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LES INNOCENTS (The Innocents). Prix Edgar-Allan-Poe du meilleur scénario.

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                                                             Photo empruntée sur Google, appartenant au site peoplearecrying.blogspot.com

de Jack Clayton. 1961. Angleterre. 1h40. Avec Deborah Kerr, Michael Redgrave, Peter Wyngarde, Megs Jenkins, Pamela Franklin. 

Récompense: Prix Edgar-Allan-Poe du Meilleur scénario

Sortie salles France: 16 Mai 1962

FILMOGRAPHIE: Jack Clayton est un réalisateur, producteur et scénariste anglais, né le 1er mars 1921 à Brighton, décédé le 26 Février 1995 à Slough (Royaume-Uni).
1959: Les Chemins de la haute ville. 1961: Les Innocents. 1964: Le Mangeur de Citrouilles. 1967: Chaque soir à 9 heures. 1974: Gatsby le magnifique. 1983: La Foire des Ténèbres. 1987: The Lonely passion of Judith Hearne. 1992: Memento Mori (télé-film).


Quintessence du cinéma fantastique pur et dur, dans le sens éthéré et abrupt, Les Innocents est un cauchemar sur pellicule que notre cerveau emmagasine à l'instar d'une épreuve de force. Modèle d'écriture dans sa narration ciselée entièrement vouée à la psychologie torturée de ces personnages, Les Innocents emprunte aux thèmes de la hantise, de la possession et de l'enfant maléfique avec une force de persuasion sans égale ! Car c'est dans le pouvoir de suggestion que Jack Clayton réussit à se surpasser pour traiter d'une histoire démoniaque où deux enfants espiègles vont être sévèrement réprimandés par leur nouvelle gouvernante. Cette dernière étant persuadée qu'ils sont à l'origine d'une malédiction invoquée par leur ancien valet de maison, Quint. Seulement, elle apprend par la nourrice que ce dernier a rendu l'âme lors d'un accident mortel remettant en cause son ébriété. Qui plus est, l'ancienne gouvernante, Miss Jessel, a notamment succombé à une mort subite après avoir eu une liaison amoureuse particulièrement licencieuse avec lui. Face à l'attitude insolente des enfants et leur comportement interlope, la nouvelle maîtresse de maison, Miss Giddens, est persuadée qu'ils sont l'objet d'une manipulation diabolique entretenue par les fantômes des amants. Ces suspicions se sont d'autant mieux confirmées depuis qu'elle a vu apparaître à plusieurs reprises les silhouettes de Quint et de Miss Jessel au sein de la maison et aux alentours du parc.


Ce scénario habilement charpenté, Jack Clayton le maîtrise avec une rare subtilité dans sa gestion d'une angoisse tangible où le malaise diffus n'épargne jamais le spectateur ! Epaulé de la photographie en clair-obscur du grand Freddie Francis, les jeux d'ombre et de lumière qui s'y imposent amplifient ce sentiment d'insécurité perçu à l'intérieur de la bâtisse victorienne. En jouant sur l'aspect gothique et intimiste des pièces de cette vaste demeure et sur le regard angélique de bambins prétendument innocents, le réalisateur insuffle notamment un climat malsain des plus contraignants lorsqu'une gouvernante anxieuse est persuadée qu'une force maléfique a pris possession de leurs âmes. Mais la grande force du récit réside dans sa capacité à entretenir le doute dans l'esprit du spectateur, puisque Miss Giddens est représentée comme la noblesse d'une femme docile mais à la psychologie si névrosée que sa sensibilité laisse peut-être extérioriser un délire de persécution. A cause du comportement perspicace d'enfants diablotins et des visions fantomatiques qui envahissent son esprit, Miss Giddens n'est donc éventuellement que la victime de son autosuggestion et de sa détermination à vouloir purifier ces enfants de la perversion ! 


Dérangeant, anxiogène et perturbant, Les Innocents est un cauchemar implacable d'une puissance émotionnelle trouble et d'une cruauté d'autant plus tragique (son point d'orgue épouvantablement nihiliste confine au traumatisme pour nous hanter à jamais de son irrésolution !). Son climat malsain est d'autant plus déstabilisant et équivoque qu'il touche à la candeur d'enfants potentiellement pernicieux et ne cesse de remettre en question la conviction d'une gouvernante (Deborah Kerr transcende un jeu transi d'émoi dans son regard exorbité !) rongée par la paranoïa, voire peut-être aussi le refoulement sexuel ! Un joyau d'une noirceur insondable puisque la vérité ne nous sera jamais autorisé (Henry James lui même s'est refusé à ébruiter le moindre indice !) afin de démystifier la culpabilité de Miss Giddens, des enfants et des amants d'outre-tombe  ! 

Bruno Matéï
3èx


BLACK CHRISTMAS (Silent Night Evil Night)

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                                                                              Photo empruntée sur Google, appartenant au site arte.tv

de Bob Clark. 1974. Canada. 1h38. Avec Olivia Hussey, Keir Dullea, Margot Kidder, John Saxon, Andrea Martin, Marian Waldman.

Récompense: Prix de la meilleure actrice pour Margot Kidder et meilleur montage son pour Kenneth Heeley-Ray, au Canadian Film Awards, 1975.

Sortie salles Canada: 11 Octobre 1974. U.S: 20 Décembre 1974 

FILMOGRAPHIE SELECTIVE: Bob Clark est un réalisateur, scénariste, acteur et producteur américain, né le 5 Août 1941 à La Nouvelle-Orléans, en Louisiane (Etats-Unis), décédé le 4 Avril 2007 à Pacific Palisades, en Californie.
1966: The Emperor's New Clothes. 1967: She-Man. 1972: Children Shouldn't play with dead things. 1974: Le Mort-Vivant. 1974: Black Christmas. 1979: Meurtre par décret. 1980: Un Fils pour l'été. 1982: Porky's. 1983: Porky's 2. 1983: A Christmas Story. 1984: Rhinestone. 1985: Turk 182 ! 1987: From the Hip. 1990: Loose Cannons. 1995: Derby (télé-film). 1999: P'tits génies. 2004: SuperBabies.


Pièce fondatrice du psycho-killer (aujourd'hui traditionnellement nommé slasher !), Black Christmas détourne les codes du genre horrifique avec une perspicacité peu commune. Sa mise en scène affûtée s'opposant aux conventions avec originalité et sens de dérision macabre. Partant de ce simple postulat, des étudiantes d'une résidence sont harcelées au téléphone par un psychopathe et vont disparaître une à une sous l'autorité perplexe de la police, Bob Clark érige sa mise en scène de manière circonspecte afin de faire naître un suspense lattent qui ira crescendo. L'idée retorse génialement exploitée dans ce thriller oppressant part du principe que le tueur s'est réfugié à l'endroit même où les victimes résident. Une stratégie perfide que l'inconnu sans visage (établi en caméra subjective !) intente afin de mieux les piéger et pouvoir accomplir impunément ses exactions. Planqué dans le grenier après avoir assassiné deux locataires, il n'aura de cesse d'importuner au téléphone ses jeunes filles démunies en attendant de frapper à nouveau au moment opportun ! Alors que la populace et la police imaginent que le meurtrier est en externe de la bâtisse et tentent vainement de retrouver la première disparue sous la neige, ce dernier perpétue tranquillement son rituel en se raillant des étudiantes par l'entremise du téléphone (ses divagations verbales provoquent un réel malaise dans sa tonalité criarde !).


Ce harcèlement au combiné est une nouvelle trouvaille que Bob Clark exploite ingénieusement afin de susciter l'anxiété sans avoir recours aux ficelles balisées. Qui plus est, la présence fantomatique de l'assassin suggérée en vue subjective exacerbe ce sentiment d'inquiétude et d'insécurité régie en interne du huis-clos. D'ailleurs, la manière dont il assassine ses victimes sans pouvoir se faire appréhender s'avère également convaincante par son comportement studieux, méthodique et sournois. Une autre astuce ironiquement macabre est notamment utilisée lorsque la première victime inerte est installée aux abords d'une fenêtre du grenier devant l'oeil impuissant de la police et des habitants ! Car durant tout le film, les allées-et-venues des témoins autour de la demeure ne prêteront jamais attention à élever la tête au niveau de l'étage du grenier ! Au niveau de l'exécution des meurtres, Bob Clark innove encore sans faire preuve d'esbroufe car privilégiant plutôt l'aspect concis ou stylisé de l'acte meurtrier hérité du giallo (je pense à la mise à mort fantasmatique de Barbie durant son sommeil). Toujours voué à casser les codes du genre, le réalisateur introduit notamment quelques séquences pittoresques plutôt hilarantes lorsque deux flics sont pris d'un fou-rire pour se railler d'un collègue maladroit ne comprenant pas la signification du mot fellation ! Enfin, et de manière exponentielle, Bob Clark culmine un final des plus terrifiants où les rebondissements détonnent par leur impact manipulateur tout en nous laissant dans l'interrogation quand au sort réservé à la dernière survivante !


Précurseur des oeuvres notoires Halloween, Terreur sur la Ligne et tous les ersatz qui tenteront d'émuler la même recette, Black Christmas transcende le psycho-killer avec un sens du suspense méticuleux à l'efficacité éprouvée ! Un chef-d'oeuvre d'une surprenante modernité dans sa mise en scène roublarde proprement révolutionnaire !  

Bruno Matéï
2èx

LA GUERRE DU FEU (Quest for Fire). César du Meilleur Film

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                                                                             Photo empruntée sur Google, appartenant au site relamovies.com

de Jean Jacques Annaud. 1981. France/Canada. 1h36. Avec Everett McGill, Ron Perlman, Nicholas Kadi, Rae Dawn Chong.

Récompenses: César du Meilleur Film, César du Meilleur Réalisateur

Sortie salles France: 16 Décembre 1981. Canada: 10 Février 1982

FILMOGRAPHIE: Jean-Jacques Annaud est un réalisateur et scénariste français, né le 1er Octobre 1943 à Juvisy-sur-Orge (Essonne).
1976: La Victoire en Chantant. 1979: Coup de Tête. 1981: La Guerre du Feu. 1986: Le Nom de la Rose. 1988: L'Ours. 1992: L'Amant. 1995: Guillaumet, les ailes du courage. 1997: 7 ans au Tibet. 2001: Stalingard. 2004: Deux Frères. 2007: Sa Majesté Minor. 2011: Or Noir. 2015: Wolf Totem.


Il y a 80 000 ans se levait l'aube de l'humanité. L'homme préhistorique savait conserver le feu offert par les hasards de la nature: foudre, éruptions volcaniques. Mais il ne savait pas le créer artificiellement. Ce feu, pour nous, si banal, était l'enjeu de rivalités impitoyables. En ces âges farouches, le feu assurait la survie de notre espèce. Il servait à l'homme pour se protéger des froids terribles des glaciations, écarter les animaux féroces, cuir les viandes. Les hordes s'organisaient autour de sa claire puissance bienfaitrice. Ceux qui le possédaient possédaient la vie. 

Succès mondial lors de sa sortie, auréolé chez nous du César du Meilleur Film, La Guerre du Feu est un ambitieux projet à vocation pédagogique que Jean-Jacques Annaud relève afin de reconstituer l'époque du Paléolithique. Une première dans l'histoire du cinéma puisque le réalisateur traite son sujet avec souci de réalisme dans sa structure historique, dans sa violence graphique imposée (affrontements sanglants assez crus) mais aussi dans la physionomie des acteurs au faciès simiesque ! On est donc loin ici des ersatz transalpins qui exploiteront rapidement le filon dans une précarité de système Z à but foncièrement mercantile !


Notre aventure débute donc avec l'expédition de trois guerriers de la tribu des Ulam contraints de quitter leur contrée pour partir conquérir le feu après l'avoir égaré dans un récipient. A partir de ce simple canevas, le réalisateur nous offre un captivant récit d'aventure chargé de souffle épique dans ces batailles adverses que nos trois héros vont devoir braver durant leur périple. Récit initiatique, leçon de vie pour l'évolution humaine, La Guerre du Feu se porte en humble témoignage afin de rendre hommage à nos ancêtres où leur destinée de survie s'avérait particulièrement précaire. Incessamment confrontés à l'hiver climatique d'une nature sauvage, aux rivalités des tribus et à l'hostilité d'animaux affamés, nos héros vont devoir évaluer leur sens de bravoure afin de s'approprier la denrée du feu et le créer indépendamment. Par leur épreuve de survie, leur désir de préserver leur dynastie mais aussi leur esprit de curiosité, ils vont défier la peur et apprendre les sens du mot amour, respect, fraternité et humour en se mesurant à la culture des tribus étrangères. A travers le caractère primitif de l'homme, capable de perpétrer impunément un viol sur une étrangère, Jean Jacques Annaud illustre notamment notre instinct machiste et phallocrate avant de nous inculquer la valeur essentielle de l'amour. Car à travers la relation humaine partagée entre Naoh et Ika, le réalisateur réinvente sous nos yeux le prémices de l'amour quand deux amants sont communément épris de sentiments avant de procréer leur descendance.


Projet casse-gueule réputé inadaptable, voir peu convaincant du point de vue de certains scientifiques, La Guerre du Feu réussit pourtant l'exploit de retranscrire le Paléolithique avec souci de réalisme studieux. Esthétiquement magnifique dans ces décors naturels montagneux et épaulé du jeu intense des comédiens, Jean-Jacques Annaud accorde autant de crédit au sens du mot spectacle dans cette aventure lyrique où le feu reste la convoitise indéniable pour nos ancêtres afin de se prémunir de leur destinée. 

Bruno Matéï
4èx 

    HIDDEN (The Hidden). Grand Prix Avoriaz 1988.

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                                                         Photo empruntée sur Google, appartenant au site backtothemovieposters.blogspot.com

    de Jack Sholder. 1987. U.S.A. 1h36. Avec Kyle MacLachlan, Michael Nouri, Claudia Christian, Clarence Felder, Clu Gulager, Ed O'Ross, William Boyett.

    Sortie salles France: 23 Mars 1988. U.S: 20 Octobre 1987

    RécompensesGrand Prix au Festival d'Avoriaz, 1988
    Prix du Jury de la critique internationale et prix du meilleur acteur pour Michael Nouri, lors du Festival du film de Catalogne en 1987.
    Prix du meilleur réalisateur et nomination au prix du meilleur film au festival Fantasporto en 1988.

    FILMOGRAPHIE (source wikipedia): Jack Sholder est un réalisateur américain, né le 8 juin 1945 à Philadelphia.
    1973: The Garden Party (court-métrage). 1982: Alone in the dark. 1985: Le Revanche de Freddy. 1987: Hidden. 1988: Vietnam War Story 2. 1989: Flic et Rebelle. 1990: By Dawn's Early Light (télé-film). 1993: 12H01: prisonnier du temps (télé-film). 1994: Sélection naturelle (télé-film). 1994: The Omen (télé-film). 1996: Generation X (télé-film). 1997: Panique sur l'autoroute (télé-film). 1999: Wishmaster 2. 2001: Arachnid. 2002: Beeper. 2004: 12 Days of terror.


    Déjà auteur de l'excellent Alone in the dark (un slasher sardonique où des fous s'évadaient d'un asile pour semer la panique dans une banlieue !) et du sympathique second opus,La Revanche de Freddy, Jack Sholder réalise en 1987 son meilleur film avec Hidden, récompensé du Grand Prix à Avoriaz. Si on peut néanmoins contester la remise de cette prestigieuse récompense, on ne peut nier l'incroyable efficacité du récit alternant action explosive et science-fiction horrifique, quand bien même la vigueur de sa réalisation et du montage précis nous laisse sur les rotules. 


    Partant d'un pitch complètement délirant, un parasite féru de gros flingues, de rock and roll et de vitesse en Ferrari, investit le corps de citadins pour foutre le zouc dans une bourgade de Los-Angeles, le réalisateur exploite une pure série B ludique conçue sur le fun des situations. Inspiré des classiques notoires tels que Alien et The Thing, il reprend le thème éculé de l'extra-terrestre inhospitalier en dédiant ses confrontations belliqueuses avec les autorités de la police où l'action et les cascades ne cessent de rebondir d'une séquence à l'autre ! Mené sur un rythme sans faille, l'efficacité du scénario émane des stratégies récurrentes que le parasite est contraint d'exercer afin de se glisser dans la peau d'une victime puis en dégoter rapidement une autre dès que le corps eut été abîmé ! Au même moment, deux inspecteurs sont dépêchés sur le terrain afin d'enquêter sur cette vague de crimes inexpliqués alors que de modestes quidams sont subitement atteints de démence ! Pour ajouter un peu de consistance à l'intrigue, l'un des deux flics s'avère un agent du FBI investi d'une mission secrète que son chef tente vainement de percer jusqu'au moment où ce premier décidera d'avouer sa fonction de sauveur de l'humanité. D'ailleurs, on peut saluer le jeu diaphane de Kyle MacLachlan incarnant à merveille un humanoïde flegmatique au regard étrangement angélique. Son comparse endossé par Michael Nouri s'avère notamment persuasif dans la peau du flic expéditif, tentant de démystifier les aboutissants de son improbable enquête ! Outre la violence incisive des scènes spectaculaires et de son humour noir décomplexé, Hidden est notamment favorisé par la confection d'effets spéciaux modestes mais tout à fait impressionnants ! (la grosse limace s'extirpant d'une bouche en temps réel pour en infiltrer une autre !). 


    Fun et jouissif dans son lot ininterrompu d'action explosive où les gunfights confinent au carnage (la dernière demi-heure pétaradante se rapproche des excès destroy d'un Terminator !), Hidden s'érige en leçon de mise en scène pour son sens de l'efficacité où les altercations n'auront de cesse de redoubler d'intensité ! Enfin, la complicité formée par le duo de flics ajoute une certaine densité psychologique à leurs rapports de divergence où la confiance mutuelle finira par apporter ses fruits. 

    Bruno Matéï

    LE CIRQUE DES VAMPIRES (Vampire Circus)

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                                                                           Photo empruntée sur Google, appartenant au site projectdeadpost.com

    de Robert Young. 1972. Angleterre. 1h27. Avec Laurence Payne, Domini Blythe, Lynne Frederick, Thorley Walters, Adrienne Corri, Robert Tayman.

    Sortie salles: 23 Août 1973

    FILMOGRAPHIE: Robert (William) Young est un réalisateur, scénariste et producteur anglais, né le 16 Mars 1933 à Cheltenham.
    1972: Le Cirque des Vampires. 1979: Le monde est plein d'homme mariés. 1993: Grandeur et descendance. 1997: Créatures Féroces.


    Bien étrange film que ce Cirque des Vampires produit par la célèbre firme Hammer et réalisé par un cinéaste peu prolifique. En dépit du côté daté de certains fx et du jeu cabotin de quelques antagonistes (Robert Tayman force un peu trop le trait dans sa posture vampirique mais se rattrape avec son charisme délétère rehaussé d'un regard plein de vice !), cette série B trépidante tire parti de son originalité grâce au décor alloué au cirque forain ! En 1810, le Comte Mitterhouse vient d'être assassiné par les villageois après son kidnapping intenté sur une mère et sa fille. Juste avant de mourir, il leur promet de revenir se venger auprès de leurs descendants. Quinze ans plus tard, un cirque vient de s'installer dans la région sous la direction du cousin du comte. D'étranges meurtres sanglants vont ébranler la population qui ira rapidement suspecter cette étrange confrérie !


    A partir d'un postulat classique (la vengeance d'un vampire pour parfaire sa malédiction !), Robert Young réussit à éviter l'impression de déjà vu grâce à l'efficacité de nombreuses scènes d'action et surtout à l'onirisme invoqué aux tours de prestidigitation. Sur ce dernier point, je pense au premier spectacle de la femme-tigre et surtout à l'épreuve du miroir de la vie auquel certains des villageois vont en faire l'expérience pour se retrouver projeter contre leur gré vers une autre dimension. Il y a aussi le saut crépusculaire dans le vide de ces funambules préalablement métamorphosés en chauve-souris sous l'oeil médusé du public ! Par ailleurs, cette communauté gitane entièrement soumise à l'autorité du mal regroupe des personnages extravagants dans leur physique hétéroclite (l'hercule, l'homme panthère, les jumeaux vampires, le nain), et ayant tous une fonction particulière pour élaborer leur combine ! La manière surnaturelle dont les villageois sont confrontés à leurs stratagèmes pour les offrir en sacrifice permet de relancer une action effrénée lorsqu'ils tentent de se débattre de la mort. Pour le reste, et afin respecter la déontologie de la Hammer, les décors flamboyants sont à l'avenant (le cirque de la nuit installé au sein d'un bois, la chapelle, la crypte), l'horreur graphique vire souvent au gore rutilant et les jeunes filles aux poitrines charnelles dégagent une sensualité timorée !


    D'une beauté trouble et étrange, Le Cirque des Vampires doit beaucoup de son ironie macabre et de sa fascination grâce au décor du chapiteau dirigé par une obscure alliance. Il en émane une oeuvre singulière, non exempt de maladresses dans sa réalisation archaïque, mais transcendée par ces plages de poésie, au point que certaines images restent inconsciemment gravées dans la mémoire du spectateur. 

    Bruno Matéï
    3èx

    LA VENGEANCE DE LADY MORGAN (La Vendetta di Lady Morgan)

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                                                                                    Photo personnelle appartenant à Bruno Dussart.

    de Massimo Pupillo. 1965. Italie. 1h25. Avec Barbara Nelli, Erika Blanc, Gordon Mitchell, Paul Muller, Michel Forain, Carlo Kechler.

    Sortie salles Italie: 16 Décembre 1965

    FILMOGRAPHIE: Massimo Pupillo est un réalisateur, scénariste et producteur italien, né le 7 Janvier 1929 à San Severo, Italie.
    1961: Teddy, l'osacchiotto vagabondo. 1965: Cinq tombes pour un médium. 1965: Vierges pour le bourreau. 1965: La Vengeance de Lady Morgan. 1967: Django, le taciturne. 1970: L'amore, questo sconosciuto. 1970: Giovane Italia, Giovane Europa. 1984: Sajana, l'audace impresa


    Exhumé de l'oubli grâce à l'éditeur français Artus Films, La Vengeance de Lady Morganrenoue avec la tradition du gothisme italien en s'inspirant de Danse Macabre de Margheriti. Joliment mis en scène dans un noir et blanc ciselé, le film relate l'histoire d'amour impossible entre deux amants, tour à tour victimes du complot d'Harold Morgan et de ses sbires tout aussi déloyaux. Persuadée que son ancien amant est mort d'une noyade accidentelle, Susan s'est donc résolue à épouser le comte Morgan en désespoir de cause. Divisé en deux parties, le premier segment joue la carte de la sobriété pour dépeindre les tourments psychologiques de la pauvre Susan Morgan, sévèrement persécutée par son mari cupide et victime d'hypnose de la part d'une des domestiques. Sa vie conjugale vire donc rapidement au cauchemar depuis que d'étranges évènements influent sur son état mental et depuis que son époux infidèle a manigancé un complot communautaire en guise d'héritage.


    Dans un souci esthétique, Massimo Pupillo compose des images gracieuses (voires aussi baroques) en harmonie avec le style gothique du château embrumé, des couloirs inquiétants éclairés aux candélabres et d'une crypte à torture. Outre l'aspect envoûtant de la scénographie, le film tire également parti de la caractérisation des personnages sournois au charisme évocateur. Que ce soit le majordome au visage buriné qu'incarne avec démence le vétéran Gordon Mitchel, le compte orgueilleux Harold Morgan qu'interprète Paul Muller dans une posture longiligne, ou encore la domestique aguicheuse qu'Erika Blanc endosse avec charme pernicieux ! Enfin, compromise par l'infortune de la mort, la personnalité de Lady Morgan plane sur le récit à l'instar du fantôme en robe blanche que Barbara Nelli retranscrit avec autant de fragilité que d'empathie pour la destinée de son compagnon. La deuxième partie, beaucoup plus exubérante, joue avec les forces obscures du surnaturel quand Susan Morgan décide d'entamer une vengeance diabolique conçue sur le subterfuge SPOILER ! puisque les responsables de sa mort finiront maladroitement par s'entretuer fin du SPOILER. Emaillé de séquences chocs éculées mais efficaces (les procédés spectaculaires de l'esprit frappeur imposent l'artillerie usuelle des portes qui claquent, des objets qui se déplacent, du vent violent et de l'embrasement du feu ), Massimo Pupillo se laisse notamment aller à l'horreur graphique lorsque l'un des antagonistes grièvement blessé est durement pris à parti avec les sabots d'un cheval !


    Scénario structuré, noir et blanc formel, gothique raffiné, érotisme sensuel et personnages fielleux, La Vengeance de Lady Morgan se porte en digne représentant de l'horreur italienne dans sa texture séculaire liée à l'architecture moyenâgeuse. Une belle surprise et une aubaine que les aficionados pourront découvrir pour la première fois en Dvd chez Artus Films

    Bruno Matéï

    LES VIERGES DE LA PLEINE LUNE (Il Plenilunio delle Vergini)

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                                                                          Photo empruntée sur Google, appartenant au site vampyres-online.com

    de Luigi Batzella. 1973. Italie. 1h22. Avec Mark Damon, Rosalba Neri, Francesca Romana Davila, Esmeralda Barros, Xiro Papas, Sergio Pislar...

    FILMOGRAPHIE: Luigi Batzella est un réalisateur italien né le 27 Mai 1924 à San Sperate, en Sardaigne, décédé le 18 Novembre 2008.
    1966: Tre franchi di pietà. 1969: Les Mille et une nuits d'Istamboul. 1970: Quand explose la dernière grenade. 1971: Pour Django les salauds ont un prix. 1971: Les Ames damnées de Rio Chico. 1972: Le poulain était fils Dieu. 1972: Confessioni segrete di un convento di clausura. 1973: Les Vierges de la pleine lune. 1974: Les Nuits perverses de Nuda. 1974: Lo Strano ricatto di una ragazza par bene. 1977: Les Tigres du Désert. 1977: Holocauste Nazi. 1978: Symphonie de l'amour. 1979: La Guerre du Pétrole. 1980: l'Implacable Défi (non crédité).


    Cinéaste mineur responsable du scandaleux et très Z Holocauste Nazi, Luigi Batzell réalise en 1973 son meilleur film avec Les Vierges de la pleine lune. On est d'autant plus surpris par la qualité du produit que sa rareté nous avait porté préjudice au sein de l'hexagone. Chose réparée aujourd'hui sous l'égide d'Artus Film puisque le film bénéficie enfin d'une sortie Dvd digne de son support !
    A la recherche d'un anneau précieux conférant richesse et pouvoir à celui qui le possède, deux frères décident de partir en Transylvanie pour tenter de se l'approprier dans l'ancien château du comte Dracula. Attisé par la cupidité, Franz arrive d'abord le premier et se voit accueilli par une étrange comtesse férue de messe noire. 


    Ce qui frappe d'emblée avec cette série B bien ancrée dans l'expression "Bis", c'est le soin accordé à la poésie de ces images contrastant avec des éclairages limpides. Notamment la richesse de sa photographie transcendant une scénographie gothique pour composer des séquences picturales axées sur la sensualité féminine et le rituel de sacrifices. Le réalisateur pallie donc son budget minimaliste par le sens esthétique d'un univers funeste où le rouge, le blanc et le noir prédominent l'assemblée des suceurs de sang. Si le scénario n'est pas un modèle d'intelligence, il s'avère bien conté, assez captivant, parfois surprenant (la relation incertaine des frères jumeaux et leur subterfuge invoqué l'un envers l'autre, l'épilogue nihiliste régi en farce macabre) et d'autant mieux rythmé par son lot de rebondissements (la dernière demi-heure multiplie actions imprévisibles et retournement de situation !). Qui plus est, la caractérisation des personnages s'avère également attachante dans le jeu de séduction alloué entre Franz et la veuve de Dracula. Ponctué de séquences érotiques vertueuses et de quelques scènes gores graphiques, les Vierges de la pleine lune est une plongée fantasmatique dans la demeure intimiste d'une femme vampire adepte de solitude. Possédant une bague conférant tous les pouvoirs, elle décide de régir sa vie sous la mainmise des ténèbres en exploitant le sang des jeunes vierges et en séduisant les mâles imprudents. A travers sa mise en scène soignée, Luigi Batzella emprunte donc les thèmes du vampirisme, de la beauté éternelle et du satanisme en mettant en exergue les pouvoirs surnaturels d'une amulette et d'un anneau, symboles antinomiques du Bien et du Mal. Sur ce point, la confrontation finale (à la lisière du grotesque !) instaurée entre Karl et la comtesse réussit à nous y impliquer (non sans une certaine ironie !) dans leurs efforts surmontés.


    Sans aucune prétention que de divertir modestement, Luigi Batzell compose avec les Vierges de la peine lune une série B finalement originale dans son thème éculé du vampirisme d'où plane l'ombre de la comtesse Bathory (inauguration d'un bain de sang pour nous convaincre !), et d'autant plus formelle dans le sens du cadrage hérité de l'art pictural. 

    Bruno Matéï


    RENCONTRES DU 3E TYPE (Close Encounters of the Third Kind)

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                                                                                      Photo empruntée sur Google, appartenant au site cineclap.free.fr

    de Steven Spielberg. 1977. U.S.A. 2h17 (director's cut). Avec Richard Dreyfuss, François Truffaut, Teri Garr, Melinda Dillon, Bob Balaban, J. Patrick McNamara.

    Sortie salles France: 24 Février 1978. U.S: 15 Novembre 1977

    FILMOGRAPHIE: Steven Allan Spielberg, Chevalier de l'Ordre national de la Légion d'honneur est un réalisateur, producteur, scénariste, producteur exécutif, producteur délégué et créateur américain, né le 18 décembre 1946 à Cincinnati (Ohio, États-Unis).1971: Duel , 1972: La Chose (télé-film). 1974: Sugarland Express, 1975: Les Dents de la mer, 1977: Rencontres du troisième type, 1979: 1941, 1981: les Aventuriers de l'Arche Perdue, 1982: E.T. l'extra-terrestre , 1983: La Quatrième Dimension (2è épisode), 1984: Indiana Jones et le Temple maudit, 1985: La Couleur pourpre, 1987: Empire du soleil, 1989: Indiana Jones et la Dernière Croisade, Always, 1991: Hook, 1993: Jurassic Park, La Liste de Schindler, 1997: Le Monde Perdu, Amistad, 1998: Il faut sauver le soldat Ryan Saving Private Ryan, 2001: A.I., 2002: Minority Report, Arrête-moi si tu peux, 2004: Le Terminal , 2005: La Guerre des Mondes, 2006: Munich, 2008: Indiana Jones et le Royaume du crâne de cristal, 2011: Les Aventures de Tintin, cheval de guerre. 2012: Lincoln.


    Deux ans après avoir semé la panique sur des plages du monde entier grâce aux Dents de la mer, Steven Spielberg prend le contre-pied du film de terreur mâtiné de catastrophe pour illustrer le féerique Rencontres du 3è type. Passionné par le phénomène des ovnis et tout ce qui entoure le mythe des extra-terrestres, le cinéaste aborde son sujet avec sérieux tout en jouant sur le caractère merveilleux d'une telle situation quand des étrangers venus d'ailleurs décident de débarquer pacifiquement sur terre. Sans faire preuve d'esbroufe dans l'action conventionnelle, Steven Spielberg ne s'embarrasse donc pas de nous ressasser une énième invasion d'E.T hostiles dans le but d'insuffler la peur (bien qu'il le fera plus tard avec la Guerre des Mondes !), mais au contraire de nous émerveiller en déclarant un hymne à l'existence extraterrestre. 


    Message d'espoir et de pacifisme où le besoin d'entrer en communication s'avère le centre des intérêts, réflexion spirituelle sur la foi, Rencontres du 3è type accorde autant d'intérêt à l'aspect scientifique d'une découverte révolutionnaire que la dimension humaine d'un père de famille obsédé par la quête de vérité. C'est d'abord par le langage auditif que nos scientifiques vont tenter d'entrer en communication avec les ovnis afin d'établir un premier rapport. De son côté, après en avoir été témoin parmi la présence d'autres citadins, le père de famille, Roy Neary, s'évertue à reconstituer au sein de sa demeure un monolithe de terre après avoir été inconsciemment obsédé par cette étrange vision. De manière erratique mais déterminé, il n'aura plus que cette obsession en tête pour mieux la comprendre et la déchiffrer. C'est avec l'aide de Jillian Guiler, une mère esseulée dont l'enfant vient d'être enlevé par les ovnis, qu'il pourra compter sur son soutien afin de démanteler le mystère. D'autres témoins de la région auront cette même révélation, cette ambition imperturbable à tenter de démystifier cette forme distendue, jusqu'à la fameuse résolution de l'énigme. Spoiler ! Leur investigation culmine donc avec la découverte d'une base secrète, lieu de séjour afin d'accueillir l'éventuelle irruption de nos visiteurs ! Celle d'engins volants illuminés de néons polychromes auquel des extraterrestres finiront par dévoiler leur apparence pour prodiguer leur pacifisme ! Fin du spoiler.


    En jouant sur la suggestion et l'expectative, Steven Spielberg élabore un scénario infaillible d'autant plus réaliste pour l'aspect scientifique imparti à la recherche et profondément humaniste dans sa réflexion sur la communication et le respect d'autrui. Spectacle de féerie visuelle mené de main de maître à l'aide d'FX toujours aussi modernistes, concerto musical que Steven Spielberg culmine dans un point d'orgue édénique, Rencontres du 3è type nous achemine vers un message universel, celui de la communion avec toute forme de vie étrangère. Prestigieux moment de cinéma !

    Bruno Matéï



    DELIVRANCE (Deliverance)

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    de John Boorman. 1972. U.S.A. 1h49. Avec John Voight, Burt Reynolds, Ned Beatty, Ronny Cox, Ed Ramey, Billy Redden.

    Sortie salles France: 1er Octobre 1972. U.S: 30 Juillet 1972

    FILMOGRAPHIE: John Boorman est un réalisateur, producteur, scénariste et acteur américain, né le 18 Janvier 1933 à Shepperton (Royaume-Uni).
    1965: Sauve qui peut. 1967: Le Point de non-retour. 1968: Duel dans le pacifique. 1970: Leo the last. 1972: Délivrance. 1974: Zardoz. 1977: L'Exorciste 2. 1981: Excalibur. 1985: La Forêt d'Emeraude. 1987: Hope and Glory. 1990: Tout pour réussir. 1995: Rangoon. 1998: Le Général. 2001: Le Tailleur de Panama. 2003: In my Country. 2006: The Tiger's Tail.


    Précurseur du survival pur et dur, message écolo en faveur de la nature, Délivrance est une plongée en enfer à rude épreuve, autant pour le témoignage du spectateur lourdement éprouvé, que pour nos héros incessamment livrés à une épreuve d'endurance. Alors qu'une rivière est sur le point de rendre l'âme depuis que l'homme a décidé d'y construire un barrage, quatre citadins décident de lui rendre un dernier hommage pour la parcourir en canoë. Mais ce qui s'annonçait comme un week-end idyllique entre amis va rapidement virer en périple cauchemardesque depuis que l'un d'eux va être victime d'un viol perpétré par deux rednecks du coin. Après avoir riposté en légitime défense et tué l'un des tortionnaires, nos héros vont devoir user de patience, constance et bravoure pour déjouer la vengeance d'un ennemi invisible planqué au sein de la forêt. Alors qu'ils tentent désespérément de descendre la rivière pour rejoindre la ville, dame nature va également les soumettre à une épreuve de survie sur les violents rapides et en amont des montagnes rocailleuses.  


    Survival cauchemardesque au confins de l'horreur, drame psychologique à l'intensité dramatique rigoureuse, Délivrance délivre un constat implacable sur la nature de l'homme, contraint ici de renouer avec son instinct primitif pour tenter de survivre dans une nature hostile. Comme si cette rivière bafouée par notre irrévérence souhaitait se venger de notre arrogance pour prendre en otage quatre innocents et les confronter à un ultime combat. Quand bien même un autochtone arriéré va leur corser la situation pour tenter lui aussi de les supprimer !
    De manière jusqu'au-boutiste mais sans jamais céder à une quelconque complaisance, John Boorman livre un récit d'aventures d'une grande violence (viol crapuleux à l'appui !) où l'ambiance horrifique, sous-jacente mais aussi palpable, nous prend littéralement à la gorge. Epaulé d'un scénario sans faille, son intensité singulière est également impartie à l'évolution des personnages au caractère bien distinct. De paisibles citadins qui n'auront de cesse à se mesurer à leur propre éthique afin de décider ensemble s'ils doivent se débarrasser d'un cadavre encombrant ou à contrario se livrer à la police et justifier leur légitime défense. Livré à la solitude et démunis par tant de malchance, nos héros vont devoir user de stratagèmes, surmonter leur peur et leur courage afin de déjouer les pires situations, quand bien même l'expiation peut parfois conduire à l'acte suicidaire. 


    Voyage au bout de l'enfer
    Désespéré et impitoyable, dérangeant et éprouvant, Délivrance innove le genre survival pour lui offrir ses lettres de noblesse avec l'intelligence d'un scénario acéré (on peut par ailleurs y déceler une métaphore sur la guerre du Vietnam dont Cimino empruntera quelques éléments pour Voyage au bout de l'enfer). Enfin, l'intensité psychologique des personnages torturés (ils sortiront à jamais traumatisés de leur expérience !) culmine vers un constat d'amertume sur notre sauvagerie quand l'homme est confronté à une épreuve de légitime défense, et sur notre incapacité à braver le déchaînement de mère nature. Un cauchemar traumatique dont on ne sort pas indemne. 

    Bruno Matéï
    4èx

    CASSE TETE CHINOIS. Prix du Jury jeune à Sarlat, 2013

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                                                           Photo empruntée sur Google, appartenant au site Allocine.fr

    de Cédric Klapisch. 2013. France. 1h57. Avec Romain Duris, Kely Reilly, Audrey Tautou, Cécile De France, Sandrine Holt, Flore Bonaventura.

    Récompense: Prix du Jury jeune au Festival du film de Sarlat, 2013.

    Sortie salles France: 4 décembre 2013

    FILMOGRAPHIE:Cédric Klapisch est un réalisateur, scénariste et producteur français, né le 4 Septembre 1961 à Neuilly-sur-Seine (France).
    1989: Maasaïïtis. 1991: Riens du tout. 1994: Le Péril Jeune. 1996: Chacun cherche son chat. 1996: Un air de famille. 1999: Peut-être. 2001: L'Auberge Espagnole. 2002: Ni pour ni contre. 2005: Les Poupées Russes. 2008: Paris. 2011: Ma part du Gâteau. 2013: Casse-tête chinois.


    Après l'Auberge Espagnole et Les Poupées Russes, Cédric Klapisch ajoute une suite à son diptyque pour imposer Casse-tête chinois. Titre on ne peut mieux approprié puisque le héros du film, Xavier, entreprend l'écriture d'un roman afin d'exorciser l'échec de sa rupture amoureuse. Comédie légère entièrement bâtie sur le concept amoureux, Casse Tête chinois renoue avec le vent de fraîcheur et de tendresse des précédents opus pour traiter aujourd'hui du mal-être de la quarantaine chez un père de famille. Xavier vient de rompre avec sa femme anglaise après 10 ans de vie commune. Alors qu'elle rentre à New-York parmi ses enfants, il décide également de la rejoindre et cherche un appartement pour pouvoir être auprès de ses rejetons. Après avoir renouer contact avec son amie lesbienne Isabelle, cette dernière lui trouve une location et lui propose par la même occasion de devenir son donateur de sperme par insémination artificielle. En effet, elle aimerait devenir mère d'un enfant avec sa nouvelle compagne Ju. Au même moment, Martine, l'ex de Xavier, lui annonce qu'elle vient lui rendre visite à New-York.


    Treize ans séparent l'auberge espagnole de Casse-tête chinois et le moins que l'on puisse dire c'est que c'est un réel bonheur de retrouver Xavier, Isabelle, Martine et Wendy du haut de leur quarantaine. Outre l'inventivité de sa réalisation aux touches de poésie fantaisiste, sa nouvelle réussite est une fois encore impartie au talent spontané de ces interprètes, successivement incarnés par Romain DurisCécile De FranceAudrey Tautou et Kely Reilly. Des comédiens à la bonhomie pleine de fougue réussissant à nous faire partager leur vicissitudes dans une cohésion amicale. Exit donc la caricature traditionnellement imposée dans ce genre de comédie de légèreté puisque Cédric Klapisch dessine ces personnages avec l'autorité de leur caractère et un jeu d'improvisation inscrit dans le naturel. En traitant avec simplicité des thèmes contradictoires de l'amour et de l'infidélité, le réalisateur scande un hymne à l'existence (cosmopolite !) auquel le hasard des circonstances rachète toutes les incertitudes. Emaillé de quiproquos irrésistibles (la visite des agents de l'immigration chez Xavier), de rencontres impromptues (le chauffeur de taxi molesté, sa fille asiatique compromise au mariage blanc), et de situations amusées (l'échange verbal imposé entre le nouvel ami de Wendy et Xavier, ou encore l'étreinte sexuelle de ce dernier avec Martine), Casse-tête chinois réussit à combiner tendresse et humour SPOILER ! jusqu'à l'harmonie d'un happy-end renouant avec le bonheur conjugal. Fin du SPOILER. Cet épilogue d'une belle intensité émotionnelle résume bien l'idéologie optimiste du réalisateur dans son audace prodiguée et donne envie au spectateur d'affronter la vie sentimentale avec autant de persuasion.  


    Léger, frais, pétillant, décomplexé et pittoresque, Casse-Tête Chinois renoue avec la verve de ces précédents modèles (même si on peut déplorer une première partie un peu laborieuse) et peut se targuer d'être un antidépresseur à tous les désillusionnés de l'amour et à tous ceux concevant leur destinée comme scellée d'avance. Comme le prouve la vie compliquée de Xavier, les aléas de l'existence restent ouvertes et attendent de se cristalliser, quand bien même votre meilleur(e) ami(e) pourrait bien un jour transfigurer vos incertitudes ! A condition d'y croire et de pratiquer le goût du risque et de l'aventure ! 

    Bruno Matéï

    MASSACRE A LA TRONCONNEUSE, 2003. (The Texas Chainsaw Massacre)

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                                                           Photo empruntée sur Google, appartenant au site apercucinephilia.wordpress.com

    de Marcus Nispel. 2003. U.S.A. 1h38. Avec Jessica Biel, Jonathan Tucker, Erica Leerhsen, Mike Vogel, Eric Balfour, R. Lee Ermey, David Dorfman, Lauren German.

    Sortie salles France: 21 Janvier 2004.

    FILMOGRAPHIE: Marcus Nispel est un réalisateur, producteur allemand, né le 15 avril 1963 à Francfort-sur-le-Main en Allemagne.
    2003: Massacre à la Tronçonneuse. 2004: Frankenstein. 2007: Pathfinder. 2009: Vendredi 13. 2011: Conan. 2014: Backmask.


    Sorti un an avant la vague du Torture porn imposée par Saw et Hostel, Massacre à la Tronçonneuse, le remake, est d'autant plus une surprise inattendue qu'il ne joue jamais la surenchère gore, à l'instar de son légendaire chef-d'oeuvre invoqué par Tobe Hooper. L'habileté de Marcus Nispel est notamment de ne pas suivre la même ligne directrice que son modèle, tout en insérant quelques clins d'oeil judicieux (le prélude avec la jeune auto-stoppeuse égarée au milieu de la route, le chauffeur de camion réfutant en dernier lieu de prêter main forte à la survivante, Leatherface se coupant la jambe par accident). Louablement, le réalisateur s'épargne la facilité du copié-coller, ponctue le récit de rencontres impromptues et respecte le travail de Hooper en privilégiant les éléments de suggestion et de terreur poisseuse. La première partie axée sur l'attente s'avère déjà bien anxiogène dans sa confection d'une atmosphère pesante (photo sépia à l'appui !) où la tension sous-jacente laisse sous entendre un prochain éclair de violence. Je songe au repère de la demeure des tueurs où le couple Erin et Kemper est fraîchement accueilli par un vieil handicapé à fauteuil roulant. La première apparition de Leatherface s'avère d'ailleurs très impressionnante dans son effet de surprise aléatoire à ébranler sa première victime ! Et quand la violence se déchaîne, l'assassin dévoile l'apparence de son visage de cuir et l'arme de la tronçonneuse avec une hargne incontrôlée !


    En ce qui concerne les cinq protagonistes juvéniles incessamment persécutés par la famille des tueurs, là aussi le réalisateur a pris soin de leur tailler une carrure toute fragile dans leur chemin de croix livré au trépas. Des jeunes ados de prime abord timorés car n'osant pas défier l'autorité d'un flic obtus et toujours plus apeurés par la dramaturgie déroutante de leur situation. On peut d'ailleurs souligner le jeu névrosé de Jessica Biel multipliant les prises de risques pour sauvegarder ses amis mais aussi échapper à ses agresseurs dans sa course pour la survie ! Déjà bien secoué par la mort de l'autostoppeuse, nos touristes vont donc avoir à faire au jeu d'humiliation imposé par ce shérif sadique (l'acteur R. Lee Ermey jubile de perversité dans sa fonction policière !) en attendant d'être parqués dans une chaufferie, lieu de sévices où Leatherface dépèce ses victimes. A cet égard, la fameuse torture du crochet dans les côtes s'avère bien rude et se démarque un peu de son modèle en redoublant de cruauté, puisque l'une des jambes sectionnées de la victime finira par être enduite de gros sel afin de cicatriser la blessure ! L'intrusion de divers antagonistes (le couple de femmes dans la caravane, l'enfant sauvage) est notamment une bonne idée puisqu'elle ajoute une ironie sardonique à une situation cauchemardesque toujours plus contraignante, sachant que la dernière victime n'aura de cesse d'accourir à travers bois ou de se planquer dans les entrepôts pour échapper à la sentence de la tronçonneuse !


    Méchant, tendu, intense, malsain et poisseux, Massacre à la Tronçonneuse récolte la réussite du remake intelligent car respectueux de son modèle et d'autant plus terrifiant qu'il ne cède jamais au caractère sanglant de son titre évocateur ! Car ici, c'est la vigueur de sa réalisation et la rigueur de l'ultra violence qui exacerbent une tension omniprésente, quand bien même les hurlements des victimes et le son strident de la tronçonneuse viennent renforcer l'état de panique ! 
    Une réussite plus qu'honorable, pour ne pas dire miraculeuse, car réussissant à distiller la trouille avec une trépidante efficacité ! 

    Bruno Matéï
    3èx

    HITCHER (The Hitcher). Grand Prix du Jury, Cognac 86.

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                                                                      Photo empruntée sur Google, appartenant au site Notrecinema.com

    de Robert Harmon. 1986. U.S.A. 1h37. Avec C. Thomas Howell, Rutger Hauer, Jennifer Jason Leigh, Jeffrey DeMunn, John M. Jackson.

    Sortie salles France: 25 Juin 1986. Sortie salles U.S: 21 Février 1986

    Récompenses:Grand prix du jury, Prix de la critique et Prix TF1 au Festival du film policier de Cognac, 1986.

    FILMOGRAPHIE: Robert Harmon est un réalisateur américain.
    1986: Hitcher. 1993: Cavale sans issue. 1996: Gotti (télé-film). 2000: The Grossing. 2002: Astronauts (télé-film). 2002: Le Peuple des Ténèbres. 2004: Highwaymen. 2004: Ike: opération overlord (télé-film). 2005: Stone Cold (télé-film). 2006: Jesse Stone: Night Passage (télé-film). 2006: Jesse STone: Death in paradise (télé-film). 2007: Jesse Stone: Sea Change (télé-film). 2009: Jesse Stone: Thin Ice (télé-film). 2010: Jesse Stone: sans remords (télé-film). 2010: Une lueur d'espoir (télé-film). 2012: Jesse Stone: Benefit of the Doubt (télé-film).


    Desservi par son échec commercial et comparé à l'époque comme un vulgaire plagiat de Duel, Hitcher a tout de même convaincu les membres du Jury de Cognac pour lui avoir décerné trois récompenses ! C'est au fil des décennies que cette série B nerveusement emballée s'est taillée une réputation de film culte auprès d'une frange de cinéphiles. Le redécouvrir de nos jours prouve à quel point l'oeuvre modeste de Robert Harmon redouble toujours d'efficacité dans son alliage de thriller inquiétant, suspense et action. Mais surtout, grâce au caractère ésotérique de son postulat et le jeu nuancé de l'intrigant Rutger Hauer, Hitcher effleure les cimes du fantastique avec l'entremise d'une atmosphère envoûtée ! De par son décor du désert californien magnifiquement éclairé d'horizons crépusculaires et par le score mélancolique de Mark Isham ! Même si l'allusion à Duel s'avère inévitable, Hitcher possède suffisamment de personnalité pour se démarquer du chef-d'oeuvre de Spielberg en nous dévoilant ouvertement les rapports équivoques du meurtrier et de sa victime.
    Après avoir embarqué un autostoppeur sur son trajet de convoyage, un jeune étudiant va se retrouver pris au piège par cet étrange inconnu, délibéré à le harceler jusqu'à ce que l'un d'eux trépasse. Si le jeune Jim Halsey réussit rapidement à s'en débarrasser après l'avoir éjecté de son véhicule, l'étranger réussit toujours à rebrousser chemin pour le pourchasser sans répit, tel le jeu du chat et de la souris. Pire encore, il réussit à l'accuser des meurtres de touristes qu'il perpétue lâchement sur la campagne californienne jusqu'à ce que la police décide de lui entamer une traque sans relâche.


    Là où le récit gagne en revirement intense émane des enjeux draconiens du héros à tenter de témoigner de son innocence. Car non seulement Jim Halsey doit redoubler de bravoure pour déjouer les stratagèmes du psychopathe, mais il doit notamment faire face aux patrouilles des forces de l'ordre lancées incessamment à ses trousses ! Ce qui nous vaut d'ailleurs de belles cascades automobiles que Robert Harmon exécute avec souci chorégraphique. Outre le dynamisme d'un récit riche en rebondissements et allusions macabres, Hitcher doit également beaucoup à la prestance insidieuse de ces interprètes. En particulier Rutger Hauer incarnant ici un tueur sans vergogne habité par le cynisme et le non-dit ! Avec son regard mesquin inscrit dans l'arrogance et la provocation, l'acteur véhicule un pouvoir d'attraction d'autant plus énigmatique que nous ne connaîtrons jamais les vraies motivations de sa belligérance, sachant qu'il réussit toujours par on ne sait quel miracle à retrouver la trace de son adversaire ! Le jeune C. Thomas Howell lui partage la vedette avec une pugnacité mêlée de désespoir car toujours plus tourmenté à tenter de mettre un terme à cette traque dénuée de logique ! L'acteur réussit honorablement à imposer ses marques pour exprimer sentiments d'amertume et rancoeur vindicative ! Enfin, dans celle d'une tenancière de bar, la charmante Jennifer Jason Leigh apaise parfois la tension dans son regain de tendresse alloué au jeune héros, tout en décidant de lui prêter main forte par esprit de confiance et devant l'intolérance des autorités.


    Intense, captivant et atmosphérique, Hitcher sait soigneusement mettre en image le format série B avec l'efficacité d'un scénario opaque et l'ambiance envoûtée d'un désert crépusculaire. Pour parachever, la confrontation opiniâtre entamée entre nos deux adversaires réserve également des moments d'intimisme insaisissable. 

    Bruno Matéï
    4èx

                                        

    THE MIST

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                                                                    Photo empruntée sur Google, appartenant au site Allocine.fr

    de Frank Darabont. 2007. U.S.A. 2h07. Avec Thomas Jane, Marcia Gay Harden, Laurie Holden, Andre Braugher, Toby Jones, William Sadler, Jeffrey DeMunn.

    Sortie salles France: 27 Février 2008. U.S: 21 Novembre 2007

    FILMOGRAPHIE: Frank Darabont est un réalisateur, scénariste, producteur et acteur de cinéma américain, d'origine hongroise, né en France le 28 Janvier 1959 à Montbéliard (Doubs).
    1990: Enterré vivant (télé-film). 1994: Les Evadés. 1999: La Ligne Verte. 2001: The Majestic. 2007: The Mist.
    SERIES TV: 2007: Raines (saison 1 épisode 1). 2007: The Shield (saison 6 épisode 6). 2010: The Walking Dead (saison 1 épisode 1). 2013: Mob City (4 épisodes).


    Adapté d'une nouvelle de Stephen King, The Mist (la brume) relate l'épreuve de force d'un groupe d'individus pris à parti avec des insectes mutants planqués sous un épais brouillard. Calfeutrés dans un supermarché afin de se prémunir de la menace externe, une fanatique religieuse encore plus pernicieuse va semer la zizanie au sein de leur communauté ! Par le réalisateur de La Ligne Verte et desEvadés, rien ne nous laissait présager que Frank Darabont allait élever le genre horrifique à son niveau le plus abrupt, dans le sens où The Mist transcende un cauchemar ultra réaliste où sa dramaturgie est mise à rude épreuve ! Car ici, le thème éculé de l'insecte mutant venu d'une autre planète est réexploité dans un contexte contemporain afin de renforcer la véracité des évènements vécus. Avec l'aide d'effets spéciaux numériques plutôt convaincants et une horreur viscérale éprouvante, The Mist distille un vrai malaise et implique intimement le spectateur dans une situation de claustration des plus névrosées !


    A travers les sentiments de peur et de panique, le réalisateur dénonce le fanatisme religieux invoqué par une intégriste et sa capacité à endoctriner les personnes les plus influentes vers sa dictature. En s'attardant sur l'évolution des personnages perplexes en constante remise en question et aux rapports de force contradictoires, il traite notamment de l'incommunicabilité entre les humains de pouvoir s'allier afin de s'adapter à une situation de grave danger. Ces affrontements récurrents que nos protagonistes se disputent pour l'enjeu de survie et celui de la liberté nous amènent donc à une étude psychologique sur la peur, la lâcheté qui en émane et notre instinct paranoïaque. Avec cette dynamique de groupe en perpétuelle divergence, il nous démontre que l'homme est asservi depuis toujours par le culte religieux et les stratégies politiques, principales engeances des conflits de nos sociétés. Alors qu'au sein de ce microcosme, les plus solidaires et les plus érudits vont devoir disserter en catiminie afin de trouver une solution fructueuse pour sortir de la crise. Avec l'efficacité de sa réalisation studieuse et le jeu argumenté des comédiens, Frank Darabont n'oublie jamais le sens du genre horrifique en émaillant son intrigue d'agressions sanglantes que les insectes perpétuent quand elles réussissent à s'infiltrer dans le supermarché. Avec son intensité exponentielle et ses mises à mort inopinées, le réalisateur n'y va pas avec le dos de la cuillère pour illustrer notamment des altercations ultra violentes entre nos protagonistes en perdition. Quand bien même son point d'orgue apocalyptique va venir nous accabler d'émotion pour l'audace impartie au sens du sacrifice, notamment le cynisme nihiliste qui en découle, même si une lueur d'espoir est finalement promulguée !


    "Quoi de plus inhumain qu'un sacrifice humain ?"
    Avec The Mist, Frank Darabont a signé une pierre angulaire du genre horrifique et transcendé par la même occasion l'une des meilleures adaptations de Stephen King. Son ambition jusqu'au-boutiste à avoir su exploiter la peur, le malaise et la terreur dans un contexte purement psychologique (les vrais monstres restent les humains !) est d'autant plus bouleversante que sa conclusion nous laisse dans un état de déprime injustifiable (il s'agit d'ailleurs à mes yeux d'une des fins les plus effroyables du cinéma !).  

    Bruno Matéï
    2èx 

    LA MOUCHE 2 (The Fly 2)

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    de Chris Wallas. 1989. U.S.A. 1h45. Avec Eric Stoltz, Daphne Zuniga, Lee Richardson, John Getz, Frank C. Turner, Ann Marie Lee, Gary Chalk.

    Sortie salles France: 26 Avril 1989. U.S: 10 février 1989

    FILMOGRAPHIE: Chris Wallas est un réalisateur américain, né en 1955 à Chicago, Illinois, U.S.A.
    1989: La Mouche 2. 1990: Les Contes de la Crypte (Série TV, épisode: Till Death). 1992: Psychose Meurtrière.


    Trois ans après le succès de La Mouche, remake beaucoup plus retors que son classique conçu par Kurt NeumannChris Wallas entreprend une séquelle afin d'exploiter le filon commercial. Série B à nouveau bâtie sur les concepts de la téléportation et de la mutation génétique, La Mouche 2 réussit in extremis à entretenir l'intérêt grâce à la bonne volonté de son réalisateur et des comédiens en herbe. Cinq ans après les évènements dramatiques qui avaient coûté la mort à Seth Brundle, sa compagne accouche d'un enfant physiquement ordinaire mais à la croissance anormale. Elevé par le docteur Bartok et sujet à divers expériences pour déjouer une éventuelle mutation, Martin Brundle doit tenter dès son plus jeune âge de déchiffrer les secrets de la téléportation préalablement étudiée par son père. Utilisé comme cobaye et épié dans son foyer factice, il ne va pas tarder à découvrir qu'il est le fruit d'une machination.


    Pourvu d'efficacité dans son cheminement narratif et mené avec savoir-faire par son action encourue, La Mouche 2 ne s'embarrasse pas de réflexion métaphorique et d'intensité dramatique pour tenter de concourir avec son modèle. Avec son intrigue futile dénuée de surprises, le film aurait pu rapidement sombrer dans la séquelle insignifiante si les comédiens n'avaient pas su faire preuve d'éloquence ! Bien que son scénario s'articule autour des secrets de la téléportation et renoue avec les transformations génétiques, l'implication des acteurs et son savoir-faire technique pallient en partie son manque d'ambition. Dominé par la présence juvénile d'Eric Stolz, le comédien réussit à insuffler une certaine fragilité dans sa condition de victime gagnée par sa maladie, alors qu'un peu plus tard, sa métamorphose le conduira en monstre vindicatif afin de réprimander ses oppresseurs. Reflet de son adolescence, la pudeur et l'innocence qu'il nous véhicule de prime abord culmine vers une séquence véritablement poignante lorsqu'il doit faire face à l'agonie de son compagnon canin réduit à la difformité corporelle ! Epaulé par la jeune Beth Logan auquel ils finissent par entamer une liaison amoureuse, Daphne Zuniga joue avant tout sur son charme physique pour nous convaincre mais sait aussi se montrer sincère dans sa compassion portée à Martin. Quand à Lee Richardson, il incarne avec hypocrisie l'autorité d'un leader mégalo dénué de vergogne pour la vie humaine car trop avide de cupidité pour parfaire son entreprise professionnelle. Pour clore l'interprétation, si les rôles secondaires impartis aux méchants s'avèrent parfois caricaturaux, leur exubérance renforce le caractère ludique des situations, à l'instar des effets gores gratuits mais spectaculaires qui émanent des agressions de la mouche !


    Dénué d'ambition, La Mouche 2 joue la carte de l'exploitation dans son format traditionnel de série B du samedi soir. Sauvé par la prestance attachante des comédiens et l'efficacité de sa réalisation, le film bénéficie en outre d'effets-spéciaux artisanaux assez convaincants et d'une action homérique parfois débridée (le gore à l'appui, particulièrement dans sa dernière partie effrénée !). 
    Une séquelle franchement sympathique, en toute humilité !

    Bruno Matéï
    3èx

    LAST DAYS OF SUMMER (Labor Day)

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                                                                                    Photo empruntée sur Google, appartenant au site Notrecinema.com

    de Jason Reitman. U.S.A. 1h51. Avec Kate Winslet, Josh Brolin, Gattlin Griffith, Tobey Maguire, James Van Der Beek, Clark Gregg, Brooke Smith.

    Sortie salles France: 30 Avril 2014. U.S: 31 Janvier 2014

    FILMOGRAPHIE: Jason Reitman est un réalisateur, producteur et scénariste canadien, né le 19 Octobre 1977 à Montréal.
    2005: Thank You for Smoking. 2007: Juno. 2009: In the Air. 2011: Young Adult. 2013: Last days of Summer


    Cinéaste canadien révélé par Juno, In the Air et Young Adult, Jason Reitman n'en finit plus de nous surprendre avec son cinquième long-métrage adapté d'un best-seller de Joyce Maynard.
    Romance éperdue à la sensibilité prude, de par l'humanisme chétif de ses personnages, Last Days of summer relate la destinée amoureuse d'un couple en berne condamné à l'expectative. L'histoire d'amour impossible entre un évadé de prison et une jeune femme timorée, vivant recluse dans sa demeure parmi l'attention de son jeune fils. De prime abord, Jason Reitman s'attache à retranscrire la tendre relation qui unit cette mère et son enfant quand le père a démissionné de ses fonctions pour entreprendre une existence plus conforme à ses espérances. Taciturne et introvertie, car perturbée par un lourd passé, Adele ne croit plus en l'amour depuis son divorce jusqu'au jour où un étranger quelque peu menaçant décide de séjourner dans son foyer afin de fuir la police. Au fil leurs entretiens journaliers, Adele et le jeune Henry vont peu à peu se laisser attendrir par la bienséance de l'individu prodiguant confiance et respect d'autrui. Également tributaire d'un grave passé au secret inavouable, ce dernier finit par s'identifier à la fragilité sentencieuse de la jeune femme au point d'en tomber amoureux. De son côté, l'adolescent délaissé de sa mère commence à s'interroger sur les réelles motivations de l'inconnu, quand bien même sa mauvaise fréquentation avec une jeune adolescente va prolonger sa remise en question.


    Avec sa mise en scène épurée éludée de fioriture, Jason Reitman filme cette romance élégiaque de manière gracile, à l'image de cette nature bucolique qui environne nos héros. Outre la densité des enjeux incertains, l'intensité du récit émane surtout de la sincérité des comédiens que le cinéaste filme avec maturité et refus de sentimentalisme. La manière limpide à laquelle il nous conte son histoire dédiée aux tourments nous implique dans une émotion vulnérable qu'un suspense exponentiel va venir renforcer dans sa toute dernière partie. Sans chercher à manipuler gratuitement les mécanismes de la tension, Jason Reitman exacerbe en point d'orgue un dénouement des plus précaires dans son mode du thriller et sublime au passage une profonde histoire d'amour. En abordant les thèmes de la famille, de l'infidélité, de la démission parentale, SPOILER ! de l'erreur judiciaire, du deuil infantile FIN DU SPOILER et du fragile passage à l'adolescence,Last Days of summer traite ses réflexions à travers l'affliction d'amants désavoués d'un lourd passé SPOILER ! mais auquel la patience finira par vaincre leur déveine FIN DU SPOILER. Du point de vue de la puberté, le personnage d'Henry observe cette nouvelle relation avec inquiétude et interrogation, avant de comprendre les sens de l'amitié et de l'équilibre familial bâtis sur la confiance, le respect, la tolérance et l'amour.


    "Il faut une infinie patience pour attendre toujours ce qui n'arrive jamais". 
    Admirablement dirigé et servi par un trio de comédiens d'une dignité humaine bouleversante, Last Days of summer rejette la sinistrose afin de renouer avec l'épopée romanesque et démontre que le sentiment amoureux reste l'élément le plus aléatoire et cathartique de notre destinée. A vos mouchoirs mesdames !

    Bruno Matéï


    SEVEN

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                                                                                Photo empruntée sur Google, appartenant au site Notrecinema.com

    de David Fincher. 1995. U.S.A. 2h07. Avec Brad Pitt, Morgan Freeman, Kevin Spacey, Gwyneth Paltrow, R. Lee Ermey, Richard Roundtree, John C. McGinley.

    Sortie salles France: 31 Janvier 1996. U.S: 22 Septembre 1995

    FILMOGRAPHIE: David Fincher est un réalisateur et producteur américain, né le 28 Août 1962 à Denver (Colorado).
    1992: Alien 3. 1995: Seven. 1997: The Game. 1999: Fight Club. 2002: Panic Room. 2007: Zodiac. 2008: L'Etrange histoire de Benjamin Button. 2010: The Social Network. 2011: Millénium. 2014: Gone Girl.


    Ernest Hemingway a écrit: "le monde est beau et vaut qu'on se batte pour lui". 
    La seconde partie, je suis d'accord.

    Référence absolue du genre (avec son acolyte le Silence des Agneaux),Seven fut autant un succès commercial que critique lors de sa sortie. Le revoir aujourd'hui prouve à quel point David Fincher a entrepris avec son 2è long-métrage une oeuvre proche de la perfection, à l'instar du travail méthodique accompli par John Doe, un tueur inspiré des 7 pêchers capitaux. A sept jours de la retraite, l'inspecteur Somerset est contraint de résoudre une affaire criminelle particulièrement difficile avec l'aide du jeune recru, David Mills. Ensemble, ils vont tenter de mettre la main sur l'un des tueurs les plus retors et machiavéliques ayant comme seul ambition de parfaire son chef-d'oeuvre ! Thriller morbide d'une noirceur nihiliste, Seven réexploite l'investigation criminelle et la traque au serial-killer avec un goût prononcé pour l'amertume. De par l'aigreur d'un flicard sclérosé, fatigué d'avoir eu à régler des affaires sordides dans un monde gangrené par le pêcher, et par l'éthique amorale d'un criminel studieux entièrement soumis à l'autorité de Dieu.


    Avec son climat pluvieux inscrit dans la morosité, David Fincher annonce la couleur blafarde d'une cité urbaine entièrement soumise à l'arrogance du tueur et auquel deux inspecteurs sur le qui-vive vont devoir redoubler d'effort afin de déjouer le prochain homicide. Sans jamais verser dans une quelconque complaisance, Fincher joue la carte de la suggestion car nous ne verrons jamais de quelle manière explicite le tueur accomplit ses exactions. C'est dans la résultante du crime et dans la version des faits exposés que Seven laisse gambader notre imaginaire vers un abîme d'ignominies. Que ce soit le châtiment invoqué à la gourmandise (l'obèse mort étouffé par sa propre bouffe !), à la paresse (la lente agonie d'un drogué avachi sur son lit durant 365 jours !), à l'orgueil (le visage d'une jolie femme lacérée au couteau) ou à la luxure (le jeu sexuel du godemiché perforant !), les tortures infligées sur chacune des victimes nous sont remémorées avec force et détails par les témoins, médecins ou complices éventuels (comme celui contraint de collaborer au pêcher de la luxure !), sans compter sur la sagacité de notre duo d'inspecteurs. Outre la rigueur géométrique d'une mise en scène virtuose (la poursuite impromptue dans l'immeuble du tueur culminant vers le centre urbain), David Fincherélabore une montée en puissance du suspense qui atteindra son apogée lors d'un final apocalyptique. La tension graduelle dont John Doe sait faire preuve pour intimider les inspecteurs lors de son escorte en véhicule va redoubler d'acuité lorsque ce dernier osera leur avouer ses deux plus beaux méfaits. Cette dernière partie anthologique distille un tel climat de malaise que le Mal en personne semble en être le principal instigateur. On peut d'ailleurs évoquer l'aura malsaine d'une entité maléfique qui imprégnait la pellicule de Friedkin dans le fameux Exorciste, etétablir une filiation entre l'inspecteur Somerset et le père Damien Karras, puisque tous deux gagnés par une non-croyance ! Qui plus est, le tueur venu de nulle part (John Doe est une fausse identité !) souhaite y laisser son empreinte et transmettre son rituel biblique à tous les dégénérés de la terre !


    "La peur mène à la colère, la colère mène à la haine, la haine mène à la souffrance"
    Chef-d'oeuvre de suspense et de tension dévoilant un regard sinistré sur la nature humaine, Seven reste notamment un fabuleux numéro d'acteurs que Kevin Spacey monopolise avec autant de tranquillité apathique que de cynisme impassible ! Vertigineux jusqu'au malaise viscéral !

    Bruno Matéï
    3èx

    Récompenses:
    Meilleur film et meilleur scénario au festival Fantasporto,1996.
    Saturn Awards du meilleur scénario et du meilleur maquillage en 1996.
    MTV Movie Awards du meilleur film et du meilleur méchant (Kevin Spacey) en 1996.
    Hochi Film Award du meilleur film étranger en 1996.
    Empire Awards du meilleur film et du meilleur acteur (Morgan Freeman) en 1997.
    Prix du public du meilleur film étranger aux prix Sant Jordi du cinéma en 1997.
    Blue Ribbon Award du meilleur film étranger en 1996.

    LE SILENCE DES AGNEAUX (The Silence of the Lambs). Oscar du Meilleur Film, 1992

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                                                                                 Photo empruntée sur Google, appartenant au site sites.psu.edu

    de Jonathan Demme. 1991. U.S.A. 1h58. Avec Jodie Foster, Anthony Hopkins, Scott Glenn, Ted Levine, Anthony Heald, Diane Baker, Kasi Lemmons, Brooke Smith.

    Sortie salles France: 10 Avril 1991. U.S: 30 Janvier 1991

    FILMOGRAPHIE: Jonathan Demme est un réalisateur, producteur et scénariste américain, né le 22 Février 1944 à Long Island,
    1974: 5 Femmes à abattre. 1975: Crazy Mama. 1976: Fighting Mad. 1977: Handle with Care. 1979: Meurtres en cascade. 1980: Melvin and Howard. 1984: Swing Shift. 1984: Stop Making Sense. 1986: Dangereuse sous tous rapports. 1987: Swimming to Cambodia. 1988: Famous all over Town. 1988: Veuve mais pas trop. 1991: Le Silence des Agneaux. 1992: Cousin Bobby. 1993: Philadelphia. 1995: Murder Incorporated. 1998: Beloved. 2002: La Vérité sur Charlie. 2004: Un Crime dans la Tête. 2008: Rachel se marie.


    Grand classique du thriller moderne au même titre que son compère Seven, Le Silence des Agneaux remporta également tous les suffrages auprès de la critique et du public grâce à en priorité à la rigueur d'un scénario charpenté et une confrontation psychologique des plus intenses. Couronné de 5 oscars dont celui du meilleur film, Le Silence des Agneaux doit autant sa renommée grâce au duo improbable formé par Jodie Foster et Anthony Hopkins. Une agent du FBI doit collaborer avec un dangereux tueur en série pour tenter d'en appréhender un autre lâché en pleine nature. Cet entretien psychologique qu'entame Clarice Starling avec le Dr Hannibal Lecter laisse en exergue des confrontations d'une belle intensité émotionnelle, sachant que cet anthropophage se joue un malin plaisir à fouiller dans l'esprit torturé de la jeune inspectrice. En échange de précieuses informations afin de localiser le tueur Buffalo Bill (Ted Levine est également effrayant en tueur androgyne frustré par sa sexualité !), Clarice est donc contrainte de lui divulguer un secret dramatique de son passé. Celui d'avoir été témoin et traumatisée par le hurlement d'agneaux abattus sous ses yeux lorsqu'elle n'était qu'une enfant. Depuis, ces nuits sont régulièrement hantées par ces plaintes moribondes, et le fait de retrouver vivante la dernière victime du tueur pourrait peut-être lui permettre de mettre un terme à ces cauchemars nocturnes. 


    Leur relation psychologique fondée sur la psychanalyse et la requête d'informations capitales finit donc par les rapprocher dans une confiance mutuelle non exempt d'affection. C'est la une des grandes originalités du récit qui permet d'entretenir un rapport équivoque entre l'intégrité d'une femme audacieuse et la foi d'un éminent psychiatre tributaire de ses démons. Dominé par la performance glaçante d'Anthony Hopkins (sa 1ère apparition reste dans toutes les mémoires !), l'acteur se fond dans la peau du serial-killer de manière magnétique avec sa posture monolithique rehaussée d'un regard impassible figé dans le vide. Il en émane une aura malsaine insaisissable dans son esprit de persuasion et sa démence anthropophage ! Avec fragilité humaine, Jodie Foster incarne une inspectrice en herbe perspicace et combative, à l'instar de son franchissement au repère de Buffalo Bill (ce qui nous vaut un final terrifiant bâti sur la peur du noir !). En alternance, elle nous insuffle également une émotion angoissée lorsqu'elle se laisse gagner par des souvenirs douloureux (notamment la mort brutale de son père) et lorsqu'elle doit faire face à sa survie de manière autonome (son fameux face à face avec Buffalo). 


    "La plus grande révélation est le silence" 
    Poignant, tendu et terrifiant, Le Silence des Agneaux puise sa force dans sa dimension dramatique, dans l'intelligence d'un scénario calibré et dans le pouvoir de suggestion imparti à la psychanalyse et à la scénographie morbide (notamment cette découverte d'un corps putrescent dans la morgue où l'on extrait de sa bouche un cocon d'insecte). Enfin, le film n'aurait sans doute jamais gagné son galon de chef-d'oeuvre sans la complicité malsaine du duo Starling/Lecter. Un couple sulfureux bâti sur le rapport d'influence et de considération que Jodie Foster et Anthony Hopkins retransmettent avec une ambivalence trouble.   

    Bruno Matéï
    4èx

    Récompenses: Oscar 1992 du Meilleur Film, Oscar du Meilleur Acteur (Anthony Hopkins), Oscar de la Meilleure Actrice (Jodie Foster), Oscar du Meilleur Réalisateur (Jonathan Demme), Oscar du Meilleur Scénario: Ted Tally.
    Prix Edgar-Allan-Poe du Meilleur Scénario, Ted Tally

      BRAINDEAD (Dead Alive). Grand Prix à Avoriaz, 1993.

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                                                                       Photo empruntée sur Google, appartenant au site kraders.wordpress.com

      de Peter Jackson. 1992. 1h44. Nouvelle Zélande. Avec Timothy Balme, Diana Penalver, Elizabeth Moody, Ian Watkin, Brenda Kendall.

      Sortie salles France: 27 Avril 1993

      FILMOGRAPHIE: Sir Peter Robert Jackson est un réalisateur, producteur et scénarise néo-zélandais, né le 31 Octobre 1961 à Pukerua Bay, North Island (Nouvelle-Zélande).
      1987: Bad Taste. 1989: Les Feebles. 1992: Braindead. 1994: Créatures Célestes. 1995: Forgotten Silver. 1996: Fantômes contre fantômes. 2001: Le Seigneur des Anneaux. 2002: Les Deux Tours. 2003: Le Retour du Roi. 2005: King-Kong. 2009: Lovely Bones. 2012: Le Hobbit: un voyage inattendu. 2013: Le Hobbit: la Désolation de Smaug. 2014: Le Hobbit: Histoire d'un aller et retour.


      Réputé comme étant le film le plus gore de tous les temps, Braindead se complaît toujours plus dans l'absurdité avec une fougue et un sens de l'invention débridés ! Après avoir été contaminée par un singe mutant ramené d'Indonésie, la mère de Lionel se transforme peu à peu en zombie et finit par transmettre son virus à d'autres habitants de la région. Souhaitant préserver sa vie, Lionel la planque à l'intérieur de sa cave parmi trois autres macchabées. Mais l'arrivée désinvolte de son oncle et d'une ribambelle d'invités vont semer la zizanie dans la maison quand ils vont tenter de se défendre contre des zombies dopés aux stimulants ! Puisant son inspiration dans les comédies burlesques du temps du muet (celles de Buster KeatonLaurel et Hardy ou encore Charlie Chaplin) et des bobines trash déjantées des eighties (Evil-dead, Ré-animator, Street Trash, Frères de Sang, etc), Peter Jackson nous concocte un film hardgore nonsensique et semble avoir été dopé aux amphétamines pour nous avoir conçu autant de situations incongrues (le repas du pudding entre invités chez la mère de Lionel, le couple de zombies en coït finissant par procréer un mort-né vivant, sa balade en poussette dans le parc familier, le pasteur et ses prises de karaté pour démembrer les zombies du cimetière !). 


      Récompensé du dernier Grand Prix à Avoriaz en 1993, Braindead peut se targuer d'être le mastodonte du gore décomplexé où rire et action se disputent sans relâche. L'incroyable énergie qui se dégage de la mise en scène de Jackson (abus de cadrages obliques et de zooms grossiers afin d'accentuer son caractère grand-guignolesque !), l'extravagance des personnages erratiques et l'horreur déployée à grands renforts d'hectolitres de sang nous plongent dans un carnaval horrifique toujours plus frénétique. A l'instar de ces 35 dernières minutes, anthologie du carnage vomitif contrebalancé par une dérision aussi morbide que pittoresque. Sur ce point, comment oublier le massacre commis à la tondeuse à gazon que Lionel exécute avec une démesure infernale ! Et si aujourd'hui Braindead n'a rien perdu de sa modernité et de son irrésistible pouvoir récréatif, c'est notamment grâce à l'habileté d'effets-spéciaux artisanaux bluffants de réalisme ! Certaines séquences compilées en temps réel s'avèrent d'ailleurs si impressionnantes qu'on se demande comment les techniciens ont pu réussir à entreprendre de tels prodiges dans leur souci du détail hard !


      Le chant du cygne du gore artisanal
      Jouissivement gore et délirant par son esprit cartoonesque, Braindead est le grand huit d'une horreur ricanante culminant son apogée dans une dernière orgie apocalyptique ! Le redécouvrir 30 ans après sa sortie prouve à quel point la mise en scène virtuose de l'insatiable Jacksonétait en avance sur son temps et que l'ère du numérique n'a pas encore surpassé cette bacchanale de tous les excès ! 

      Bruno Matéï
      3èx

      RécompensesGrand prix, Prix des Effets Spéciaux, Prix de la Critique au Festival du film fantastique d'Avoriaz 1993 
      Meilleurs effets spéciaux au Festival international du film de Catalogne en 1992.
      Silver Scream Award au Festival du film fantastique d'Amsterdam 1993.
      Meilleur film et meilleurs effets spéciaux à Fantasporto, 1993.
      Meilleur film, meilleur réalisateur, meilleur acteur (Timothy Balme) et meilleur scénario aux New Zealand Film and TV Awards en 1993.


      LA MORT AU LARGE (L'Ultimo Squala)

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                                                                                           Photo empruntée sur Google, appartenant au site ayay.co.uk

      de Enzo G. Castellari. 1981. Italie. 1h28. Avec James Franciscus, Vic Morrow, Joshua Sinclair, Giancarlo Prete, Micaela Pignatelli.

      FILMOGRAPHIE SELECTIVE: Enzo G. Castellari est un réalisateur, scénariste, acteur, monteur et producteur italien, né le 29 Juillet 1938 à Rome (Italie).
      1967: Je vais, je tire et je reviens. 1968: Django porte sa croix. 1968: 7 Winchester pour un massacre. 1968: Tuez les tous... et revenez seul ! 1973: Le Témoin à abattre. 1976: Keoma. 1977: Une Poignée de salopards. 1977: Action Immédiate. 1979: La Diablesse. 1979: Les Chasseurs de Monstres. 1981: La Mort au Large. 1982: Les Nouveaux Barbares. 1982: Les Guerriers du Bronx. 1983: Les Guerriers du Bronx 2. 1987: Striker. 1987: Hammerhead. 1997: Le Désert de Feu.


      Profitant du filon commercial des 2 premiers opus des Dents de la mer, Enzo G. Castellari nous rend ici sa copie Z dans la pure tradition du Bis transalpin. Reprenant le même schéma narratif que ces modèles, La Mort au Large illustre à nouveau les vicissitudes de touristes d'une station balnéaire, pris à parti avec un dangereux requin ! Et pas des moindres, puisqu'aux dires du chasseur Ron Hamer, il s'agit du plus gros poisson jamais aperçu durant toute sa carrière. Lui et l'écrivain Peter Brenton décident d'entreprendre une traque en mer afin d'éradiquer l'animal et depuis que le maire a refusé l'annulation des festivités d'un concours de voiliers !


      Avec ses personnages ultra caricaturaux blablatant leurs répliques impayables dans une posture contractée, ses situations rebattues et son budget dérisoire, la Mort au large ne peut compter que sur l'efficacité du montage et de l'action récurrente pour stimuler le divertissement. C'est donc avec les stratégies de protagonistes pour alpaguer le requin que le réalisateur compte focaliser son intrigue en l'émaillant de morts spectaculaires. De manière autonome, ils vont donc parcourir la mer à bord de leur bateau, quand bien même le maire de la ville décide de le traquer en hélicoptère ! Ce qui nous vaut un bel effet gore assez spectaculaire et plutôt efficace dans son effet minimaliste (suspendu dans le vide car agrippé au patin de l'hélicoptère, l'homme se fera arracher les jambes par la mâchoire du squale !). Du côté des médias, un journaliste véreux au plus près de l'affaire profite également de l'évènement pour s'attirer la notoriété et en soudoyant un chasseur de requin un peu trop zélé. Afin de pallier ses moyens dérisoires, Enzo G. Castellari utilise notamment le stock-shot traditionnel afin de substituer les rares apparitions du faux requin, mais aussi la maquette pour certaines séquences aquatiques (comme celle du crash de l'hélicoptère ou lors du final explosif).


      Avec l'attachante bonhomie de comédiens de seconde zone au charisme viril (James Franciscus / Vic Morrow) et la fantaisie involontaire de situations de panique, La Mort au Large joue la carte de l'exploitation sous un format modeste de série B. A l'instar du savoir-faire rudimentaire de son auteur mais tout à fait appliqué à rendre une copie Z des plus divertissantes. Ajouter à cela un score entêtant suscitant la menace et vous obtenez la déclinaison la plus ludique de Jaws. Un nanar aujourd'hui notoire qui aura d'ailleurs fait de l'ombre au futur projet des Dents de la mer 3 puisque ayant dépassé ses recettes commerciales en nombre d'entrées ! 

      Bruno Matéï
      4èx


      CUJO. Prix du Public, Fantasporto, 1987

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                                                              Photo empruntée sur Google, appartenant au site Devildead.com

      de Lewis Teague. 1982. U.S.A. 1h31. Avec Dee Wallace Stone, Danny Pintauro, Daniel Hugh Kelly, Christopher Stone, Ed Lauter, Kaiulani Lee.

      Sortie salles France: 10 Août 1983. U.S: 12 Août 1983

      FILMOGRAPHIE: Lewis Teague (né le 8 mars 1938 à Brooklyn, New-York, Etats-Unis) est un réalisateur, monteur, acteur et directeur de la photographie américain.
      1974: Dirty O'Neil. 1979: The Lady in red. 1980: L'Incroyable Alligator. 1982: Fighting Back. 1983: Cujo. 1985: Cat's Eye. 1985: Le Diamant du Nil. 1989: Collision Course. 1990: Navy Seals: les meilleurs. 1991: Wedlock.


      D'après le célèbre roman de Stephen King, Cujo est adapté au cinéma en 1983 sous la houlette d'un habile faiseur de série B, Lewis Teague. Succès commercial en salles et en vidéo, ce petit classique de tension horrifique s'avère toujours aussi redoutable 30 ans après sa sortie. A la suite d'une panne d'essence, une mère de famille et son jeune fils se retrouvent piégés à l'intérieur de leur véhicule depuis la menace belliqueuse d'un Saint-Bernard. A partir de cette intrigue linéaire mais originale, Lewis Teague nous confectionne un modèle d'efficacité dans son lot de séquences d'agressions adroitement exécutées. En privilégiant dans sa seconde partie l'unité du huis-clos confinée autour d'une ferme, le réalisateur y implique le désarroi d'une femme et d'un jeune enfant, piégés à l'intérieur d'un environnement encore plus restreint, celui d'une voiture parquée en plein soleil ! Alors que dehors, à quelques mètres d'eux, un Saint-Bernard rendu fou par la morsure d'une chauve-souris attend le moment propice pour passer à l'affront et les alpaguer. Ces tentatives belliqueuses de daigner pénétrer de force dans le véhicule nous vaut des séquences d'agressions extrêmement violentes par le réalisme imposé, alors que les victimes en état de panique tentent de se défendre de manière bien précaire.


      Pour renforcer le malaise et la caractère éprouvant d'un contexte aussi cauchemardesque, le bambin est confronté à ses crises d'asthme lorsque la chaleur d'un soleil écrasant commence à se faire sentir à l'intérieur de la voiture. Jouant avec le suspense et la tension d'une attaque redoutée, Lewis Teagueélabore de main de maître des séquences d'agressions aussi cuisantes qu'éprouvantes. On peut d'ailleurs prôner le jeu authentique du Saint-Bernard, monstre canin au regard méfiant rempli d'écumes, redoublant de férocité face à la présence humaine et lorsqu'un bruit sonore se fait trop strident (la sonnerie prolongée d'un téléphone !). On se demande d'ailleurs comment les dresseurs ont-ils pu élaborer des séquences d'attaques aussi cinglantes dans ses affrontements corporels avec les victimes ! Dominé par la présence de Dee Wallace Stone, l'actrice en état de marasme réussit pleinement à retransmettre sa peur et son désarroi mais aussi sa volonté stoïque à affronter l'animal pour sauver la vie de son bambin. Epatant de naturel dans sa posture de gosse effrayé, le petit Danny Pintauro doit également beaucoup au caractère crédible des altercations sanglantes et l'on s'éprend rapidement de compassion pour sa condition innocente de victime sévèrement châtiée par le "monstre du placard" !


      Bien que sa première partie s'embarrasse d'une inutile liaison d'adultère mais gagne déjà à susciter la terreur dans une séquence-choc impressionnante, Cujo doit principalement sa réputation aux 40 dernières minutes, succession d'attaques anthologiques d'une efficacité terrifiante. Pourvu d'un score percutant, du jeu sincère des comédiens et d'une virtuosité technique hors pair, ce cauchemar implacable mérite amplement son statut de meilleur film d'agression canine, avec un autre modèle autrement bouleversant, Dressé pour tuer

      Bruno Matéï
      4èx

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