Sometimes they come back, 1992: Something to live for: the alison gertz story, 1999: Anya's Bell, 2001: The Unsaid, 2002: Murder in Greenwich, 2003: D.C. Sniper: 23 Days of fear, 2004: She's too young, 2005: Odd Girl Out, Cyber Seduction: His secret life, 2006: Not like everyone else, 2007: The Staircase Murders, 2008: Fab Five: The Texas Cheerleader Scandal.

                                      

Connu auprès des amateurs grâce à Jason le mort-vivant (Vendredi 13 VI), Tom Mcloughlin avait débuté trois ans plus tôt avec un premier film d'horreur, Une nuit trop noire réalisé en 1983. Série B sans prétention au scénario futile, sa réussite émane avant tout de son ambiance horrifique rétro (qu'on ne retrouve plus de nos jours), de ses FX supervisés par Tom Burman, et à moindre échelle de sa photo saturée. Dans un mausolée, un trio d'étudiantes décide de jouer un mauvais tour à l'une de leur rivale en l'enfermant durant une nuit dans ce lieu macabre situé à proximité du cimetière. Ainsi, dans ce lieu funéraire vient d'être inhumé un étrange professeur doué de pouvoirs télékinésiques, potentiellement responsable de la mort d'adolescents retrouvés dans son ancien appartement. Bientôt, ce vampire mental libérera ses forces surnaturelles pour annihiler ses hôtes venus perturber le repos des mortels. Production mineure ficelée avec de modestes moyens (en dehors d'FX artisanaux plutôt soignés), Une nuit trop noire amorce sa première partie auprès d'une stratégie vindicative que des adolescentes rancunières vont renchérir afin de brimer leur victime. Quand bien même la fille du défunt en apprendra un peu plus sur les agissements funèbres de celui-ci capable d'absorber les énergies de ses victimes par son ressort psychique. Or, cette mise en place conventionnelle va rapidement céder au fameux clou de l'intrigue avec cette redoutée épreuve macabre au sein d'un mausolée en proie à une force démoniaque.

                  
Dans la mesure où Julie (interprétée avec sobriété par la novice et charmante Meg Tilly eu égard de ses partenaires potiches à gifler !) doit résister une nuit entière dans cet environnement morbide avec comme seules compagnies sa lampe de poche et un duvet de campeur. Cette épreuve morale commanditée par le trio de donzelles lui est infligée depuis qu'elle fréquentait l'un de leur ex petit ami. En mal de reconnaissance (si bien qu'elles forment à elles 3 une "association"), ces rebelles de fortune finiront par pénétrer dans l'enceinte funéraire pour tenter d'effrayer leur camarade prise en otage à travers leurs farces macabres idoines. Efficacement menée (non sans une certaine indulgence passé le 1er visionnage) et exploitant parfois avec habileté les corridors lugubres de la morgue, cette seconde partie parvient futilement à séduire de par son ambiance inquiétante émanant de sa scénographie sépulcrale. Qui plus est, la partition lancinante qui imprègne tout le récit accentuera ce léger sentiment anxiogène principalement vécu par Julie (Meg Tilly). Et ce jusqu'à ce que la dernière partie haletante, car déployant une armée de cadavres exsangues, décuple les expressions d'affolement des protagonistes désorientés. Outre sa petite ambiance macabre gentiment angoissante, il faut saluer l'efficacité des effets-spéciaux, spécialement les maquillages putrides peaufinant l'état de dégénérescence des cadavres récalcitrants téléguidés par Tom Burman. Le soin apporté à leur état décharné accentuant le réalisme morbide d'une situation improbable rendue ingérable auprès des participantes en fuite.


En dépit de son intrigue minimaliste, ses maladresses techniques, ses incohérences (l'héroïne trop facilement ébranlée par les brimades de ses camarades empotées), sa direction d'acteurs médiocre d'autant plus desservie de personnages stéréotypés, Une Nuit trop noire demeure une sympathique série B légèrement rehaussée d'une ambiance lugubre tantôt ensorcelante. 

* Bruno                 
03.10.18. 5èx
10.05.11.  (310 vues) 

THE ROSE. Golden Globe Meilleure actrice, Meilleur Espoir féminin.

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                                                   Photo empruntée sur Google, appartenant au site Allocine.fr

de Mark Rydell. 1979. U.S.A. 2h13. Avec Bette Midler, Alan Bates, Frederic Forrest, Harry Dean Stanton, Barry Primus, David Keith.

Sortie salles France: 4 Juin 1980. U.S: 7 Décembre 1979

FILMOGRAPHIE: Mark Rydell est un acteur, réalisateur et producteur américain, né le 23 mars 1934 à New York (États-Unis). 1964-1966 : Gunsmoke (série TV). 1968 : Le Renard. 1969 : Reivers. 1972 : Les Cowboys. 1976 : Deux farfelus à New York. 1979 : The Rose. 1981 : La Maison du lac. 1984 : La Rivière. 1991 : For the Boys. 1994 : Intersection. 1996 : Le Crime du Siècle. 2001 : Il était une fois James Dean. 2006 : Even Money.


"Où est-ce que vous allez, où est-ce que tout le monde s'en va ?"
Avant toute chose, et afin de taire certaines rumeurs, le film devait être à la base un biopic sur la célèbre chanteuse Janis Joplin que Bette Midler refusa illico d'incarner si le scénario et son personnage n'étaient pas entièrement remanié. Pour se faire, Mark Rydell dû se plier à ses exigences depuis son admiration pour l'actrice récompensée à juste titre aux Golden Globe après le succès du film. On peut d'ailleurs souligner qu'en France il récolte 1 393 748 entrées !
Gros morceau de cinéma d'une puissance émotionnelle épurée, The Rose fait l'effet d'un shout sitôt le générique élégiaque bouclé ! Le spectateur envapé de détresse assistant impuissant à l'écran noir (et blanc) avec un flegme bouleversé. Et si la réalisation documentée du réalisateur touche à tout Mark Rydell y est évidemment pour beaucoup (notamment dans son refus impératif du misérabilisme et des effets de manche disgracieux), la prestance transie d'émoi de Bettle Midler transforme l'essai artistique en authentique chef-d'oeuvre musical ! Vidant ses tripes face écran auprès de milliers de fans béats d'admiration par son talent vocal et son déhanché effréné, Bette Midler pénètre dans le corps d'une rockeuse au tempérament volcanique avec une névralgie résolument trouble.


Car magnifique portrait de femme à la fois capricieuse et meurtrie par les outrances de sa célébrité, du sexe, de l'alcool, de la drogue et des voyages, notamment faute de la cupidité de son producteur psycho-rigide, Mark Rydell nous relate sa dégénérescence morale avec une dimension dramatique en crescendo. Tant et si bien que le final en apothéose musicale s'érige en grand moment de cinéma sous l'impulsion malingre de "la Rose" offrant son dernier cri d'amour au public peu à peu plongé dans un mutisme anxiogène ! Tout le récit tant douloureux, car d'une grande violence à ausculter son épuisement moral et sa détresse affective affrontant sans détour sa profonde errance existentielle, son insurmontable solitude émanant d'amours sans lendemain. Et ce en dépit de son coup de coeur auprès d'un chauffeur de taxi que Frederic Forrest endosse avec une sobre intégrité. Délibérée à changer de vie et tirer un trait pour sa carrière trop houleuse, Mary Rose compte sur une rédemption romantique pour s'extirper des artifices d'une célébrité puttasière. Emaillé de tubes rocks électrisants entre deux douces mélodies, The Rose offre ses lettres de noblesse au genre musical à l'aide d'un vérisme immersif que le spectateur subit de plein fouet. Le réalisateur prenant soin de dévoiler sans clichés l'envers du décor pailleté auprès de stars junkies profondément isolées du monde réel.


Requiem pour un ange déchu. 
Cri de rage et d'amour pour la liberté d'une rockeuse suicidaire incapable de s'imposer face à la rigidité de son entourage professionnel et sentimental, The Rose demeure l'un des plus beaux poèmes musical sur la déchéance d'une star livrée à la solitude la plus attentatoire. Aussi grave que bouleversant sous l'impulsion écorchée vive de la provocante Bette Midler (quelle performance historique !), The Rose nous laisse en état de choc cérébral durant le flux de son générique d'une acuité aiguë. Un spectacle absolu. 

* Bruno
3èx

Récompenses: Golden Globe de la Meilleure actrice et du Meilleur espoir féminin pour Bette Midler   

DAR L'INVINCIBLE

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                                                    Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

"The Beastmaster" de Don Coscarelli. 1982. U.S.A. 1h58. Avec Marc Singer, Tanya Roberts, Rip Torn, John Amos, Josh Milrad, Rod Loomis, Ben Hammer, Ralph Strait, Billy Jayne, Janet DeMay, Christine Kellogg, Jant Jones.

Sortie salles France: 27 Avril 1983. U.S: 20 Août 1982

FILMOGRAPHIE: Don Coscarelli est un scénariste et réalisateur américain né le 17 Février 1954 à Tripoli (Lybie). 1976: Jim the World's Greatest. 1976: Kenny and Compagny. 1979: Phantasm. 1982: Dar l'invincible. 1988: Phantasm 2. 1989: Survival Quest. 1994: Phantasm 3. 1998: Phantasm 4. 2002: Bubba Ho-tep. Prochainement: Phantasm 5.


Entrepris la même année que Conan le BarbareDar l'Invincible est un succédané low-cost que Don Coscarelli (Phantasm, Bubba Ho tep) transpose à l'écran d'après le livre d'André Norton (The Beast Master). Marc Singer, jeune acteur de série TV ayant participé à un seul long-métrage (le Merdier), endossant fougueusement le mastard des temps mémoriaux à défaut de sa silhouette étroite. Au niveau du pitch éculé, on ne peut pas dire que Don Coscarelli daigne se démarquer du modèle inégalé de Milius pour retranscrire la vengeance d'un guerrier délibéré à retrouver l'assassin de son père, faute d'un prêtre fanatique voué aux sacrifices d'enfants. Pour autant, le réalisateur y apporte quelques composantes inédites afin d'enrichir l'intrigue émaillée de touches de cocasserie. Pour cause, notre héros pourvu de télépathie communique avec les animaux parmi lesquels deux mangoustes, un aigle et une panthère afin de mieux s'opposer à son ennemi juré, le sorcier Maax. C'est notamment par le truchement d'un de ces fidèles mammifères qu'il parviendra à séduire une esclave aux yeux verts  (la sublime Tanya Roberts dans son plus simple appareil lors de leur première rencontre !) en "jouant" le héros inébranlable. Qui plus est, certains antagonistes, créatures humaines drôlement hybrides, apportent une touche plutôt horrifique de par leur physionomie intensément patibulaire. Je pense aux inquiétants hommes chauves-souris liquéfiant leur victime à l'aide de leurs immenses ailes ou encore des esclaves humains transformés en monstres azimutés faute d'un produit toxique verdâtre introduit dans leur oreille.


Durant leur cheminement vindicatif assez fertile en péripéties, ils seront notamment épaulés d'un duo de preux guerriers (un enseignant noir et un adolescent aussi revanchard car ayant juré de délivrer son père des griffes de Maax) ainsi qu'un paternel charitable d'avoir pu retrouvé son fils en vie grâce au soutien de Dar ! A travers son panorama solaire magnifiquement exploité (notamment les envolées lyriques de l'aigle en vue subjective !) et une photo saturée aux couleurs flamboyantes, cette épopée aux allures de BD allie efficacement combats à l'épée, sacrifices humains et créatures belliqueuses du plus bel effet, tel ce trio de sorcières décaties au déhanchement étrangement sensuel ! Pour autant, l'aventure haute en couleurs plutôt bien menée ne fait pas preuve d'esbroufe ni de violence graphique. Coscarelli souhaitant plutôt concilier un public familial dans son alliage d'aventures fantastiques, romance, horreur amiteuse et humour bonnard. Pour incarner le rôle iconique du guerrier herculéen, Marc Singer cabotine mais s'en tire honorablement de par son enthousiasme aguerri et ce en dépit de sa faible musculature et d'un faciès un peu trop imberbe. Sa bonhomie allouée à la cause animale et certaines de ses maladresses parfois cocasses lui suscitant un profil  attachant à l'instar des seconds rôles avenants autrement charismatiques dans leur élan solidaire. Enfin, on peut également solliciter la puissance épique du superbe score aérien de Lee Holdridge. A l'instar du point d'orgue résolument explosif se déroulant durant une nuit de brasier et d'un épilogue assez touchant Spoil ! pour les adieux de Dar reclus en amont d'une falaise parmi sa partenaire. Fin du Spoil


En dépit d'un budget mineur desservant l'ampleur du projet, sa facture kitch et le jeu cabotin de certains acteurs (dans le rôle de Maax, Rip Torn abuse de tics renfrognés parmi ses gros cils !), Dar l'Invincible demeure un sympathique spectacle d'Heroic-fantasy au charme bisseux. Quand au public l'ayant découvert durant sa sortie officielle à l'âge pubère, les nostalgiques les plus vulnérables risquent de le savourer avec un pincement au coeur. 

* Bruno
05.10.18. 6èx
17.09.12. (199 vues)

L'EPEE SAUVAGE

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                                                    Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

"The Sword and the Sorcerer" de  Albert Pyun. 1982. U.S.A. 1h40. Avec Lee Horsley, Kathleen Beller, Simon MacCorkindale, Richard Lynch, George Maharis, Richard Moll.

Sortie salles France: 28 Juillet 1982. U.S: Avril 1982.

FILMOGRAPHIE: Albert Pyun, né le 19 mai 1953 à Hawaii, est un réalisateur, scénariste et producteur américain. 1982 : L'Épée sauvage. 1985 : Le Dernier missile. 1986 : Campus. 1987 : Pleasure Planet. 1987 : Le Trésor de San Lucas. 1988 : L'aventure fantastique. 1989 : Voyage au centre de la Terre. 1989 : Cyborg. 1990 : Captain America. 1991 : Bloodmatch. 1991 : Kickboxer 2 : Le Successeur. 1991 : Dollman. 1992 : Deceit. 1993 : Nemesis. 1993 : Arcade (vidéo). 1993 : Brain Smasher... A Love Story (vidéo). 1993 : Les Chevaliers du futur. 1994 : Kickboxer 4: The Aggressor. 1994 : Hong Kong 97. 1994 : Spitfire. 1995 : Heatseeker. 1995 : Nemesis 2 (vidéo). 1996 : Raven Hawk (TV). 1996 : Nemesis 3: Prey Harder (vidéo). 1996 : Omega Doom. 1996 : Adrénaline. 1996 : Nemesis 4: Death Angel (vidéo). 1997 : Prise d'otages à Atlanta (Blast). 1997 : Mean Guns. 1998 : Crazy Six. 1998 : Postmortem. 1999 : The Wrecking Crew. 1999 : Urban Menace. 1999 : Corrupt. 2001 : Explosion imminente (Ticker). 2003 : More Mercy (vidéo). 2004 : Max Havoc : La malédiction du dragon. 2005 : Infection. 2006 : Cool Air (vidéo). 2007 : Bulletface. 2007 : Left for Dead. 2012 : Road to Hell.


Première réalisation d'Albert Pyuin (cinéaste prolifique habitué aux séries B et Z) surfant sur l'heroic fantasy en vogue (Conan le Barbare, Dar l'Invincible), l'Epée sauvage est une étrange curiosité à découvrir d'un oeil distrait si bien que l'on jurerait qu'elle soit mise en scène par un cinéaste transalpin. De par son esprit bisseux friand d'un climat parfois étonnamment glauque et de ses éclaboussures de sang assez fétides. Ainsi, en dépit de jolis décors et d'une photo particulièrement soignés, de personnages bonnards au surjeu timidement attachant et d'une violence gore inspirée du cinéma italien, l'Epée Sauvage est hélas plombé par une intrigue archi classique qui peine à captiver. Reste quelques belles images surréalistes, à l'instar de son intro horrifique si prometteuse, et deux trois batifolages involontairement cocasses que les protagonistes se forcent à rendre ludiques.

* Bruno
3èx

    KRAMER CONTRE KRAMER. Oscar Meilleur Film, 1980.

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                                                     Photo empruntée sur Google, appartenant au site goldposter.com

    de Robert Benton. 1979. U.S.A. 1h45. Avec Dustin Hoffman, Meryl Streep, Justin Henry, Jane Alexander, Howard Duff, George Coe.

    Sortie salles France: 27 Février 1980. U.S: 19 Décembre 1979

    FILMOGRAPHIERobert Benton est un scénariste, réalisateur et acteur américain, né le 29 septembre 1932 à Waxahachie (Texas). 1972 : Bad Company. 1977 : Le chat connaît l'assassin. 1979 : Kramer contre Kramer. 1982 : La Mort aux enchères. 1984 : Les Saisons du cœur. 1987 : Nadine. 1991 : Billy Bathgate. 1994 : Un homme presque parfait. 1998 : L'Heure magique. 2003 : La Couleur du mensonge. 2007 : Feast of Love.


    Bouleversant drame familial récompensé de 5 oscars (dont celui du Meilleur Film) et ovationné par la critique et le public (en France, il récolte 4 039 372 entrées), Kramer contre Kramer traite des enfants du divorce sans pathos ni fioriture. L'oeuvre d'une sensibilité épurée illustrant l'ascension morale d'un père de famille parvenant à éduquer son fils au grand dam de l'absence de la mère. Car autrefois égoïste d'avoir privilégié sa carrière au détriment des sentiments de son épouse, Ted va peu à peu prendre conscience de son échec marital en endossant le double rôle de papa au foyer et de brillant graphiste. Alors que Ted Kramer, pubard surqualifié, annonce un soir à sa femme son accès à un poste supérieur, celle-ci lui avoue sa détermination de le quitter en abdiquant également son fils de 7 ans. Livrés à eux-même, Ted et Billy vont apprendre à mieux se connaître au fil d'une intense et tendre complicité paternelle, quand bien même 15 mois plus tard, Johanna refait surface afin de solliciter la garde de son fils. 


    Illuminé par les prestances de Dustin Hoffman en tendre paternel débrouillard et de Meryl Streep en mère instable en quête identitaire et d'émancipation féminine (son 1er grand rôle à l'écran !), Kramer contre Kramer diffuse une fragile intensité humaine de par leur désarroi de se confronter aux divergences conjugales, entre crises de colère et remise en question identitaire. Notamment eu égard de la cruauté du procès juridique qu'ils se disputeront au terme entre avocats interposés. Outre le talent virtuose de ce duo plus vrai que nature car endossant leur rôle familial avec une vibrante humanité, on peut autant saluer le jeu époustouflant de vérité de Justin Henry en bambin chétif ballotté entre son amour pour sa mère et celui de son père. Le film d'un réalisme probant parvenant à nous ébranler la corde sensible (sans jamais céder aux bons sentiments !) en nous posant des questions essentielles sur la perte de repères de l'enfant en proie à l'injustice d'une séparation, sur la responsabilité et l'équité des parents à perdurer son éducation et sur la précarité de leurs sentiments lorsque l'un d'eux eut trahi sa cause maritale au profit de la cupidité. 


    Superbe mélo scandé par un trio de comédiens d'une force d'expression infaillible, Kramer contre Kramer parvient à illustrer sans fard l'épineuse épreuve de force d'un père et d'une mère se disputant la mise pour sauvegarder l'amour de leur chérubin. Inévitablement bouleversant et passionnant, nous assistons scrupuleusement à cet échec conjugal en tenant compte des états d'âme si humbles, matures et fragiles des victimes en proie à une prise de conscience initiatique.  

    * Bruno
    4èx 

    Récompenses: 1979 : LAFCA du meilleur film
    Oscar du meilleur film en 1980
    Oscar du meilleur réalisateur pour Robert Benton
    Oscar du meilleur acteur pour Dustin Hoffman
    Oscar de la meilleure actrice dans un second rôle pour Meryl Streep
    Oscar de la meilleure adaptation pour Robert Benton
    Golden Globe de la meilleure actrice dans un second rôle pour Meryl Streep

    RAIN MAN. 4 Oscars dont celui du Meilleur Film.

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                                                     Photo empruntée sur Google, appartenant au site ekladata.com

    de Barry Levinson. 1988. U.S.A. 2h15. Avec Tom Cruise, Dustin Hoffman, Valeria Golino, Jerry Molen, Jack Murdock, Michael D. Roberts.

    Sortie salles France: 15 Mars 1989. U.S: 16 Décembre 1988

    FILMOGRAPHIE: Barry Levinson est un réalisateur, scénariste et producteur américain, né le 6 Avril 1942 à Baltimore. 1982: Diner. 1984: Le Meilleur. 1985: Le secret de la Pyramide. 1987: Les Filous. 1987: Good morning Vietnam. 1988: Rain Man. 1990: Avalon. 1991: Bugsy. 1992: Toys. 1994: Jimmy Hollywood. 1994: Harcèlement. 1996: Sleepers. 1997: Des Hommes d'influence. 1998: Sphère. 1999: Liberty Heights. 2000: An Everlasting Piece. 2001: Bandits. 2004: Envy. 2006: Man of the Year. 2008: Panique à Hollywood. 2009: PoliWood (documentaire). 2012: The Bay. 2014 : The Humbling. 2015 : Rock the Kasbah.


    Pas aussi intense qu'à l'époque de sa sortie (l'effet de surprise de reluquer les performances d'acteurs bankables se dissipant hélas au fil de visionnages), Rain Man est un joli conte initiatique plutôt réaliste, voir légèrement documenté quant à la pathologie mal connue de l'autisme. Une solide histoire d'amitié, de tolérance et de compréhension de l'autre qu'un entrepreneur cupide développera finalement au fil de sa cohabitation avec son frère autiste. Ainsi, en dépit d'un manque d'émotions (que Levinson se réservait peut-être d'ébruiter afin de ne pas sombrer dans le pathos), Rain Man parvient tout de même à séduire et toucher le spectateur, de par la complicité révérencieuse que forment Tom Cruise (brillamment expansif en financier de prime abord orgueilleux, arrogant et condescendant) et Dustin Hoffman (louablement dépouillé en autiste impassible où perce une émotion prude). Au-delà de leurs rapports psychologiques jamais misérabilistes ou lacrymaux, Barry Levinson s'efforce en prime de soigner la forme à travers leur odyssée solaire traversée de magnifiques décors naturels (splendide contrées rocheuses de la Californie sous un ciel tantôt crépusculaire) ou urbains (la nuit pastel au casino de Las Vegas), qu'une splendide photo léchée renchérit sans complaisance. Quant au score composé par l'illustre Hans Zimmer, si on l'a connu plus inspiré, il parvient modestement à rehausser la teneur empathique du récit, notamment lorsque Cruise s'humanise le plus fidèlement afin de préserver la destinée précaire de son frère. Leur étreinte finale s'avérant par ailleurs un bouleversant moment d'émotions tout en retenue (la plus belle séquence du film à mon sens subjectif comme le souligne ma photo postée ci-dessus). Quoiqu'il en soit, et en dépit des aléas du temps, le triomphe public reste plutôt mérité.

    * Bruno
    3èx

    Box-Office France: 6 475 615 entrées

    Récompenses:
    Ours d'Or au Festival de Berlin
    Oscar du meilleur film
    Oscar du meilleur réalisateur - Barry Levinson
    Oscar du meilleur scénario original - Ronald Bass et Barry Morrow
    Oscar du meilleur acteur - Dustin Hoffman
    Golden Globe du meilleur film dramatique
    Golden Globe du meilleur acteur dans un film dramatique - Dustin Hoffman

    LA BETE TUE DE SANG FROID

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                                                                          Photo empruntée sur Google, appartenant au site Notrecinema.com

    "Le Dernier train de la nuit/L'ultimo treno della notte" de Aldo Lado. 1975. Italie. 1h33 (version intégrale). Avec Flavio Bucci, Laura D'Angelo, Irene Miracle, Macha Méril, Gianfranco De Grassi, Enrico Maria Salerno.

    Sortie salles France: 30 Août 1978. Italie: 8 Avril 1975

    FILMOGRAPHIEAldo Lado est un réalisateur italien, né le 5 décembre 1934 à Fiume (Croatie).
    1971: La corta notte delle bambole di vetro. 1972: Qui l'a vue mourir ? 1972: La Drôle d'affaire. 1973 : Sepolta viva. 1974 : La cugina. 1975: La Bête tue de sang Froid. 1976 : L'ultima volta. 1978 : Il prigioniero (TV). 1979 : L'humanoïde. 1979 : Il était un musicien – Monsieur Mascagni. 1981 : La désobéissance. 1982 : La pietra di Marco Polo (TV). 1983 : La città di Miriam (TV). 1986 : I figli dell'ispettore (TV). 1987 : Sahara Heat ou Scirocco. 1990 : Rito d'amore. 1991 : La stella del parco (TV). 1992 : Alibi perfetto. 1993 : Venerdì nero. 1994 : La chance.


    Ersatz italien de la Dernière Maison sur la GaucheLa Bête tue de sang froid s'est taillée au fil des décennies une réputation presque aussi notoire que le trauma infligé par Craven. Si Aldo Lado reprend le même cheminement narratif afin de réexploiter le "rape and revenge", il réussit tout de même à s'en démarquer grâce au décor confiné à l'intérieur d'un train et au portrait alloué à une bourgeoise sans scrupules. Cette dernière prétendument affable entraînant finalement un duo de marginaux dans la stupre crapuleuse. Sous son emprise retorse, ces deux délinquants issus de classe ouvrière se laisseront charmer par sa stature altière pour accomplir les pires exactions sur deux adolescentes. Merveilleusement campé par une Macha Méril habitée par une perversité scopophile, sa présence viciée symbolise d'une certaine manière l'avilissement de la bourgeoisie engluée dans son confort, l'ennui et la cupidité. A l'instar de ce témoin oculaire, sexagénaire d'apparence respectable mais soudainement épris de pulsions voyeuristes pour se laisser inviter au viol collectif. Tableau pathétique d'une nature humaine aux instincts barbares et pervers, La Bête tue de sang froid est un voyage au bout de l'enfer. Celui de deux jeunes étudiantes embarquées dans un train pour rejoindre leur bercail mais rapidement prises en otage par le trio diabolique.


    A partir du moment où le piège se referme autour des victimes, Aldo Lado nous laisse en position de voyeur pour témoigner de leur calvaire interminable. Ce sentiment de gêne occasionné est accentué par l'enfermement du lieu clos (une cabine irrespirable) où viols et sévices leur seront infligés. L'atmosphère terriblement malsaine émane notamment des regards obscènes que l'inspiratrice échangera avec les voyous. Au moment crucial des actes les plus extrêmes, la lumière nocturne vire subitement aux éclairages bleutés afin de renforcer l'aspect cauchemardesque de cette baroque mascarade. Après les crimes lâchement perpétrés, Aldo Lado passe en mode revenge avec l'intervention des parents d'une des victimes. Sur ce point autrement crucial, la manière dont le trio réussit à s'infiltrer chez eux me parait un peu plus crédible que ce qu'avait envisagé Craven, alors que le jeu d'acteurs invoqué aux parents s'avère plus plausible de par leur sentiment de contrariété. Tant et si bien qu'ici, face à l'insistance de la mégère blessée (une écorchure au genou), le père de la victime, éminent chirurgien, lui portera assistance et accueillera le trio au sein de son foyer. Avec une réelle efficacité, Aldo Lado reprend le mode opératoire de son modèle (vengeance expéditive abrupte) en instaurant un climat de tension qui ira crescendo. Sans chercher à se complaire dans la violence bestiale, il illustre avec psychologie l'aspect avilissant de la justice individuelle lorsque le père se résigne à éliminer sa dernière victime face au témoignage contradictoire de son épouse.


    D'une perversité fétide, dérangeant et malsain, La Bête tue de sang froid demeure probablement la meilleure déclinaison du rape and revenge depuis la référence de Craven. Outre sa violence insupportable mais jamais outrancière, son caractère éprouvant est largement envenimé par la posture si vénéneuse de l'électrisante Macha Méril et d'un score indolent chuchoté à l'harmonica. 
    A réserver à un public averti.

    Warning ! La VF présente sur le Dvd de Neo Publishing est censurée de 15 minutes. Seule, la VOSTF comporte bien la version intégrale.

    * Bruno
    4èx (326 vues)

    TRAUMA

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                                                          Photo empruntée sur Google, appartenant au site t411.me

    "Burnt Offerings" de Dan Curtis. 1976. U.S.A. 2h00. Avec Oliver Reed, Karen Black, Burgess Meredith, Bette Davis, Dub Taylor, Lee Montgomery, Eileen Heckart.

    Sortie salles U.S: 25 Août 1976 (avant première). 18 Octobre 1976. Inédit en salles en France.

    FILMOGRAPHIE: Dan Curtis est un producteur, scénariste et réalisateur américain, né le 12 Août 1927 à Bridgeport, Connecticut (Etats-Unis), décédé le 27 mars 2006 à Brentwood (Californie). 1966: Dark Shadows (série TV). 1970: La Fiancée du Vampire. 1971: Night of dark shadows. 1973: Dracula. 1973: The Night Strangler (télé-film). 1975: La Poupée de la Terreur. 1976: Trauma. 1977: Dead of Night. 1977: La Malédiction de la veuve noire (télé-film). 1992: Intruders (télé-film). 1996: La Poupée de la terreur 2 (télé-film).


    "J'ai toujours pensé qu'il y avait dans le phénomène des pressentiments quelque chose de surnaturel qui, même, mieux observé, fournirait la preuve de l'immatérialité de l'âme."
    La Maison du Diablel'Emprise, l'Enfant du Diable, les InnocentsNext of Kin, la Maison des Damnés, Shining, le Cercle Infernal... Des chefs-d'oeuvre immuables ayant tous comme particularité d'avoir su provoquer la peur de la maison hantée parmi la dextérité du pouvoir de suggestion. Retour sur un joyau du film de hantise aussi inextinguible que ces illustres homologues ! Pour un coût dérisoire, un couple, leur fils et sa tante emménagent dans une vaste bâtisse durant les congés d'été. Leur seule condition et de s'occuper d'une octogénaire, propriétaire esseulée de la maison logée à une des chambres de l'étage. Peu à peu, d'étranges incidents vont ébranler la tranquillité de la famille Rolfe. Score monocorde aux accents lourds et ombrageux, cadre bucolique d'une résidence séculaire implantée à proximité d'un bois, Trauma insuffle dès son prélude traditionnel une atmosphère d'étrangeté fiévreuse sous son climat solaire. En jouant la carte du mystère régi autour d'une chambre close auquel une étrange octogénaire s'y est blottie pour ne jamais en sortir, Dan Curtis conçoit le plus oppressant des cauchemars surnaturels sous l'allégeance d'une maison maudite. Sans jamais entrevoir la silhouette de cette propriétaire décatie, le réalisateur va entretenir une montée en puissance du suspense jusqu'au climax tétanisant, vision de cauchemar anthologique restée dans les annales de l'effroi ! 


    Entre-temps, Dan Curtis aura pris soin de nous peaufiner l'étude caractérielle de ses personnages lourdement éprouvés par une succession d'incidents inexpliqués ! Sans jamais avoir recours à l'esbroufe d'effets chocs gratuits ou de gore qui tâche, Trauma palpite d'efficacité dans son esprit de suggestion dédié à la psychologie contrariée des personnages. Des protagonistes parfaitement attachants dans leur solidarité familiale mais si faillibles et humainement meurtris puisque mutuellement "possédés" par l'esprit diabolique d'une maison protéiforme. Dans la mesure où cette demeure vintage semble désirer se ravitailler du fluide anxiogène de ses occupants et apprivoiser une "mère porteuse" afin de se régénérer pour la pérennité. Avec le témoignage probant de comédiens habités de tempérament aigri, Trauma insuffle un sentiment d'insécurité permanent auprès de ces occupants jusqu'à venir déteindre sur l'anxiété du spectateur. Habité par l'accablement, Oliver Reed incarne avec fébrilité un paternel aimant totalement dépassé par des incidents domestiques imbitables et surtout rongé par une dépression fluctuante. Dans celui du jeune fils sévèrement molesté par ce dernier et l'entité de la demeure, Lee Montgomery endosse sobrement l'ado fragile en perte de repère paternel. L'immense Bette Davis expose un jeu volontairement sclérosé dans sa pathologie dégénérative tandis que l'inoubliable Karen Black insuffle une obsession ambivalente pour mettre en évidence sa maternité attendrissante, partagée entre l'amour de sa famille et celui de sa nouvelle demeure. 


    Derrière la porte, quelque chose vit...
    En prime de nous marteler l'esprit avec des séquences chocs implacables (les apparitions du chauffeur au rictus dérangé, la mort sacrificielle de la tante, l'attaque des arbres qu'un certain Sam Raimi reprendra dans son fameux Evil-dead !), voir éprouvantes (l'agression du fils dans la piscine par Ben puis un peu plus tard l'autre tentative de noyade par une force maléfique !), Trauma culmine son intensité horrifiante auprès d'un final nihiliste à la violence escarpée. L'aura trouble et persistante émanant des pièces de la demeure, l'intensité oppressante de son climat dépressif et l'originalité audacieuse de son intrigue charpentée acheminent Trauma en référence absolue du Fantastique vintage !

    * Bruno
    20.08.13. 6èx (694 v)

    Dédicace à Christophe Colpaert (pour l'offrande de sa précieuse vostf !)

    DistinctionsPrix du meilleur film d'horreur, meilleur réalisateur et meilleur second rôle féminin pour Bette Davis, par l'Académie des films de science-fiction, fantastique et horreur en 1977.
    Prix du meilleur réalisateur, meilleur acteur pour Burgess Meredith et meilleure actrice pour Karen Black, lors du Festival international du film de Catalogne en 1977.

    LONG WEEK-END

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                                             Photo empruntée sur Google, appartenant au site fan-de-cinema.com

    "Long Weekend" de Colin Egleston. 1978. Australie. 1h32. Avec John Hargreaves, Briony Behets, Mike McEwen, Roy Day, Michael Aitkens.

    Sortie salles France: 30 Juillet 1980. U.S/Australie: 29 Mars 1979

    FILMOGRAPHIEColin Eggleston est un réalisateur australien, né le 23 Septembre 1941 à Melbourne, décédé le 10 Août 2002 à Genève. 1977: Fantasm Comes Again (pseudo Eric Ram). 1978: Long Week-end. 1982: The Little Feller. 1984: Innocent Prey. 1986: Cassandra. 1986: Dakota Harris. 1986: Body Business (télé-film). 1987: Outback Vampires.


    En 1978 sort sur les écrans un modeste film australien au budget dérisoire sous l'égide d'un metteur en scène néophyte dirigeant brillamment 2 comédiens d'autant plus méconnus. A la surprise générale les récompenses pleuvent à contrario de son accueil glacial reçu dans son pays natal ! Antenne d'Or à Avoriaz, Prix Spécial du Jury, Prix de la Critique au Rex de Paris, Meilleur Film, Meilleur Acteur pour John Hargreaves et enfin Prix du Jury à Sitges ! Rien que ça ! Quelques décennies plus tard et un remake amorcé, ce chef-d'oeuvre écolo (terriblement actuel !) garde intact son pouvoir de fascination émanant d'un environnement naturel à la fois follement anxiogène et malsain. Un jeune couple sur le déclin tente de se réconcilier en passant un long week-end dans une nature sauvage à proximité d'une plage. Après avoir planté leur tente sur un bout de terrain vierge, des évènements naturels inexpliqués se produisent et semblent intenter à leur vie ! 


    Avec une économie de moyens et sans aucune outrance spectaculaire, Long Week-end nous intrigue fort habilement en distillant une peur anxiogène par le truchement d'une intrigue d'une rare originalité. Un couple en dérive conjugale tente de s'offrir une seconde chance en pliant bagage vers une destination bucolique le temps d'un week-end. Après avoir planté un univers écolo déjà étrangement atmosphérique, un soin consciencieux est établi auprès de la caractérisation du couple antipathique n'assumant aucune considération pour la faune et la flore. Le mari obtus, adepte de la chasse et des loisirs du camping, passant son temps à inspecter les alentours d'une végétation florissante avant de s'exciter à décharger aussitôt quelques cartouches de fusil sur des volatiles ou mammifères errants. Sexuellement frustrée et irascible pour cause d'avortement et d'adultère, la mégère s'ennuie lamentablement tant et si bien qu'elle se contente de se dorer la pilule au soleil en lisant des magazines érotiques. Totalement impassible à la beauté naturelle du climat bucolique, elle s'avère encore plus irrévérencieuse et haïssable que son époux. Ainsi, après que ce dernier eut été agressé par un rapace, elle écrasera un oeuf fécond contre un arbre par simple rancune.


    Lentement, leur rapport préalablement conflictuel s'exacerbera un peu plus faute d'évènements intrigants découlant du danger sous-jacent de bruit d'animaux tantôt affolés, tantôt éplorés. Mais après que des mammifères eurent été sacrifiés et son massif forestier violé, la nature insidieuse décidera de prendre sa revanche sur ces oppresseurs afin de leur faire payer leur impudence. Ainsi, l'intensité progressive de Long Week-end découle de cet enchevêtrement de comportements primaires perpétrées par deux quidams immatures (pour ne pas dire irresponsables) car extériorisant leur colère, leur caprice et leur ingratitude sur la nature vierge. L'ambiance anxiogène qui y émane, le climat dépressif émanant de leurs rapports péniblement houleux, le sentiment d'insécurité instauré par moult évènements imbitables nous confinant vers un climat malsain d'une puissance visuelle assez claustro. A cet égard, la dernière partie, course de survie pour le couple déboussolé, renforcera ce sentiment oppressant de menace indicible pour autant littéralement prégnante, pour ne pas dire ensorcelante. Le spectateur assistant impuissant à leur fatigue et lassitude morales sous l'impulsion d'une dramaturgie escarpée à l'humour noir abrasif. Trois séquences génialement ubuesques faisant office d'anthologie à travers leur ironie sardonique que le spectateur éprouve néanmoins avec une certaine compassion, de par la mentalité pathétique du duo en perdition. Et donc en épargnant continuellement l'esbroufe,  Colin Egleston cultive avec une rare subtilité (notamment auprès de sa puissance formelle ensorcelante, j'insiste !) un cauchemar écolo aux cimes du fantastique où le malaise palpable s'accapare de notre psyché aussi désorientée que les antagonistes.


    Un crime contre nature
    Scandé d'une partition ombrageuse de Michael Carlos afin de soutenir l'angoisse en crescendo et brillamment incarné par 2 comédiens méconnus jouant les troubles-fêtes avec un naturel idoine, Long Week-end festoie autour du Fantastique le plus éthéré. L'effet de suggestion amorçant de manière si vénéneuse une terreur davantage implacable au coeur d'une végétation naturelle aussi hostile que feutrée. Chef-d'oeuvre auteurisant d'autant plus atypique et formellement vertigineux, Long week-end laisse en état de transe sitôt le générique bouclé, et ce en nous interrogeant notamment sur la cause animale et dame nature vulgairement maltraitées par le plus grand prédateur que la planète eut connu: l'homme ! 

    * Bruno
    16.10.18. 4èx
    10.01.12 (789 vues)

    RécompensesPrix Spécial du JuryPrix de la critique au festival du Rex à Paris en 1979.
    Antenne d'Or au Festival d'Avoriaz en 1979.
    Meilleur Film, Meilleur Acteur (John Hargreaves), Prix du Jury de la critique internationale de Sitges en 1978.

    LA FEMME DE MON POTE

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                                                   Photo empruntée sur Google, appartenant au site ekladata.com

    de Bertrand Blier. 1983. France. 1h40. Avec Coluche, Thierry Lhermitte, Isabelle Hupert, François Perrot, Daniel Colas, Frédérique Michot, Farid Chopel.

    Sortie salles France: 31 Août 1983.

    FILMOGRAPHIE: Bertrand Blier est un réalisateur, scénariste et écrivain français, né le 14 mars 1939 à Boulogne-Billancourt.1967 : Si j'étais un espion. 1974 : Les Valseuses. 1976 : Calmos. 1978 : Préparez vos mouchoirs. 1979 : Buffet froid. 1981 : Beau-père. 1983 : La Femme de mon pote. 1984 : Notre histoire. 1986 : Tenue de soirée. 1989 : Trop belle pour toi. 1991 : Merci la vie. 1993 : Un, deux, trois, soleil. 1996 : Mon homme. 2000 : Les Acteurs. 2003 : Les Côtelettes. 2005 : Combien tu m'aimes ? 2010 : Le Bruit des glaçons. 2019 : Convoi exceptionnel.


    "Le meilleur souvenir que garde une femme d'une liaison c'est l'infidélité qu'elle lui a faite." 
    Tendre comédie acide fondée sur les rapports insidieux d'un triangle amoureux en proie au doute et à la ferveur de la passion, La Femme de mon pote est servi par de formidables acteurs sous la houlette de l'auteur Bertrand Blier maîtrisant son sujet avec la personnalité corrosive qu'on lui connait (notamment à travers ses dialogues plutôt chiadés !). Alors que Pascal multiplie les conquêtes  féminines grâce à son physique plutôt avantageux, son meilleur pote Micky lui sermonne à nouveau la morale de ne plus tomber amoureux d'une inconnue depuis sa nouvelle fréquentation avec la séduisante Viviane. Or, à son tour Micky se laisse aguicher par les avances de cette dernière experte dans l'art de duper ses proies masculines. Comédie aigre douce abordant avec humanité et sensibilité les thèmes de l'infidélité et de la trahison par le biais d'une amitié indéfectible, La Femme de mon pote provoque une émotion empathique lorsque deux meilleurs amis cèdent finalement à la médiation faute du pouvoir vénéneux, pour ne pas dire irrépressible de l'amour. Bertrand Blier n'accusant jamais ses personnages à la fois fragiles, torturés et contrariés de par l'ivresse sentimentale qu'ils s'adonnent avec autant de remord et contradiction dans leur soif de chérir et d'être aimé.


    Si Thierry Lhermitte et Coluche forment une complicité versatile à travers leur solide amitié subrepticement écornée par les sentiments de lâcheté et de solitude, la pétillante Isabelle Huppert  rivalise de douce exubérance en allumeuse instable pour autant affublée d'une inopinée tendresse pour ses ultimes prétendants. A travers leurs situations conjugales sensiblement cocasses et parfois cruelles, ils forment un trio masochiste en amants trompés avec l'espoir d'emporter la mise pour servir leur ego. A titre subsidiaire, on peut rappeler que le récit s'inspire d'une histoire vraie si bien que Coluche eut une liaison avec l'ex d'un de ses meilleurs amis Patrick Dewaere, décédé récemment avant la sortie du film. D'ailleurs, initialement, celui-ci et Miou Miou devaient mutuellement incarner les rôles de Pascal et Viviane, mais face à la soudaine tragédie Miou Miou réfuta le rôle quand bien même Coluche faillit également se désister du tournage avant de se raviser, à regret, si bien qu'il garde un mauvais souvenir du tournage (notamment en rapport à son addiction pour la drogue). Enfin, les critiques de l'époque ne furent guère tendres pour soutenir le nouveau Bertrand Blier (un peu moins ambitieux que ces précédentes réussites il est vrai !) alors que le public se déplaça dans les salles avec 1 485 746 entrées.


    D'une surprenante et attachante tendresse mélancolique entre 2,3 verves pittoresques, La Femme de mon pote milite avant tout pour la fidélité amicale afin de se préserver des exubérances (ambivalentes) de l'amour le plus insolent et aguicheur. A revoir ne serait ce que pour le trio Lhermitte / Coluche / Huppert (plus belle que jamais !) assez impliqués dans leur posture socialement incorrecte pour autant bonnard.  

    * Bruno

    THE HAUNTING OF HILL HOUSE

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                                                   Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

    de Mike Flanagan. 2018. U.S.A. 10 x 55'. Avec Michiel Huisman, Carla Gugino, Henry Thomas, Elizabeth Reaser, Oliver Jackson-Cohen, Kate Siegel, Victoria Pedretti, Lulu Wilson, Mckenna Grace, Paxton Singleton, Julian Hilliard, Violet McGraw, Timothy Hutton.

    Diffusé sur Netflix le 12 Octobre 2018 

    FILMOGRAPHIE: Mike Flanagan, né en 20 mai 1978 à Salem (Massachusetts), est un cinéaste américain. 2000 : Makebelieve. 2001 : Still Life. 2003 : Ghosts of Hamilton Street. 2006 : Oculus: Chapter 3 - The Man with the Plan. 2011 : Absentia. 2013 : The Mirror (Oculus). 2016 : Pas un bruit (Hush). 2016 : Before I Wake. 2016 : Ouija : les origines. 2017 : Jessie (Gerald's Game). 2018: The Haunting of Hill house (TV). 2020: Dr Sleep.


    THE HAUNTING OF HILL HOUSE ou la série qui fit de Mike Flaganan un grand nom de l'épouvante !

    Quand on y repense a posteriori du visionnage de la série, "The Haunting of Hill House" n'avait finalement pas beaucoup d'arguments originaux pour attiser notre curiosité. Son statut d'anthologie horrifique ? Face au succès, les séries de ce type prolifèrent ces dernières années, Netflix se devait seulement d'avoir la sienne pour surfer sur la vague. Une histoire de maison hantée ? À part quelques exceptions, le cinéma d'épouvante mainstream US tourne en rond sur le sujet en répétant inlassablement les mêmes jumpscares jusqu'à l'overdose et, à la télévision, récemment, seule la première saison de "American Horror Story" a marqué les esprits avec ce sujet et ce format mais en bousculant les règles afin de créer son propre ton si particulier qui a fait sa renommée. Une nouvelle adaptation du roman de Shirley Jackson ? Malgré son casting de luxe, la dernière en date, l'insipide "Hantise" de Jan de Bont, n'a pas laissé un souvenir impérissable.
    Non, en fait, à bien y repenser, il n'y avait décidément pas beaucoup d'arguments pour justifier l'enthousiasme autour d'un tel projet... excepté peut-être un nom, celui de Mike Flanagan.
    Pour les amateurs de (bon) cinéma de genre, la seule évocation de ce cinéaste a suffit à faire de "The Haunting of Hill House" un projet suscitant les plus vives attentes. Réalisateur touche-à-tout dans le domaine de l'épouvante, Mike Flanagan est devenue un nom incontournable avec une filmographie en constante progression qualitative où les excellents faits d'armes ne cessent d'enchaîner. Dernièrement, il a d'ailleurs miraculeusement signé une suite potable au catastrophique "Ouija" (une ovation rien que pour ça) et une des meilleures adaptations d'un roman de Stephen King, "Jessie", avant de prochainement rempiler avec une autre très attendue, "Dr Sleep". Autant dire qu'avec tout ça, le bonhomme était déjà considéré comme un grand en devenir... "The Haunting of Hill House" va tout simplement nous démontrer qu'il en est désormais un.


    La première grande force de la série est de s'éloigner intelligemment de l'histoire d'origine (après tout, comment faire mieux que la version de Robert Wise en terme d'adaptation ?) pour n'en garder que l'essence de maison hantée pernicieuse et quelques noms bien connus. Le contexte surnaturel est donc bel est bien là mais il n'est ici que l'instrument métaphorique servant à dérégler un récit se focalisant avant tout sur une famille rongée par les non-dits d'une tragédie. Éclaté principalement sur deux époques, "The Haunting of Hill House" nous raconte en parallèle les événements engendrés par l'influence de la mystérieuse demeure qui ont conduit à la mort de la mère et leurs ravages des années plus tard sur les cinq enfants portant encore plus ou moins consciemment cette cicatrice à jamais inexpliquée. Le drame humain qui se joue est véritablement le coeur de la série, sa construction le traduit d'ailleurs sans peine. Les premiers épisodes se fixent ainsi sur chacun des enfants pour renvoyer sans cesse leurs souffrances présentes à des fragments de cette période vécue par chacun dans la maison et, surtout, la série va s'articuler autour de deux points-clés, deux "nuits" dont on ne sait rien : le drame premier de leur mère, celui les ayant séparé et devenant clairement le brouillard à dissiper afin de comprendre tous les tenants et aboutissants en bout de course, et un malheur contemporain qui va les pousser à se réunir, à enfin confronter leurs tourments existentiels les dévorant depuis leur jeunesse à jamais traumatisée.
    Le passage de ces enfants insouciants dans la flippante Hill House aura donné naissance à Steven, un auteur ayant trahi la confiance des siens en racontant un récit auquel il ne croit même pas, Shirley, une entrepreneuse de pompes funèbres psychorigide, Luke, un toxicomane au comportement aussi destructeur pour lui que pour son entourage, Theodora, une psychologue se sentant obligée de s'isoler à cause d'une malédiction qui lui est propre et Nell, une jeune femme poursuivie par des apparitions de sa jeunesse...


    Les maux du présent des enfants de la famille Crain sont donc bien issus de portes non refermées sur leur passé par le lien qu'ils entretiennent plus ou moins explicitement avec lui. Celui de Nell est le plus évident et la première moitié de saison va s'articuler autour de ce mystère/fil rouge pour déboucher sur un extraordinaire cinquième épisode, petit chef-d'oeuvre à lui tout seul avec ses dernières minutes laissant bouche bée de surprise et mini-conclusion en quelque sorte à une longue période de déchirements des personnages amenés désormais à se réunir par la force du destin. Les retrouvailles ne se feront pas sans heurts mais la nécessité de lever le voile sur cette période de leur vie qui les poursuit sera la plus forte et mettre un terme à des décennies d'ombres dans leur vie passera forcément par la fin du silence de leur père...
    "The Haunting of Hill House" est donc d'abord l'histoire d'un drame familial habité par des personnages passionnants dont les portraits travaillés par des ricochets passé/présent jamais aléatoires ne cessent de renforcer notre attachement envers eux grâce à une écriture confinant à la perfection. On ne vous en dira pas plus mais sachez juste que la reconstruction difficile de cette cellule familiale dissoute à la fois par l'impossibilité du deuil, par l'irrationalité d'un passé qu'elle ne peut/veut reconnaître et par le sacrifice d'un père croyant bien faire pour épargner la vérité d'une tragédie à ses enfants se conclura de la manière la plus brillante qu'il soit en faisant monter la justesse des émotions qui habitent le propos à son paroxysme...


    Mais "The Haunting of House Hill" se devait bien sûr aussi de faire sérieusement monter la jauge du trouilllomètre pour ne pas faillir à la réputation de l'oeuvre dont elle s'inspire. Mike Flanagan l'a bien compris et, au cours des dix épisodes qu'il réalise intégralement (chose rare), le réalisateur va revenir à la base d'un surnaturel dont on croit tout connaître pour être en adéquation totale avec le réalisme du drame et de ses personnages.
    Là où un James Wan ne sait plus quoi dire et est parti vers d'autres horizons en confiant les clés de son univers "Conjuring"à d'autres dans l'espoir qu'ils le renouvellent, Mike Flanagan, lui, paraît n'en être qu'au début de son potentiel dans le domaine au vu de l'inventivité constante dont il fait preuve. Même s'il utilise quelques incontournables du genre (il y a bien des jumpscares mais, utilisés avec parcimonie et sans abus, ils ne sont qu'un instrument parmi tant d'autres pour véhiculer la peur), le cinéaste mise avant tout sur l'atmosphère de la fameuse maison hantée qui, à l'instar des personnages, nous enveloppe pour ne plus nous lâcher. En jouant avec les codes de l'épouvante par une mise en scène habile qui ne tombe jamais dans le surplus artificiel d'apparitions, chaque pièce sombre de la demeure tout aussi sinistre que magnifique (elle est un personnage à part entière) devient susceptible d'abriter une menace surnaturelle, nous mettant dans une tension permanente à guetter chacune des manifestations étranges qu'elles peuvent receler (celles-ci sont d'ailleurs parfois dissimulées furtivement en arrière-plan dans le but de renforcer le trouble sur ce que vient de voir le spectateur). Et puis, la grande majorité des occupants fantômes de la maison sont de vrais réussites, chacun empruntant quelque chose de viscéralement primaire aux terreurs qu'ils cherchent à exprimer (l'homme à la canne rappelle presque un dessin d'enfant dans sa représentation par exemple), ne faisant que renforcer leur impact dès qu'ils surgissent à l'écran.
    Cette variété d'êtres paranormaux couplée à la réalisation subtile et toujours en recherche du meilleur moyen d'insuffler de la peur d'un Flanagan en état de grâce font de "The Haunting of Hill House" un summum d'ambiance de l'épouvante comme on en n'avait plus connu depuis longtemps, le fait que cela provienne du format si particulier d'une série en est d'autant plus impressionnant.


    Enfin, impossible de ne pas souligner une distribution d'acteurs tous au diapason de la qualité de l'ensemble. Que cela soit les enfants (les déjà presque vétérantes McKenna Grace et Lulu Wilson sont bluffantes mais les interprètes des petits jumeaux ne sont pas en reste) ou les adultes joués par des têtes bien connues du cinéma de Flanagan (son épouse Kate Siegel, Elizabeth Reaser, Henry Thomas, ...), l'ensemble du casting semble conscient de la partition parfaite qu'il lui est offert et s'en empare à sa juste mesure. On s'arrêtera aussi plus particulièrement sur les prestations démentes de celles qui sont au coeur des deux événements centraux de la série : la révélation Victoria Pedretti dans le rôle de Nell adulte (ce n'est que son premier rôle, punaise !) et la confirmation Carla Gugino, actrice trop souvent cantonnée à des seconds rôles mais au talent indéniable que Flanagan met en avant depuis "Jessie".

    Avec "The Haunting of the Hill House", Mike Flanagan ridiculise tout simplement un nombre inquantifiable de produits formatés d'un certain cinéma d'épouvante US qui ne sait plus comment effrayer le spectateur autrement qu'en empilant des jumpscares risibles. En mettant le drame humain à hauteur égale avec le surnaturel, le cinéaste a tout simplement réussi un miracle d'équilibre entre la peur et les larmes et ce, sur la durée incroyable de dix heures sans jamais faillir. Bref, vous l'aurez compris, "The Haunting of Hill House" est probablement une des (la ?) meilleures anthologies d'épouvante jamais réalisées et qui consacre son créateur comme un des très grands noms du genre pour les années à venir. Un bijou de la première à la dernière minute qu'il est interdit de manquer....

    Frederic Serbource.

    ERREMENTARI. Prix du Public, San Sebastian, 2017.

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    "Le forgeron et le diable" de Paul Urkijo. 2017. France/Espagne. 1h39. Avec Kandido Uranga, Uma Bracaglia, Eneko Sagardoy, Ramón Aguirre, José Ramón Argoitia, Josean Bengoetxea, Gotzon Sanchez.

    Diffusé sur Netflix le 17 Octobre 2018. Sortie salles Gerardmer: 3 Février 2018.

    FILMOGRAPHIEPaul Urkijo Alijo est un réalisateur, scénariste et producteur espagnol, né le 22 Juin 1984. 2017: Errementari.


    "Comptez les pois chiches !"
    Ovni ibérique passé par la lucarne Netflix, Errementari est une expérience visuelle hors du commun, un choc esthétique démonial à la lisière du cinéma gothique de Mario Bava et du conte de fée occulte initié par Ridley Scott depuis Legend. C'est simple, depuis cette oeuvre culte (perfectible et maladroite mais visuellement tant gracile) on n'avait pas reluqué au cinéma un Belzébuth aussi expressif, rutilant et persifleur dans sa posture contrairement soumise si bien que le néophyte Paul Urkijo (il s'agit de sa toute 1ère réal !) se permet en outre d'illustrer en point d'orgue son cocon familial comme si vous y étiez !!! Car il faut savoir qu'à travers cette fulgurance esthétique littéralement picturale nous avions affaire à la plus belle vision de l'enfer depuis les expérimentations métaphysiques de Ken Russel (Au-delà du Réel), José Mojica Marins (l'Eveil de la Bête) ou encore de Riccardo Freda (Maciste en Enfer dans un domaine autrement kitch et bisseux). Quant au pitch à la fois loufoque, inquiétant, insolent et décomplexé, il demeure un concentré d'émotions hybrides (pour ne pas dire génialement contradictoires !) si bien que le spectateur éminemment ensorcelé par sa facture ténébreuse renoue avec son âme d'enfant avec des yeux d'émerveillement ! (du moins chez tous les férus de conte de fée au goût délicieusement frelaté de cauchemar gothique). Paul Urkijo, infiniment très inspiré et jamais à court d'inventions (cartoonesques) et retournements de situations, ne cessant de nous surprendre et donner le tournis à travers une scénographie d'une puissance enchanteresse hyper réaliste !


    Notamment de par sa photo léchée ultra contrastée (éclairée de gélatines rouges, ocres et azur) et ses décors naturels d'une fulgurance onirique à damner le saint le plus timoré ! Mais pour en revenir à l'histoire inspirée d'une illustre légende (et produite par Alex de la Iglesias, excusez du peu !), la voici brièvement condensée: Après avoir voué un pacte avec le diable afin de rester en vie pour retrouver sa femme après la guerre (carliste) de 1835, un forgeron parvient à le kidnapper au sein de sa forge customisée en forteresse. 8 ans plus tard, et de manière résolument aléatoire, il se lie d'amitié avec une orpheline dans un concours de circonstances fureteuses et hostiles, notamment eu égard d'un mystérieux ministre et des villageois résignés à se débarrasser de lui depuis sa sinistre réputation criminelle.  L'art suprême du cinéma chimérique, c'est parvenir avec passion, intégrité, goût du réalisme et ambition singulière à nous faire croire à l'improbable ! Parvenir à travers une temporalité minimaliste (comptez ici 1h38, générique compris, bon dieu que le temps s'épuise vite !) à nous évader au coeur d'un univers de fantasy où fantastique, gothisme, horreur et humour macabre se télescopent avec une fluidité insoupçonnée. Car si Errementari parvient autant à fasciner, amuser et attiser notre curiosité, il le doit autant au développement indécis de sa narration plus intelligente et tendre qu'elle n'y parait (notamment auprès des valeurs familiales que le duo cultive incidemment et du sens du sacrifice pour l'enjeu d'une rédemption) et à ces personnages complètement décalés et au caractère bien trempé que le cinéaste imprime sur pellicule dans un esprit bonnard étonnamment débridé, héroïque et sardonique. Imaginez simplement de parcourir en images, les yeux pleins d'étoiles, une destinée inusité, une guerre aussi improbable qu'impitoyable entre un simple forgeron et un diablotin cabotin ! Pire encore, imaginez ce même forgeron arpenter à l'aide d'une immense cloche or massif l'antre de l'enfer à l'instar d'un Maciste sclérosé pour autant mastard !


    Patxi en Enfer
    Bref, arrêtons nous là, j'en ai déjà trop dit, ruez vous le plus naturellement du monde sur cette pépite hispanique après avoir déboursé votre ticket pour l'enfer, quitte à ne plus jamais y revenir. Où plutôt avec la volonté irrépressible d'y retourner afin de savourer (sans modération) les tribulations génialement grotesques, infernales et jouissives de Patxi et Usue ! Sans compter que Paul Urkijo vient d'estampiller sur sa bobine novice (et de manière impromptue !) le plus grand héros lambda de tous les temps ! 

    * Bruno

    Récompense: Prix du Public du 28e Festival du Cinema Fantastique et de Terreur de San Sebastian, an 2017

    LE MAITRE D'ECOLE

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                                                     Photo empruntée sur Google, appartenant au site ekladata.com

    de Claude Berri. 1981. France. 1h35. Avec Coluche, Josiane Balasko, Jacques Debary, Charlotte de Turckheim, Roland Giraud, André Chaumeau, Jean Champion.

    Sortie salle France: 28 Octobre 1981

    FILMOGRAPHIE:Claude Langmann, dit Claude Berri, est un réalisateur, scénariste, producteur et acteur français, né le 1er juillet 1934, décédé le 12 janvier 2009. 1964: Les Baisers (segment « Baiser de 16 ans »). La Chance et l'amour (segment « La Chance du guerrier »). 1966: Le Vieil homme et l'enfant. 1968 Mazel Tov ou le Mariage. 1969: Le Pistonné . 1970: Le Cinéma de papa. 1972: Sex-shop. 1975: Le Mâle du siècle. 1976: La Première fois. 1977: Un moment d'égarement. 1980: Je vous aime. 1981: Le Maître d'école. 1983: Tchao Pantin. 1986: Jean de Florette. Manon des sources. 1990: Uranus. 1993: Germinal. 1996: Lucie Aubrac. 1999: La débandade. 2001: Une femme de ménage. 2004: L'Un reste, l'autre part. 2006: Ensemble, c'est tout. 2009: Trésor.


    Comédie scolaire pleine de légèreté, de cocasserie et d'humanisme sous l'impulsion d'enfants turbulents et d'un instituteur suppléant s'efforçant de les éduquer avec un amateurisme payant, le Maître d'école parvient à séduire notamment grâce au talent de son auteur Claude Berri. Ce dernier dirigeant les marmots (anti têtes à claque !) avec souci de réalisme documenté eu égard du jeu expressif car criant de naturel des comédiens infantiles. On peut d'ailleurs s'interroger sur l'éventuelle improvisation de certaines séquences scolaires tant les enfants parviennent communément à communiquer leurs émotions avec une candeur dépouillée. Quant à la présence notoire de Coluche  (bordel, comme tu nous manques !), il se fond admirablement dans le corps enseignant avec une attachante maladresse à travers son désir d'éveiller l'esprit des enfants ("les inciter à réfléchir par eux mêmes"évoqueront le directeur ainsi qu'un conseiller pédagogue). L'acteur particulièrement complice auprès des enfants militant pour la révérence, la compréhension, le discernement, la tolérance ainsi que beaucoup de patience afin de parfaire leur éducation.


    Au-delà de son climat à la fois tendre et pittoresque, le film aborde en filigrane des thèmes majeurs de l'époque, telle la signification de l'homosexualité ("ce n'est pas une maladie" s'exclamera Coluche aux enfants en proie à l'incompréhension !) et la question de la peine de mort et du syndicat au moment même où l'école traverse une crise socio-politique de par son manque d'effectif à trouver un remplaçant après la dépression d'une de leur enseignante (fraîchement incarnée par une Josiane Balasko juvénile au bord de la crise de nerf). Et si l'intrigue assez routinière et peu surprenante manque de substantialité, le Maître d'école est transcendé par le touchant parcours initiatique de cet instituteur suppléant en proie à l'ambition pédagogue auprès d'une génération infantile en formation cérébrale. Témoignage nostalgique de cette génération 80 déjà soucieuse de la progression du chômage et de la haine du racisme. Pour autant, et dans son parti-pris assumé de nous divertir avec simplicité (notamment à travers les récurrentes batailles de nourriture au sein de la cantine), Claude Berri compose le plus sincèrement quelques séquences assez drôles ou cocasses lors de confrontations entre élèves et instituteurs, et ce avant de nous susciter un sourire jovial de bambin autour (du bouquet final) d'un mariage festoyant. Les élèves étant également invités à la réception pour se confondre parmi les adultes lors d'une danse frétillante que Richard Gotainer compose à travers un tube décomplexé. Pour ma part une vraie séquence anthologique dans son alliage si expansif de bonne humeur, d'insouciance et de ferveur communicatives ! Les spectateurs de l'époque s'y sont d'ailleurs aussi rués en masse avec plus de 3 105 596 entrées !

    * Bruno
    3èx
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