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SOLDAT BLEU (Soldier Blue)

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                                             Photo empruntée sur Google, appartenant au site Notrecinema.com

de Ralph Nelson. 1970. U.S.A. 1h55. Avec Candice Bergen, Peter Strauss, Donald Pleasance, John Anderson, Jorge Rivero, Dana Elcar.

Sortie salles: 23 Avril 1971

FILMOGRAPHIE SELECTIVE: Ralph Nelson est un réalisateur américain, né le 12 Août 1916 à New-York, décédé le 21 Décembre 1987 à Santa Monica.
1962: Requiem for a Heavyweight. 1965: Les Tueurs de San Francisco. 1966: La Bataille de la Vallée du Diable. 1968: Charly. 1970: Soldat Bleu. 1972: La Colère de Dieu. 1975: Le Vent de la Violence. 1976: Embryo. 1979: Christmas Lilies of the Field (télé-film).


Depuis l'aube de l'humanité, l'homme a écrit son histoire dans le sang. Mais il a aussi prouvé que l'étincelle divine existe en lui. Il y a dans l'âme humaine une part d'ombre qui date du jour ou Caïn a tué son frère. La fin du film montre, sans la moindre hypocrisie, les horreurs d'un combat où la folie sanguinaire triomphe de la raison. Les atrocités ne sont pas commises seulement contre l'ennemi, mais aussi contre des innocents, des femmes et des enfants. Horreur suprême: tout cela a bel et bien eu lieu.  

Western mythique réputé pour sa subversion d'une violence insupportable, Soldat Bleuébranla une génération de cinéphiles en ce début des années 70. Si un an au préalable, Sam Peckinpah avait déjà donné un coup de fouet au genre par l'entremise d'une ultra violence chorégraphiée, Ralph Nelson pousse le bouchon encore plus loin pour dénoncer l'horreur pure d'un massacre de Cheyennes survenu le 29 Novembre 1864. Une unité de cavalerie américaine comptant plus de 700 hommes attaqua un paisible village cheyenne à Sank Creek dans le colorado. Les indiens déployèrent le drapeau américain et un drapeau blanc de reddition. Malgré cela, la cavalerie se lança à l'attaque massacrant 500 indiens dont plus de la moitié étaient des femmes et des enfants. Plus d'une centaine de scalps furent pris, des corps furent démembrés et il y eut de nombreux viols. Le général Nelson A. Miels, chef d'état-major de l'armée, a dit de ce massacre qu'il était peut-être le crime le plus ignoble et le plus injuste de l'histoire des Etats-Unis.


Ce bref monologue énoncé à la toute fin de Soldat Bleu est une manière orale de rappeler au spectateur le caractère authentique d'un génocide indien perpétré par l'impérialisme ricain. Composé de deux parties distinctes, le film s'attache d'abord à nous dépeindre la relation houleuse d'un duo d'amants en discorde. Après une guerre sanglante provoquée par les indiens et qui aura valu la mort de 21 soldats de son infanterie, Honus Gent, soldat bleu timoré et naïf, fait la rencontre de Cresta Lee, une américaine préalablement kidnappée par un chef indien durant deux ans. Livrés à l'abandon, ils vont tenter ensemble de survivre dans le désert hostile avant d'essayer d'atteindre le fort voisin. Incarnés successivement par Peter Strauss et Candice Bergen, la complicité naturelle qu'ils affichent à l'écran doit beaucoup au caractère pittoresque de leur esprit de divergence. Car ici, le cliché de la blonde potiche est détourné au profit du caractère autoritaire d'une femme impudente, délibérée à faire comprendre à une jeune recrue que son armée est responsable de crimes barbares, d'intolérance et de racisme. On est donc loin ici des clichés du western lyrique cher à John Ford avec les gentils soldats américains combattant les méchants indiens détrousseurs de scalps. Qui plus est, l'utilisation de la partition classique aux accents triomphants nous laisse ici un goût amer dans la bouche par le réalisme toléré aux affrontements sanglants ! A travers les éléments de comédie et de romance, Ralph Nelson réussit facilement à nous attacher à l'évolution humaine de ces personnages apprenant mutuellement à se connaître, car confrontés dans une situation de survie. Face à leur témoignage, c'est avec l'arrivée de la cavalerie que le ton va brusquement changer pour illustrer de façon tranchée la guerre d'une expédition punitive. Ce saisissant contraste infligé aux 25 dernières minutes du film s'avère d'autant plus radical et inopiné que l'intensité dramatique qui en émane provoque colère, dégoût, tristesse et malaise. A l'aide d'une violence crue n'hésitant pas à verser dans le gore pour les exactions de décapitations, scalps, démembrements, viols et infanticides, Ralp Nelson nous plonge dans une horreur réaliste littéralement bouleversante. Car le spectateur endure ce carnage de manière totalement impuissante face à la folie de l'homme littéralement entraîné dans une dérive sadique !


Réflexion sur la vengeance, métaphore sur la guerre du Vietnam, réquisitoire contre la haine et la barbarie, Soldat Bleu reste sans nulle doute l'un des westerns les plus crus et audacieux que le cinéma nous ait engendré. Et si de prime abord la romance pittoresque nous avait réconforté, l'horreur gratuite qui va suivre ne nous épargnera aucune dérobade. Inoubliable.
P.S:A réserver toutefois à un public averti.

Bruno Matéï
3èx



UN TUEUR DANS LA FOULE (Two Minute Warning)

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                                                                             Photo empruntée sur Google, appartenant au site Notrecinema.com

de Larry Peerce. 1976. U.S.A. 1h55. Avec Charlton Heston, John Cassavetes, Martin Balsam, Beau Bridges, Marilyn Hassett, David Janssen, Jack Klugman.

Sortie salles France: 12 Novembre 1976

FILMOGRAPHIE SELECTIVE: Larry Peerce est un réalisateur américain, né le 19 Avril 1930 dans le Bronw, New-York.
1973: Les Noces de cendre. 1976: Un tueur dans la foule. 1987: Queenie (télé-film). 1989: Wired. 1995: Mensonges et trahison (télé-film). 1999: Abus de confiance.


En pleine expansion du genre catastrophe, le réalisateur méconnu Larry Peerce exploite le filon pour mettre en scène Un Tueur dans la foule. Le pitch s'avère toujours aussi limpide. Un tueur embusqué sur le toit d'un stade se prépare à commettre un carnage durant la retransmission d'un match de football. Déniché par la police, le capitaine Peter Holly tente de l'appréhender parmi l'ingérence d'une brigade spéciale. Avec sa réunion de stars notoires (Charlton Heston, Gena Rowlands, John Cassavetes, Martin BalsamBeau Bridges), Un Tueur dans la Foule n'échappe pas aux traditionnels clichés pour nous décrire les liaisons houleuses de couples amoureux. Le problème, c'est qu'une fois de plus, ces seconds rôles de faire-valoir s'avèrent dénués d'intérêt pour leur accorder une quelconque empathie face à leur souci d'argent ou d'infidélité. C'est donc du côté des rôles principaux, en particulier celui du capitaine Holly, incarné avec virilité par Charlton Heston, et celui du chef de la brigade spéciale, endossé avec pragmatisme par John Cassavetes, qu'Un Tueur dans la foule réussit à gagner notre enthousiasme. A eux deux, ils forment un tandem plutôt solide pour nous convaincre de leurs stratagèmes à tenter d'alpaguer le tueur.


Si le début du film démarre en trombe avec l'acte crapuleux d'un homicide, le tueur exterminant lâchement au hasard d'une route un cycliste lambda, la suite peine quelque peu à insuffler de l'attention pour la représentation des seconds-rôles que j'ai précédemment reproché. Qui plus est, dès que le réalisateur pénètre sa caméra en interne du stade pour s'attarder sur le jeu des footballeurs et sur l'étude sportive des commentateurs, l'ennui se fait un peu pesant en attendant les prochains méfaits du tueur. C'est avec l'arrivée musclée de la brigade spéciale qu'Un Tueur dans la Foule peut enfin démarrer et y insuffler une certaine dose de suspense dans la manière dont elle va pouvoir l'appréhender. Le plus important n'est donc pas de savoir quand le tueur va pouvoir frapper et quels innocents seront ciblés, mais plutôt de comprendre de quelle manière la brigade va bien pouvoir accéder au toit du stade afin de le déjouer. Car positionné sur un abri bétonné, juste au dessus de l'affiche des résultats, le meurtrier a trouvé la planque idéale afin de se prémunir des balles et tirer facilement sur ses proies. Une tension sous-jacente nous est donc retransmise par l'attitude assidue des services de police à vouloir grimper sur le toit, quand bien même un public de la foule va lui aussi apercevoir sa fameuse planque à l'aide de ses jumelles ! Bien évidemment, la dernière partie du film, beaucoup plus intense et surtout spectaculaire, emprunte la voie de la catastrophe pour illustrer les exactions du criminel tirant au hasard de la foule ! Outre la violence cinglante assénée sur les innocents, les séquences de mouvements de foule en panique s'avèrent aussi impressionnantes que réalistes dans l'effectif de figurants déployés et leur désespoir d'échapper aux balles ! Quand aux motivations réelles de l'individu en question, le réalisateur préfère les mettre sous silence pour laisser sous entendre la folie d'un sociopathe !


Hormis ses longueurs, ses situations rebattues et sa réalisation routinière, Un Tueur dans la Foule est suffisamment haletant et violemment spectaculaire pour se laisser gagner par son caractère purement ludique. La présence solide des vétérans Charlton Heston et John Cassavetes ajoutent au charme vintage que le genre catastrophe marque de son empreinte en cette époque florissante des années 70.  

Bruno Matéï
3èx

MASSACRE DANS LE TRAIN FANTOME (The Funhouse)

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                                                                           Photo empruntée sur Google, appartenant au site arte.tv

de Tobe Hooper. 1981. U.S.A. 1h39 (Uncut). Avec Elizabeth Berridge, Shawn Carson, Jeanne Austin, Jack McDermott, Cooper Huckabee.

Sortie salles France: 24 Juin 1981. U.S: 13 Mars 1981

FILMOGRAPHIE: Tobe Hooper est un réalisateur américain né le 25 Janvier 1943 à Austin (Texas)
1969: Eggshells, 1974: Massacre à la Tronçonneuse, 1977: Le Crocodile de la Mort, 1979: The Dark (non crédité), 1981: Massacre dans le Train Fantôme, 1982: Poltergeist, 1985: Lifeforce, 1986: l'Invasion vient de Mars, Massacre à la Tronçonneuse 2, 1990: Spontaneous Combustion, 1993: Night Terrors, 1995: The Manglers, 2000: Crocodile, 2004: Toolbox Murders, 2005: Mortuary, 2011: Roadmaster.


A peine remis du succès scandale de Massacre à la Tronçonneuse et du non moins poisseux Crocodile de la mort, Tobe Hooper rempile à nouveau avec l'horreur pour son troisième métrage, un slasher cauchemardesque au décorum original et au titre significatif, Massacre dans le Train fantôme. Outre son appellation française à but lucratif, c'est une manière tacite de rappeler que derrière la caméra se cache l'auteur du film d'horreur le plus célèbre et controversé des années 70. Alors qu'ils décident de passer frauduleusement une nuit à l'intérieur d'un train-fantôme, quatre jeunes étudiants vont être témoin d'un crime et devoir sauver leur peau après avoir été dépisté par l'un des criminels. A partir d'une trame plus finaude qu'à l'accoutumée, Tobe Hooper exploite le slasher avec inventivité dans son lot de rebondissements auquel une tension dramatique va amplifier le malaise pour la destinée des adolescents. En l'occurrence, le tueur masqué s'avère intelligemment exploité puisqu'il n'est que l'instrument d'un maître-chanteur particulièrement influent, son propre paternel ! Ayant incidemment étranglé une foraine après un acte sexuel, le meurtrier, accoutré d'un masque de Frankenstein, va demander l'aide de son père pour tenter de se débarrasser du corps. Ayant été témoins de la scène, nos quatre intrus sont donc destinés à périr pour une raison justifiée, faute d'avoir eu la malchance d'être au mauvais moment au mauvais endroit. De surcroît, le tueur s'avère également une victime dans sa condition de freak difforme et déficient, asservi par l'autorité d'un père sans vergogne, principal instigateur des crimes à venir. 


Esthétiquement flamboyant dans un format scope, le réalisateur attache une grande importance à la scénographie de la fête foraine à travers ces manèges à sensations, spectacles de magie et show érotiques ! Sur ce point, la première demi-heure est une vraie déclaration d'amour à ce rassemblement forain quand les jeunes étudiants envisagent de s'y balader pour visiter divers stands et attractions, tout en fumant des joints en cachette. Le ton sarcastique et bon enfant qui prédomine sa première partie va vite déchanter quand nos protagonistes vont se retrouver pris au piège dans l'enceinte du train fantôme. En jouant sur la figuration horrifico-théâtrale des monstres ricanants qui jalonnent le train, Tobe Hooper insuffle un climat anxiogène en demi-teinte, car aussi attirant que déstabilisant. La manière abrupte et inopinée dont nos adolescents vont tomber sous les traquenards meurtriers (le train est rempli de chausse-trapes et deux tueurs sont en action !) traduit notamment une volonté de se démarquer de la conformité. Le film épouse d'ailleurs un climat quelque peu malsain au fil des situations de survie et impose un rythme toujours plus intense quand à la destinée cauchemardesque de l'unique survivante en état de marasme ! (on songe d'ailleurs un instant au climat de folie qui imprégnait la pellicule de Massacre à la Tronçonneuse lorsque l'héroïne envahie de visions horrifiées semble sombrer dans la démence !)


Captivant de bout en bout, angoissant, tendu et cauchemardesque, Massacre dans le Train Fantôme renouvelle le slasher ludique en dédiant son rôle principal à un parc d'attraction de tous les dangers ! Si la psychologie sommaire des jeunes héros aurait mérité un peu plus d'attention, ils n'en demeurent pas moins empathiques dans leurs motivations désespérées à rejoindre l'issue de secours ! Ce qui prouve le caractère sombre des situations que Tobe Hooper retransmet avec une certaine tension dramatique. Un bijou sardonique n'ayant rien perdu de son efficacité ! 

Bruno Matéï
5èx

LES TUEURS DE L'ECLIPSE (Bloody Birthday)

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                                                                          Photo empruntée sur Google, appartenant au site avoir-alire.com

de Ed Hunt. 1981. U.S.A. 1h29. Avec Susan Strasberg, José Ferrer, Lori Lethin, Melinda Cordell, Julie Brown, K.C. Martel, Elisabeth Hoy, Billy Jakoby

Sortie salles France: 26 Mai 1982

FILMOGRAPHIE: Ed Hunt est un réalisateur, scénariste et producteur américain, né à Los Angeles.
1973: Pleasure Palace, 1974: Diary of a Sinner, 1976: Point of no return. 1977: L'Invasion des Soucoupes Volantes. 1979: Plague. 1981: Les Tueurs de l'Eclipse. 1986: Alien Warrior. 1988: The Brain.


Hit vidéo des années 80 sorti sous la bannière d'Hollywood Video, Les Tueurs de l'Eclipse est une bande d'exploitation fauchée qui ne doit son capital sympathie que par la succession d'exactions meurtrières commises par des bambins. Trois enfants de famille distincte naissent le même jour lors d'une éclipse. A l'aube de leur 10 ans, et sans aucune explication plausible, ils se mettent à provoquer des incidents meurtriers envers les citadins de leur petite bourgade.


En reprenant le thème de l'enfant tueur, Ed Hunt ne s'embarrasse ici ni de psychologie, ni de cohérence pour illustrer les méfaits tordus de nos charmantes têtes blondes. Le scénario se résumant aux stratégies criminelles qu'ils vont devoir employer pour se débarrasser de leur entourage. Avec sa réalisation aseptique bourrée de maladresses, ses comédiens inexpressifs (mention à la jeune Lori Lethin dont la bouille s'avère si timorée qu'on ne sait jamais si elle exprime de la gaieté ou de la tristesse lors d'épisodes dramatiques !) et ses dialogues ineptes, Les Tueurs de l'Eclipse aurait facilement pu sombrer dans le navet s'il n'était pas sauvé par le charisme diabolique des trois marmots. Avec leur bouille faussement innocente et leur regard plein de vice, le trio s'avère plutôt convaincant lorsqu'ils se lancent au défi de commettre les actes les plus crapuleux. En jouant sur l'efficacité de leurs exactions, voire aussi de leur subterfuge afin de discréditer une rivale (la party d'anniversaire), le film insuffle un dynamisme réjouissant et se permet notamment l'audace d'une violence brutale (coup de pelle, batte de base-ball ou pruneau reçu en pleine tête, flèche dans l'oeil !). D'autant plus que ces bambins s'avèrent très jeunes (ils sont à peine âgés de 10/12 ans !) pour commettre de tels actes et rivalisent de sadisme et d'inventivité pour piéger leurs adversaires (le coup du skate board sur la rampe d'escalier ou celui de la fléchette derrière le trou du placard, l'arme factice échangée contre un vrai dans la ceinture du policier, le jeu du réfrigérateur dans la casse). Outre leur passe-temps favori à exterminer sans une once de remord, ils s'invitent parfois à une partie de voyeurisme zyeutée à travers le trou d'un placard lors de l'exhibition d'une potiche. Quand au final haletant, Ed Hunt intensifie l'action lors de la séquestration d'une baby-sitter et de son jeune frère, communément contraints de se rebeller contre leur autorité.


Vieillot et très Bis dans l'âme, Les Tueurs de l'Eclipse est un produit mineur mais au charme indéniablement sympathique. De par le charisme sardonique imparti au trio de gamins et par la vigueur d'un rythme fertile en séquences-chocs. Un plaisir coupable à réserver en priorité aux nostalgiques de l'époque !

Bruno Matéï
5èx



WOLF CREEK 2

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                                                                                      Photo empruntée sur Google, appartenant au site kinostar.com

de Greg McLean. 2014. Australie. 1h47. Avec John Jarratt, Ryan Corr, Shannon Ashlyn, Philippe Klaus, Gerard Kennedy, Annie Byron.

Sortie salles France: Prochainement...

FILMOGRAPHIE: Greg McLean est un réalisateur, scénariste et producteur australien.
2005: Wolf Creek. 2007: Solitaire. 2014: Wolf Creek 2.


9 ans séparent Wolf Creek de cette séquelle et le moins que l'on puisse dire c'est que l'attente en valait la chandelle ! Non pas que je trépignais d'espérer une suite à un panthéon de l'horreur qui se suffisait à lui même, mais que ma curiosité emportait finalement le dessus à savoir si Greg Mclean allait habilement relever la tâche pour ne pas se laisser influencer par le produit standard !
Ca débute fort avec une séquence d'ouverture donnant d'emblée le ton crapuleux ! Un duo de flics zélés va s'en prendre à notre tueur australien lors d'un simple contrôle de routine ! Bien entendu, les rapports de force vont s'affronter à coups de réparties provocatrices, juste avant de virer à une vendetta criminelle et inverser les rôles de soumission ! Avec ce prologue percutant n'épargnant aucune chance aux victimes, on reconnait bien la patte du réalisateur à illustrer de manière cruelle des mises à mort cinglantes car d'un réalisme quasi insupportable ! 


Si la suite nous laisse craindre qu'un couple de touristes allemands va à nouveau se retrouver pris en otage et subir les frais du tueur, Greg Mc Lean opte pour une autre orientation avec l'intervention d'un nouveau pèlerin isolé, témoin malgré lui. A partir d'une intrigue plutôt bien élaborée car oscillant efficacement l'action spectaculaire (un accrochage sur bitume rappelant les poursuites endiablées de Duel !), revirements inopinés et intervention aléatoire de protagonistes secondaires, le cinéaste reformule le mode du survival du point de vue d'un seul et unique survivant. Avec intensité et un sens du suspense exponentiels pour la destinée de l'otage, Wolf Creek 2 renoue donc avec l'horreur hardcore tristement actuelle lorsqu'un serial-killer plus vrai que nature décide de nuire à autrui. Faisant preuve d'un humour noir terriblement inconfortable, Greg Mc Lean relance ensuite l'intérêt avec la nouvelle tâche du tueur suggérant à sa victime un défi sardonique, celui de "questions pour un champion" ! (une parodie à graver dans les annales !). Ces séquences de confrontation psychologique entretenues entre nos adversaires suscite une montée graduelle de la tension, dans le sens où le survivant devra tenter en désespoir de cause et à multiples reprises, de s'emparer d'un marteau avant qu'il ne devienne manchot ! Exploitant également les recoins caverneux de la tanière de l'ogre, véritable charnier de cadavres putrescents ou moribonds, la réalisateur continue de jouer avec nos nerfs dans son sens aiguisé d'une terreur abrupte pour la survie humaine. Une fois encore, si Wolf Creek2 s'avère aussi tendu, extrême, hargneux et très malsain, il le doit à la maîtrise de sa réalisation, à la photogénie du désert australien (magnifiquement éclairé d'horizons crépusculaires) et à l'interprétation iconique de John Jarratt. L'acteur affichant avec le même enthousiasme goguenard un jeu de dominance entièrement conçu sur le sadisme et la perversité. 


Terrifiant, anti ludique et terriblement éprouvant, Wolf Creek 2 ébranle à nouveau le spectateur sans anesthésie et évite l'écueil de la redite dans un scénario structuré redoublant d'efficacité pour la condition d'une victime en porte-à-faux. Une séquelle presque aussi puissante que son modèle car terriblement opprimante et sans aucune échappatoire ! 

Bruno Matéï

PREDATOR

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                                                                       Photo empruntée sur Google, appartenant au site futurefantastique.com

de John McTiernan. 1988. U.S.A. 1h47. Avec Arnold Schwarzenegger, Carl Weathers, Elpidia Carrillo, Bill Duke, Jesse Ventura, Sonny Landham, Richard Chaves.

Sortie salles France: 19 Août 1987. U.S: 12 Juin 1987

FILMOGRAPHIE: John McTiernan est un réalisateur et producteur américain, né le 8 janvier 1951 à Albany à New-York.
1986: Nomads. 1987: Predator. 1988: Piège de Cristal. 1990: A la Poursuite d'Octobre Rouge. 1992: Medicine Man. 1993: Last Action Hero. 1995: Une Journée en Enfer. 1999: Le 13è Guerrier. 1999: Thomas Crown. 2002: Rollerball. 2003: Basic.


En 1987, John McTiernan accomplit avec Predator un vrai coup de maître pour son second long-métrage, reconnu depuis comme un classique incontesté. Sans doute inspiré par Terreur Extra-terrestre de Greydon Clark, série B culte au pitch de départ similaire et dirigée par le même acteur du rôle-titre), mais aussi de Wolfen de Michael Wadleigh (pour la vision thermique de la créature), John Mc Tiernan opte pour le divertissement à grand spectacle en combinant le film de guerre en vogue (Rambo, Commando, Portés Disparus) et la science-fiction hostile (les référentiels Alien et sa suite, X Tro). Démarrant sur les chapeaux de roue avec la mission périlleuse d'un commando parti récupérer un éminent otage en pleine cambrousse, Predator frappe d'emblée par l'ampleur de sa mise en scène dont l'impact des scènes homériques nous laisse le souffle coupé ! Cette petite mise en bouche déjà jouissive n'est rien comparée aux motivations prédatrices qui vont suivre envers un extra-terrestre férue de trophées humains ! C'est donc ici une chasse à l'homme peu commune que nous relate le réalisateur par l'intermédiaire d'un rapace redoutablement pernicieux, car roi du camouflage et du plaisir de la traque !


Sur le papier, si le scénario peut s'avérer de prime abord grotesque et aurait sans doute sombré dans la gaudriole Z par un aimable tâcheron, John Mc Tiernan en extrait un opéra d'action et de violence au souffle primitif ! (voir l'incroyable point d'orgue auquel s'affrontent sauvagement Dutch et le prédateur !). Porté sur les épaules de la montagne de muscles des années 80, Arnold Schwarzenegger impose autant de sa posture saillante pour faire face à la stoïcité de son adversaire. Conçu par Stan Winston, le monstre au look rasta pourvu de gadgets meurtriers s'avère si impressionnant qu'il est depuis entré dans la légende du bestiaire fantastique afin d'égaler le xénomorphe d'Alien ! Mais avant ce duel homérique resté dans les annales par son ampleur visuelle et sa férocité explosive, John Mc Tiernan nous aura peaufiné un redoutable survival lorsqu'une équipe d'élite se retrouve piégée par une présence hostile en interne d'une jungle. Incroyablement photogénique, ce milieu forestier semble se partager la vedette avec l'ennemi invisible tant le cinéaste exploite à merveille sa végétation très dense où la paranoïa de l'homme est notamment réduite à l'état de soumission. Ce sentiment d'insécurité permanent régi au coeur de la flore est d'autant plus palpable que l'anxiété des protagonistes s'avère toujours plus précaire, sachant que le prédateur se fond facilement à travers la végétation à l'aide d'une combinaison électronique.


Véritable leçon de mise en scène exploitant à merveille l'immensité du décor naturel et l'ambition pernicieuse d'une créature protéiforme, Predator marque également de son empreinte un duel au sommet entrepris entre le survivant et l'étranger, communément épris de bravoure pour dicter leur mainmise. Un chef-d'oeuvre formel baignant dans une dimension mythologique auquel la vigueur des combats insuffle une fulgurance vertigineuse.

Bruno Matéï
4èx


    APOCALYPSE 2024 (A Boy and his Dog)

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                                                                          Photo empruntée sur Google, appartenant au site apocalypsezone.com

    de L. Q. Jones. 1975. U.S.A. 1h31. Avec Don Johnson, Susanne Benton, Jason Robards, Tim McIntire, Alvy Moore, Helene Winston.

    Sortie salles France: 21 Avril 1976. U.S: Novembre 1975

    FILMOGRAPHIE: L. Q. Jones est un réalisateur, acteur, scénariste et producteur américain, né le 19 Août 1927 à Beaumont, Texas (Etats-Unis).
    1964: The Devil's Bedroom. 1975: Apocalypse 2024. 1978: L'Incroyable Hulk (série T.V. 1 Episode: On the Line.


    Authentique film culte peu connu du public et rarement diffusé à la TV, Apocalypse 2024 est notamment l'occasion de retrouver dans un tout jeune rôle le héros de Miami Vice: Don Johnson ! Quand à l'identité du réalisateur, plus connu en tant qu'acteur dans ses rôles de western, il est uniquement responsable de deux longs-métrages dont un premier essai resté inédit en France !
    Récit post-apo décrivant les vicissitudes d'un survivant et de son chien, Apocalypse 2024 réussit de prime abord à retranscrire avec peu de moyens un univers de désolation après que la 4è guerre mondiale eut éclaté. Communiquant par télépathie avec son animal de compagnie, Vic tente de survivre dans un désert aride parmi l'hostilité de rescapés réduits à la famine. Alors qu'une autre population cohabite dans le monde souterrain, il va tenter d'y pénétrer par l'entremise d'une jeune inconnue qu'il voulait préalablement violer. Pendant leurs moments d'intimité et après s'être protégés de la horde des hurleurs, Quilla en profite pour le persuader de rejoindre l'autre monde contre l'avis du chien, Blood.


    A travers les éléments de comédie noire et d'anticipation pessimiste, L. Q. Jones réalise ici un ovni aussi déroutant qu'attachant. D'abord par l'échange de conversations entretenues entre l'homme et son animal de compagnie doué ici de parole, sachant que ce dernier s'avère beaucoup plus lucide et érudit que son maître ! Ensuite par la dystopie assénée à deux univers distinctes, celui de la surface où tentent de survivre dans la sauvagerie les marginaux les plus défavorisés (on songe inévitablement à Mad-Max 2 !), et celui du monde souterrain où une société plus aisée s'efforce de trouver un fécondateur afin de favoriser leur procréation. Avec un humour plein de sarcasme (Blood vole la vedette à tout le monde dans son sens de l'intelligence mais aussi sa pudeur à respecter les mauvais choix de son maître !) et l'extravagance de personnages plutôt décalés (chaque habitant de Topeka est peinturluré d'un maquillage laiteux sur le visage !), Apocalypse 2024 mêle la farce satirique au post-nuke en soulignant le caractère dépendant à nos besoins sexuels (Vic est totalement tributaire de ses instincts lubriques !). Certaines mauvaises langues pourraient d'ailleurs reprocher le caractère misogyne de l'intrigue puisque la place de la femme est réduite ici à une fonction perfide et sournoise (sans parler d'objet de soumission dans sa 1ère partie !) afin de renverser le pouvoir et obtenir le trône ! A travers le cheminement indécis d'un rescapé machiste et maladroit, délibéré à épargner son chien pour accoster un monde meilleur, c'est également un récit initiatique que nous relate le réalisateur tout en mettant en évidence une solide histoire d'amitié.


    Pittoresque et attachant, étrange et fascinant, Apocalypse 2024 réussit à sortir de la routine dans une tentative iconoclaste de dépoussiérer le genre avec audace, intelligence et ironie mordante (voir l'impensable épilogue confiné dans la farce macabre). La complicité amicale qu'entretiennent l'homme et son chien est une nouvelle fois l'occasion de souligner la fidélité indéfectible qui unissent le maître et l'animal. Une perle rare à faire connaître au plus grand nombre !

    Bruno Matéï
    3èx


    POLTERGEIST

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                                         Photo empruntée sur Google, appartenant au site discreetcharmsandobscureobjects.blogspot.co

    de Tobe Hooper. 1982. U.S.A. 1h55. Avec Heather O'Rourke, Craig T. Nelson, JoBeth Williams, Zelda Rubinstein, Dominique Dunne, Oliver Robins.

    Sortie salles France: 20 Octobre 1982. U.S: 4 Juin 1982

    FILMOGRAPHIE: Tobe Hooper est un réalisateur américain né le 25 Janvier 1943 à Austin (Texas)
    1969: Eggshells, 1974: Massacre à la Tronçonneuse, 1977: Le Crocodile de la Mort, 1979: The Dark (non crédité), 1981: Massacre dans le Train Fantôme, 1982: Poltergeist, 1985: Lifeforce, 1986: l'Invasion vient de Mars, Massacre à la Tronçonneuse 2, 1990: Spontaneous Combustion, 1993: Night Terrors, 1995: The Manglers, 2000: Crocodile, 2004: Toolbox Murders, 2005: Mortuary, 2011: Roadmaster.


    Grand classique des années 80, Poltergeist est la réunion inattendue de deux grands auteurs du cinéma fantastique, celui de Steven Spielberg attaché au poste de producteur, et celui de Tobe Hooper confié à la réalisation. Sans revenir sur la polémique qui entoura la véritable paternité du métrage, on sent bien que Steven Spielberg y a apporté une certaine contribution dans la caractérisation idéaliste d'une famille aisée cohabitant en harmonie et dans la peinture d'une banlieue ricaine inscrite dans la communion. Avec l'originalité d'un scénario structuré, Poltergeist perdure son pouvoir attractif dans son alliage de merveilleux, d'humour et d'horreur, quand bien même l'attachante complicité des comédiens nous immerge de plein pied dans leur désarroi. En insistant sur la cohésion de cette famille désunie, Tobe Hooper attache une grande importance à décrire leur fragilité après l'une de leur fille eut été enlevée par des esprits frappeurs. Retenue prisonnière via l'écran de télévision, Carol-Anne tentera de communiquer avec ses parents afin d'implorer leur aide. A travers cette idée judicieuse, on peut notamment y déceler une métaphore sur le pouvoir de l'image et notre accoutumance à rester river face au média ! (les parents Freeling s'endorment devant leur poste quand ils ne se disputent pas le choix d'une chaîne lorsque le voisin bénéficie d'une même télécommande !). 


    Avec l'intervention de spécialistes en parapsychologie, cette famille subitement frappée par une cause surnaturelle va devoir compter sur leur soutien afin de retrouver leur fille en vie. Sous couvert de l'archétype de la maison hantée et des esprits frappeurs qui importunent cette aimable famille, le réalisateur met notamment en exergue une réflexion spirituelle (non dénuée de poésie dans le discours scrupuleux des matriarches clairvoyantes) sur la vie après la mort, tout en rendant hommage à nos défunts lorsque les cadavres y sont profanés. L'efficacité imparable de Poltergeist provient donc de cet habile dosage d'horreur spectaculaire (à l'instar de son point d'orgue paroxystique !), de féerie (certaines apparitions surnaturelles !), d'humour pittoresque (la première partie privilégie le comportement cocasse des parents face au spectacle des incidents surnaturels) et de moments d'intimisme plein de pudeur (la Spielberg touch est passée par là et le score sensible de Goldsmith intensifie le côté fraternel des protagonistes !). Qui plus est, la mise en scène avisée utilise habilement l'artillerie lourde des effets spéciaux sans jamais empiéter sur le fil narratif. Outre le charisme indéfectible alloué aux parents Freeling (Craig T. Nelson et JobBeth Williams forment un couple uniforme plein d'amour et d'humilité !), le charme innocent de la petite Carol-Anne endossée par Heather O'Rourke et l'autorité maternelle de Tangina Barrons incarnée par Zelda Rubinstein apportent un supplément crédible face à cette situation de conflit paranormal ! 


    Spectaculaire, impressionnant, drôle et parfois terrifiant, Poltergeist n'a pas volé sa réputation de fleuron du fantastique tout en suggérant une satire sur le contrôle des médias. Pour parachever, le savoir-faire indiscutable de Tobe Hooper (et de Steven Spielberg ?) élève(nt) l'entreprise au rang de modèle de mise en scène ! 

    Bruno Matéï
    5èx


    SPIDER-MAN

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                                                                                  Photo empruntée sur Google, appartenant au site Notrecinema.com

    de Sam Raimi. 2002. U.S.A. 2h01. Avec Tobey Maguire, Willem Dafoe, Kirsten Dunst, James Franco, Cliff Robertson, Rosemary Harris.

    Sortie salles France: 12 Juin 2002

    FILMOGRAPHIE: Sam Raimi est un réalisateur, acteur, producteur et scénariste américain, né le 23 Octobre 1959 à Franklin, Etats-Unis.
    1981: Evil-Dead. 1985: Mort sur le Grill. 1987: Evil-Dead 2. 1990: Darkman. 1993: Evil-Dead 3. 1995: Mort ou Vif. 1998: Un Plan Simple. 1999: Pour l'amour du jeu. 2000: Intuitions. 2002: Spi-derman. 2004: Spider-man 2. 2007: Spider-man 3. 2009: Jusqu'en Enfer. 2013: Le Monde fantastique d'Oz.


    Premier volet de la trilogie à succès de Sam Raimi, Spider-man peut enfin bénéficier d'une adaptation ciné à la hauteur de la bande dessinée de Stan Lee. A l'aide d'effets-spéciaux numériques prodigieux et de l'interprétation innée de Tobey Maguire (l'acteur extériorise un regard expansif dans sa nouvelle fonction héroïque et dégage beaucoup d'humanisme dans ses contrariétés !), Sam Raimi rend hommage au super-héros de notre enfance avec un sens homérique justifiable. Car ici, outre le côté vertigineux des séquences d'action à couper le souffle (à l'aide de ses jets de toiles d'araignées, le super-héros bondit d'immeubles en immeubles avec une incroyable vélocité !), Spider-man tire avant tout parti de la caractérisation de ses personnages superbement dessinés. 


    Durant 2h00, le réalisateur s'attarde donc à dépeindre le cheminement moral de son super-héros, adolescent préalablement maladroit et timoré, mais aujourd'hui vaillant et reconnu comme un illustre sauveur de l'humanité ! Ses pouvoirs surhumains, il les doit à la morsure d'une araignée génétiquement modifiée ! Une nouvelle stature à double tranchant puisque plus tard la populace n'hésitera pas à le suspecter de complicité avec son plus haut rival (le Bouffon Vert !), quand bien même ce dernier lui proposera un pacte afin d'unifier leurs exploits ! Entre l'amour d'une fille qu'il chérit en secret et l'amitié qu'il partage avec son meilleur camarade de classe, Peter Parker doit faire face à la mort de son oncle qu'il décide de venger en endossant la combinaison de justicier masqué. Au cours de son parcours héroïque de redresseur de tort, il va rapidement se confronter au bouffon vert, un savant pernicieux délibéré lui aussi à se venger auprès de ses anciens patrons et à dicter sa loi sur la ville de New-York. D'un côté, la vengeance est un argument favorable lorsque l'unique ambition est de protéger les plus faibles contre la délinquance criminelle. De l'autre, elle est un vecteur d'aliénation quand un chercheur déchu de ses fonctions professionnelles se laisse gagner par la rancune et ses névroses psychotiques ! (Norman Osborn souffre de dédoublement de personnalité depuis l'échec de son expérience scientifique !). Alternant moments d'intimisme et bravoures spectaculaires, Spider-man réussit donc avec efficacité à nous retranscrire les états-d'âme du jeune Peter Parker contraint d'exercer une tache rigoureuse dans sa nouvelle existence d'ado au risque de compromettre son entourage. C'est donc au sens du sacrifice et à sa remise en question héroïque que doit se confronter Spider-man afin de mieux préserver la vie des siens et au risque de passer à côté de l'amour de Mary Jane ! Kirsten Dunst endosse ce rôle avec beaucoup de sensualité candide et une certaine naïveté puisque peu habile à discerner de prime abord les sentiments amoureux de son partenaire. 


    En attendant un 2è opus beaucoup plus émotif, lyrique et ambitieux, Spider-man inaugure sa trilogie avec dignité pour la dimension humaine d'un héros en questionnement et déploie un savoir-faire technique vertigineux lorsqu'il s'agit de retranscrire ses envolées épiques ! Du grand spectacle calibré mais inscrit dans la mesure, l'action s'avérant toujours justifiée car au service des motivations contradictoires des protagonistes. 

    Dédicace à Carlina Zombiela
    Bruno Matéï
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    DEVIATION MORTELLE (Roadgames)

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    de Richard Franklin. 1981. 1h41 (version intégrale). Australie. Avec Stacy Keach, Jamie Lee Curtis, Marion Edward, Grant Page, Thaddeus Smith, Steve Millichamp.

    FILMOGRAPHIE: Richard Franklin est réalisateur et producteur australien, né le 15 Juillet 1948 à Melbourne (Australie), décédé le 11 Juillet 2007.
    1972: Belinda. 1973: Loveland. 1975: The True Story of Eskimi Nell. 1976: Fantasm. 1978: Patrick. 1981: Déviation Mortelle. 1983: Psychose 2. 1984: Cloak and dagger. 1986: Link. 1991: FX 2, effets très spéciaux. 1994: Un Agent très spécial (télé-film). 1995: Hotel Sorrento. 1996: Brillliant Lies. 1997: One way Ticket (Télé-film). 1999: Le monde perdu de Sir Arthur Conan Doyle: la découverte (télé-film). 2003: Visitors.


    Réalisée entre Patrick et Psychose 2, Déviation Mortelle est une curieuse série B que Richard Franklinélabore à la manière d'un thriller mâtiné de cocasserie. Aujourd'hui sombré dans l'oubli, ce road movie surfe avec efficacité sur un suspense hitchcockien en suggérant les méfaits meurtriers d'un serial-killer sévissant sur les routes australiennes. Témoins de quelques éléments intrigants après s'être assoupi près d'un motel (un sac poubelle reniflé par son chien, une silhouette suspicieuse derrière un rideau), Patrick Quid, chauffeur livreur de viande, décide de suivre à la trace un mystérieux van dont le conducteur pourrait s'avérer le dépeceur d'une jeune fille.


    Tout l'intérêt de l'intrigue se concentre donc sur les supputations du routier persuadé d'avoir campé près du lieu d'un crime et été témoin d'une présence hostile la veille de son voyage. Epaulé de son animal de compagnie, un dingo d'Australie à qui il s'adresse en bavassant, Patrick sillonne les contrés désertiques à bord de son camion afin de retrouver la trace d'un mystérieux véhicule de couleur bleue ! Durant son itinéraire, outre les rencontres impromptues avec des conducteurs zélés (ce qui nous vaut d'ailleurs quelques poursuites automobiles inconscientes) et les autorités de la police pour un contrôle de routine, il aborde notamment deux auto-stoppeuses dont une jeune fille imprudente (Jamie Lee Curtis, sobrement sexy et sensuelle à l'aube de ses 23 ans !). Emaillé de situations cocasses plutôt folichonnes, Richard Franklin joue notamment sur le caractère paranoïaque du chauffeur lorsque ce dernier se persuade d'avoir débusqué le vrai coupable. Jusqu'à la fin (exubérante dans son lot de rebondissements !), le cinéaste s'évertue notamment à semer le doute sur la culpabilité du conducteur de van, quand bien même les forces de police commencent à suspecter le comportement instable du camionneur ! Porté sur les épaules de Stacy Keach, l'acteur réussit pleinement à insuffler de la sympathie à son personnage de routier peu retors (il multiplie les gaffes lors de son périple) mais indéniablement courageux lorsqu'il s'agit d'alpaguer un tueur en série, d'autant que ce dernier se joue un malin plaisir à le faire accuser de ses sévices.


    Mike Hammer et Laurie Strode en perdition !
    Malgré le ton inapproprié d'un score musical aux accents westerniens (! ?), un humour parfois pataud et le côté prévisible de certaines situations, Déviation Mortelle se suit agréablement comme une sympathique curiosité, à l'instar de l'apparition inopinée de Stacy Keach, parfaitement à l'aise dans la peau d'un routier sur le qui-vive !

    Un grand merci à l'Univers Fantastique de la Science-Fiction !
    Bruno Matéï

    ENEMY (An Enemy)

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                                                              Photo empruntée sur Google, appartenant au site care2.com

    de Denis Villeneuve. 2013. Canada/Espagne. 1h35. Avec Jake Gyllenhaal, Mélanie Laurent, Isabella Rossellini, Sarah Gadon, Jane Moffat, Joshua Peace.

    Sortie salles U.S: 9 Janvier 2014

    FILMOGRAPHIE: Denis Villeneuve est un scénariste et réalisateur québécois, né le 3 octobre 1967 à Trois-Rivières.
    1996: Cosmos. 1998: Un 32 Août sur terre. 2000: Maelström. 2009: Polytechnique. 2010: Incendies. 2013: An Enemy. 2013: Prisoners.


    Réalisé la même année que Prisoners mais finalisé en amont, Enemy relate la confrontation ambiguë d'un professeur d'histoire avec son propre sosie, un acteur de cinéma prénommé Anthony. Alors que ce dernier s'avère affirmé et plutôt volage avec sa femme, Adam, lui, est inversement timoré et sexuellement contrarié par l'attitude versatile de sa compagne. Fasciné par la ressemblance avec son double, Adam décide de rencontrer l'épouse d'Anthony sans l'avertir.


    Ce résumé elliptique n'est qu'une ébauche d'un thriller aussi tortueux qu'une expérience schizo de David Lynch. Principalement dans l'ambiance impénétrable au cours duquel nos personnages évoluent, leur expression chargée de non-dits et de comportements indécis ne faisant qu'amplifier un sentiment de malaise sous-jacent. Avec souci esthétique dans l'architecture d'une cité urbaine tentaculaire, Denis Villeneuve nous invite à une descente aux enfers où la suggestion de la mise en scène bouscule nos habitudes pour nous entraîner vers une expérience introspective. Celle de scruter les états d'âme de deux hommes en contradiction morale et de tenter d'y comprendre leurs tenants et aboutissants intimistes ! Si de prime abord, le film peut dérouter par son aspect austère et dépressif réfutant la conformité, Enemy insuffle au fil de son cheminement psychologique une attention de plus en plus affirmée de notre part. Conçu à la manière d'un dédale schizophrène où deux hommes vont s'affronter afin de récupérer leur propre identité et peut-être sauver leur couple, Enemy oppose le refoulement et la frustration sexuelle lorsque l'adultère interfère au sein du couple. Complexe et spéculatif (le symbole féminin de l'araignée apparaît à trois reprises et semble personnifier la névrose d'un des sosies), Dennis Villeneuve compose un thriller singulier beaucoup trop habile et abstrait pour en saisir toutes ses subtilités au premier visionnage. Emaillé d'indices parfois scrupuleux (écoutez bien certaines lignes de dialogues imparties aux personnages féminins !), le film laisse en exergue un drame psychologique SPOILER !!! sur le moi inconscient, la perte d'identité, l'aliénation, le sentiment de culpabilité et le refus d'assumer ses pêchers. FIN SPOILER


    Formellement étrange dans l'esthétisme sépia d'une cité urbaine chargée de silence, Enemy est notamment habité par le talent magnétique de Jake Gyllenhaal (dans un double rôle interlope) et les présences diaphanes de Mélanie Laurent et Sarah Gordon. Un thriller métaphorique aussi vénéneux que cérébral dans son alliage de mystère diffus. 

    Dédicace à Jenny Winter
    Bruno Matéï

    SILENT RUNNING

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                                                                          Photo empruntée sur Google, appartenant au site Notrecinema.com

    de Douglas Trumbull. 1972. U.S.A. 1h29. Avec Bruce Dern, Cliff Potts, Ron Rifkin, Jesse Vint, Steve Brown.

    FILMOGRAPHIE: Douglas Trumbull est un réalisateur, producteur et scénariste américain, né le 8 Avril 1942 à Los Angeles.
    1972: Silent Running. 1978: Night of Dreams. 1983: Brainstorm. 1983: Big Ball. 1983: New Magic. 1985: Let's go. 1985: Tour of the Universe. 1989: Leornardo's Dream. 1990: To Dream of Roses. 1993: In Search of the Obelisk. 1996: Luxor Live. 1996: Theater of Time.


    Echec public lors de sa sortie mais largement plaidé par la critique, Silent Running est la première réalisation de Douglas Trumbull, également responsable des effets visuels de 2001, Rencontres du 3è Type, Star Trek, Blade Runner et récemment The Tree of Life de Malick. Bien avant l'excellent Brainstorm, le cinéaste avait déjà tâté de la science-fiction pour dépeindre une diatribe envers la préservation de notre écologie terrestre. En 2001, le monde a réussi à déjouer le chômage en détruisant une grosse partie de la faune et de la flore. A l'aide d'une bombe nucléaire, l'état américain décide finalement de se débarrasser des dernières ressources végétatives. Dans l'espace, un vaisseau spatial reste l'unique refuge d'une forêt artificielle que le botaniste Freeman Lowell tente de préserver amoureusement sous des dômes. Contraint de les détruire par ordre de ses supérieurs, il décide d'enfreindre la loi mais doit d'abord se débarrasser de ses trois coéquipiers. Avec l'aide de ses androïdes ménagers, il tente de refonder un semblant de vie sous son île artificielle et en dépit d'une profonde solitude.


    Anticipation pessimiste fustigeant le comportement inconscient de nos civilisations modernes, Silent Running est un cri d'alarme envers la protection de la nature. A travers la passion d'un botaniste replié sur lui même car incapable de pouvoir compter sur l'entraide de ses compères, Freeman Lowell ira jusqu'à commettre l'irréparable afin de préserver son jardin naturel et les mammifères qui y coexistent. Ce passage à l'acte criminel qu'il ne pourra jamais se pardonner est avant tout le cri de désespoir d'un homme réduit à la solitude car incapable de réveiller les consciences pour prôner l'importance de la végétation et de l'alimentation biologique qu'un créateur nous a confié. Avec une grande simplicité et beaucoup de poésie (toutes les séquences intimistes impliquant Freeman et les deux robots, notamment dans sa fonction d'éducateur), Douglas Trumbull nous relate le bouleversant témoignage d'un homme reclus au fond de l'espace et ayant comme seules compagnies trois minis androïdes doués de sensibilité. Ce sentiment d'isolement, ce climat mélancolique qui imprègnent tout le récit se répercutent avec une force imparable sur notre prise de conscience, en espérant ne jamais témoigner d'un futur aussi noir car déshumanisé ! Les morceaux musicaux chantonnés par Joan Baez et surtout l'interprétation poignante de Bruce Dern exacerbent cette notion tragique où l'issue d'espoir s'avère des plus restreintes. L'acteur exprimant avec beaucoup d'humanisme une amertume profonde envers l'insanité d'une société préconisant indifférence d'autrui, profit économique et irrespect de l'environnement.


    D'une émotion fragile, à l'image de notre héros condamné à l'errance, à la contrition et au sacrifice, Silent Running est un poème d'amour fou envers la préservation écologique, tout en mettant en garde les dangers du progrès technologique. Il en émane un moment de cinéma épuré à la mélancolie bouleversante, à l'instar de sa dernière image gravée dans les mémoires SPOILER!!!(observer la solitude d'un robot attelé à entretenir un dernier bout de forêt nous inflige un sentiment de tristesse éperdue !). FIN SPOILER

    Bruno Matéï
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    LES SORCIERES DE ZUGARRAMURDI (Las brujas de Zugarramurdi)

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    de Alex De La Iglesia. 2013. Espagne. 1h52. Avec Javier Botet, Mario Casas, Carmen Maura, Hugo Silva, Carolina Bang, Macarena Gomez.

    Sortie salles France: 8 Janvier 2014. Espagne: 27 Septembre 2013

    FILMOGRAPHIE: Álex de la Iglesia, de son vrai nom Alejandro de la Iglesia Mendoza, est un réalisateur, scénariste et producteur de film espagnol né le 4 Décembre 1965 à Bilbao (Espagne).
    1992: Action mutante, 1996: Le Jour de la bête, 1997: Perdita Durango, 1999: Mort de rire, 2000: Mes Chers Voisins, 2002: 800 Balles, 2004: Le Crime Farpait, 2006: La Chambre du Fils (segment), 2008: Crimes à Oxford, 2010: Balada Triste. 2013: Les Sorcières de Zugarramurdi.


    Trois ans après son chef-d'oeuvre Balada Triste, Alex de la Iglesia se permet de souffler un peu avec Les Sorcières de Zugarramurdi en nous proposant aujourd'hui une récréation conçue sur la fantaisie et la gestuelle des protagonistes avant de peaufiner un scénario des plus modestes. Comédie fantastique menée à 100 à l'heure par des comédiens en émoi et au charisme cartoonesque, ces sorcières venues d'Ibérie relance la tradition du rituel avec exubérance et idéologie féministe. Avant d'atteindre la frontière française, trois braqueurs de banque et le fils de l'un d'eux se retrouvent kidnappés par un trio de sorcières au sein de leur demeure. Au même moment, deux policiers et l'ex femme d'un braqueur essaient de retrouver leur trace. Avant l'arrivée des invités pour la grande cérémonie, nos otages vont tenter de s'y échapper avant de périr sur le bûcher.  


    Un pitch des plus simplistes pour un fil narratif sans véritable surprise qu'Alex De La Iglesia outrepasse avec sa traditionnelle insolence dans son lot de quiproquos et situations délirantes. Jouant beaucoup sur l'extravagance des personnages (notamment deux apparitions surprises aussi décharnées que gargantuesques !) et le look criard des sorcières (elles crèvent littéralement l'écran dans leur physionomie ensorceleuse et on peut mentionner la posture ultra sexy de la jeune Carolina Bang !), le réalisateur élabore un carnaval frénétique où les décors gothiques (la demeure des sorcières) ou caverneux (le repère de la grotte) en imposent autant dans leur esthétisme flamboyant ! Conçu comme une véritable guerre des sexes où tout le monde en prend pour son grade (principalement les hommes !) et se rejette la faute sans pouvoir déclarer forfait, Les Sorcières de Zugarramurdi nous propose un spectacle épique quand les forces du Mal se déchaînent contre la cause masculine. Démarrant sur les chapeaux de roue avec un braquage parodique des plus effrénés (véritable moment d'anthologie !), le film va quasiment adopter cette ligne de conduite décomplexée quand nos protagonistes vont user de bravoure et d'audaces afin de s'épargner les châtiments des sorcières, et avant que l'une d'elles ne succombe brusquement au coup de foudre ! Parfois empreint de lyrisme (la sublime messe musicale de la confrérie alchimiste !), Alex De La Iglesia fignole avec souci du détail un univers aussi féticheur qu'onirique culminant avec l'apparition dantesque d'une divinité matriarche.


    Femmes au bord de la crise de nerf !
    Si l'intrigue aurait gagné à être mieux charpentée et que sa frénésie déployée ne s'avère pas aussi probante que dans ses oeuvres les plus notoires, Alex De La Igesia est suffisamment insolent, imaginatif et provocateur pour remédier ses lacunes et mettre en exergue une fantaisie endiablée inscrite dans l'inégalité des sexes. Un conflit de pouvoir où misandres et phallocrates se disputent la victoire dans la rancune et l'esprit de sédition. Une manière sarcastique pour Iglesia de se railler des rapports masochistes du couple quand l'amour est partagé entre désir de soumission / domination. Que la fête commence !

    Bruno Matéï 

    LA REINE MARGOT. Prix du Jury à Cannes, 1994

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                                                    Photo empruntée sur Google, appartenant au site Notrecinema.com

    de Patrice Chéreau. 1993. France/Allemagne/Italie. 2h38 (version intégrale). Avec Isabelle Adjani, Vincent Perez, Jean Hugues Anglade, Daniel Auteuil, Virna Lisi, Dominique Blanc, Pascal Gregory, Claudio Amendola, Miguel Bosé, Asia Argento, Julien Rassam, Jean-Claude Brialy, Jean-Philippe Ecoffey, Thomas Kretschmann, Bruno Todeschini, Emmanuel Salinger.

    Sortie salles France: 11 Mai 1994

    FILMOGRAPHIE:Patrice Chéreau est un réalisateur, scénariste, acteur, metteur en scène d'opéra et de théâtre français, né le 2 Novelmbre 1944 à Lézigné (Maine-et-Loire), décédé le 7 Octobre 2013 à Clichy (Hauts-de-Seine).
    1974: La Chair de l'orchidée. 1978: Judith Therpauve. 1983: L'Homme Blessé. 1987: Hôtel de France. 1991: Contre l'oubli. 1994: La Reine Margot. 1998: Ceux qui m'aiment prendront le train. 2000: Intimité. 2003: Son Frère. 2005: Gabrielle. 2009: Persécution.


    Deux millions de spectateurs en salles ! En redécouvrant le film, c'est à se demander comment une oeuvre historique aussi mortuaire ait pu rassembler autant de monde ? Car La Reine Margot fait office de pavé dans la mare dans notre paysage audiovisuel (il s'agit bien d'une oeuvre historico-horrifique !), d'où les critiques mitigées de l'époque, et en dépit de son Prix du Jury décerné à Cannes. Car il faut bien l'avouer, et avertir notamment un public non averti, La Reine Margot incombe au vertige, au malaise viscéral et sous-jacent, car l'oeuvre toute entière transpire le sang et les larmes dans un conflit de religions. Autour de cette reine volage adulée par les hommes, la mort règne par des complots politiques et trahisons compromis au sein même de sa famille.
    1572. La guerre de religions entre catholiques et protestants fait rage. Afin de réconcilier les Français, Catherine de Médicis décide de marier sa fille, la catholique Marguerite de Valois, la "reine Margot", avec le protestant Henri de Navarre, le futur roi Henri IV. Au cours de la nuit de la Saint-Barthélemy, alors que le sang coule à flot dans les rues de Paris, la "reine Margot" sauve du massacre le seigneur de la Môle. Entre Margot la catholique et le protestant la Môle naît une passion qui fera basculer leurs destins.


    Toute cette débauche sanglante au cours duquel Margot témoigne en impuissante lui permet de s'initier lentement à la tolérance et la compassion, elle qui n'accordait au préalable qu'intérêts pour sa personne et sa beauté. A travers ses conflits religieux incessants et sa passion amoureuse avec le protestant la Môle, Marguerite de France évolue brusquement dans un univers barbare plein de bruit et de fureur où mensonges et trahisons n'auront de cesse de lui nuire afin de provoquer la mort auprès des siens. C'est aussi le portrait d'une famille inscrite dans l'hypocrisie pour la soif de pouvoir que nous relate passionnément Patrice Chéreau, quand bien même les trois frères de Margot sont épris d'un amour incestueux. D'ailleurs, au sein de ces jeux de manigance et de raison d'état menés par sa propre mère, Charles IX en subira malencontreusement les frais lors d'un empoisonnement à l'arsenic restée dans toutes les mémoires. Avec réalisme, le réalisateur insiste sur la déchéance physique de la victime, l'homme suintant de sang car condamné à une lente agonie, et se résignant en dernier ressort à trouver réconfort dans les bras de sa soeur. Si Patrice Chéreau nous avait déjà préalablement impressionné lors du massacre de la Saint-Barthélémy en sublimant un climat de folie particulièrement baroque (choeurs religieux à l'appui !), l'empoisonnement de Charles IX nous impose un malaise aussi viscéral que vertigineux. Et d'enfoncer le clou de la poésie morbide et de la poisse familiale lors d'un final dépressif SPOILER !!! où Marguerite de Valois repartira esseulée en compagnie d'un macabre souvenir ! fin SPOILER


    La mariée sanglante
    Baroque et exubérant (à l'instar du jeu erratique de Jean-Hugues Anglade !), macabre et fétide, La Reine Margot fascine et répulse à la fois par son atmosphère funèbre prédominante et la présence iconique d'une Adjani entachée de sang. Sa distribution prestigieuse (dont moult figurants en costume dominicain), ses décors d'architecture flamboyante et sa mise en scène ambitieuse configurent un film malade inscrit dans la dégénérescence d'une affaire familiale. On pardonne donc facilement ses quelques longueurs et bavardages redondants (du moins dans la version de 2h38 !) et on préserve en mémoire le portrait sinistré d'une mariée sanglante repentie dans la prudence et la solitude. 

    Récompenses: Prix du Jury, Cannes 1994
    Prix d'Interprétation féminine: Virna Lisi.
    César de la Meilleure Actrice: Isabelle Adjani.
    César du Meilleur Second Rôle Masculin: Jean-Hugues Anglade
    César du Meilleur Second Rôle Féminin: Virna Lisi
    César de la Meilleure Photographie: Philippe Rousselot
    César des Meilleurs Costumes: Moidele Bickel

    Bruno Matéï
    2èx



      THE LOST

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                                                                                Photo empruntée sur Google, appartenant au site nerdalors.fr

      de Chris Sivertson. 2005. U.S.A. 1h59. Avec Marc Senter, Shay Astar, Alex Frost, Megan Henning, Ed Lauter, Robin Sydney, Michael Bowen, Dee Wallace-Stone.

      Sortie salles U.S: 18 Mars 2008. Sortie Dvd France: 4 Mars 2009

      FILMOGRAPHIE: Chris Sivertson est un réalisateur, scénariste et producteur américain.
      2001: All Cheerleaders Die (co-réalisateur). 2006: The Lost. 2006: The Best of Robbers. 2007: I know who killed me. 2011: Brawler. 2013: All Cheerleaders Die.


      Premier long, premier coup de maître par l'auteur du méjugé I Know who killed me ! (les Razzie Awards s'en souviennent encore !). Inédit en salles chez nous, The Lost est le genre de péloche sortie de nulle part (bien que tirée d'un roman de Jack Ketchum et produit par Lucky McKee !), vous laissant en état de collapse sitôt le générique écoulé ! Un concentré de violence et d'adrénaline que Chris Sivertson maîtrise avec dynamisme dans sa mise en scène expérimentale exploitant notamment l'architecture d'appartements au design moderne (teintes rouges criardes et noir profond contrastent avec le psyché névrosé du tueur). Autant dire que le réal est plutôt inspiré à fignoler une bande d'ultra-violence méchamment sardonique dans son concept jusqu'au-boutiste à dépeindre le comportement d'un marginal sans vergogne. Il faut dire que ce portrait sulfureux est largement privilégié par la présence magnétique de Marc Senter. Affublé de vêtements ténébreux et maquillé de noir sous les yeux, l'acteur impose une présence new-wave exubérante et véhicule une palette d'émotions contradictoires face à la gente féminine, car alternant accalmies de tendresse et accès de démence ! Le soir d'un feu de camp, Ray Pye et un couple d'amis (des ados paumés trop influençables !) abordent près d'un étang deux jeunes inconnues. Il décide de s'en débarrasser en les assassinant d'un coup de fusil. Quatre ans plus tard, Ray et ses complices restent en liberté car n'ayant pas été incriminés, mais un inspecteur sur le qui-vive commence à suspecter le comportement effronté du jeune leader.  


      C'est une descente aux enfers que nous convie Chris Sivertsonà travers le portrait d'un sociopathe rongé d'égotisme et de jalousie obsessionnelle envers les femmes. Phallocrate indécrottable, junkie à la petite semaine, ses seules occupations tournent autour du sexe, de la drogue et de l'alcool. Outre sa flânerie quotidienne, sa convoitise principale est d'asservir les minettes insouciantes en accumulant les conquêtes jusqu'au jour où l'une d'elles décide de lui tenir tête afin de se rebeller ! La peinture réaliste que le réalisateur projette à travers une paisible banlieue ricaine est notamment hétérodoxe car elle dévoile une population politiquement incorrecte (à l'instar de la relation non assumée qu'un sexagénaire entretient avec une fille de 18 ans !) où la jeunesse inculte, en quête de coqueluche, est livrée à l'abandon. Dans l'art de conter son récit et une montée progressive de la tension, Chris Sivertson distille une ambiance malsaine d'autant plus vénéneuse du fait du comportement pervers de Ray Pye. Ses jeux de drague improvisés avec des potiches écervelés et surtout sa nouvelle aventure entamée avec une compagne versatile nous place dans une situation inconfortable, sachant que cette dernière voue une fascination morbide pour ce bad boy burné ! Et il aura fallu une contre-attaque féminine pour que ce dernier pète un plomb et se transforme en ange de la mort afin d'accomplir son dernier baroud d'honneur !


      Orange Mécanique
      Transgressif, malsain et hystérique, The Lost provoque remous et effroi face à l'autorité erratique d'un faux rebelle en pleine crise rancunière. La manière caustique dont Chris Sivertson brode son portrait est notamment privilégié par la vigueur d'un montage redoutablement percutant et l'interprétation hallucinée de Marc Senter (son personnage symbolise une bombe à retardement !). L'explosion de violence finale qui émane de la frustration du tueur risque sévèrement de vous ébranler la rétine car elle déploie la férocité gratuite d'un tempérament capricieux gagné par l'omnipotence. Une satire au vitriol en somme d'un rejeton criminel de nos sociétés modernes, traversée d'une BO rock endiablée !

      Pour public averti !

      Bruno Matéï
      2èx

      Le point de vue de Mathias Chaput:
      Alors que l’on commençait à assister à une popperisation scénaristique de la part des métrages sortis outre Atlantique, « The Lost » arrive à point nommé et tombe à pic pour redorer le blason des productions « Mi underground – mi entertainment grand public ».
      Ce qui frappera d’abord le spectateur, c’est la qualité de la mise en scène !
      Des trouvailles incroyables tout le long du film, des comédiens impliqués comme rarement dans leurs rôles, une puissance émotionnelle et un jeu émotif décuplés de manière glaçante, on sent bien que rien n’a été laissé au hasard…
      Le personnage principal de Ray surdimensionne l’aspect de dangerosité du psychopathe qu’il incarne, et le réalisateur dresse un portrait sans compromis ni fioritures d’une certaine Amérique, un peu à la manière de Wes Craven dans « The last house on the left» sorti trois décades auparavant, mais en beaucoup mieux et plus pervers !
      Ici toutes les conventions et les codes précédemment instaurés volent complètement en éclat !
      Un flic presque pédophile d’une soixantaine d’années qui couche avec une lycéenne à peine majeure, des jeunes désoeuvrés et totalement hors parcours, l’alcool, la cocaïne et la dépravation sont légions et ce, en permanence !
      Des plans-séquences incroyables de maitrise technique, des travellings graciles et un déroulement scénaristique crescendo confèrent sans nul doute à faire se différencier « The Lost» des autres œuvres…
      Il ne s’apparente à aucune autre mais se vit comme une expérience, non sans un certain malaise, certes, mais au final sans grandiloquence ni complaisance, et après tout ? N’est ce pas cela que l’on attend d’un film de ce genre ?
      Quant aux vingt dernières minutes, je vous préviens tout de suite, ça déménage !
      Pas un temps mort, pas une once de pitié, mais plutôt une approche de la psychopathie et de la pathologie d’un serial killer, magnifiée par des coups d’éclats abrupts dans un déchainement d’ultra violence !
      LE film dont les Etats Unis avaient besoin pour « déflétrir » un style qui devenait exsangue et famélique…
      Une petite bombe à visionner impérativement pour tout fan aguerri en la matière !
      10/10
      Dédicace à Pierre et Bruno


      PONTYPOOL

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                                                                                      Photo empruntée sur Google, appartenant au site impawards.com

      de Brice McDonald. 2008. Canada. 1h35. Avec Stephen McHattie, Lisa Houle, Georgina Reilly, Harant Alianak, Rick Roberts, Daniel Fathers.

      Sortie salles France (l'Etrange Festival): 5 Septembre 2010. Canada: 6 Septembre 2008 (Festival de Toronto).

      FILMOGRAPHIE SELECTIVE: Bruce McDonald est un réalisateur, producteur, acteur, scénariste et monteur canadien né le 28 Mai 1959 à Kingston, dans l'Ontario, Canada.
      1989: Roadkill. 1996: Hard Core Logo. 1997: Platinum (télé-film). 2007: The Tracey Fragments. 2008: Pontypool. 2010: Ma Babysitter est un vampire.


      Inédit en salles, en dehors de sa sélection dans certains festivals, Pontypool est donc passé discrètement par la case Dtv parmi l'entremise d'un bouche à oreille plutôt élogieux ! A partir du concept en vogue du film d'Infectés (et/ou de Zombies, on ne sait plus trop ce qu'il en est !), cette série B de facture visuelle très "Carpenter" (format scope, unité de lieu et de temps, comédiens hyper photogéniques) est un ovni d'une audace inouïe dans sa manière d'aborder le thème éculé. Au sein d'une station de radio, l'animateur Grant Mazzie et ses deux standardistes diffusent leur programme traditionnel quand l'un de leur collaborateur parti en reportage décrit par téléphone un évènement des plus improbables ! Une horde de patients ont encerclé le cabinet de leur médecin et se comportent comme des déments atteints de cannibalisme ! C'est le début d'une nuit de cauchemar que nos animateurs vont de tenter de déjouer à l'aide de leur propre dialecte ! Amateurs de bizarreries saugrenues imprégnées d'ironie, préparez vous à suivre une expérience hors du commun dans ce huis-clos anxiogène où la menace externe s'avère aussi singulière qu'incompréhensible. Du moins, c'est ce que laisse penser la première partie du film, non exempt de bavardages un peu rébarbatifs afin de distiller une ambiance d'inquiétude latente.


      Imaginez le contexte aussi grotesque qu'invraisemblable ! Un nouveau virus d'origine inconnue s'empare de l'esprit des citadins par l'entremise du dialecte oral ! Je m'explique : dès que vous prononcez certains mots spécifiques durant vos conversations (prioritairement les plus affectueux), une menace invisible s'infiltre en vous pour prendre possession de votre cerveau et vous plonger dans une folie meurtrière incontrôlée ! Subitement atteint de démence, et répétant incessamment le mot contaminé, vous devenez une sorte de zombie gesticulant à répétition nombre de divagations, et vous vous empressez d'écouter les paroles de vos voisins afin de vous transmettre le germe ! Réfugiés dans une station de radio, nos trois héros vont donc tenter de se prémunir contre cette menace en évitant de bavasser entre eux, quand bien même, dehors, une foule de quidams enragés commencent à encercler leur station ! Face à cette situation cauchemardesque et apocalyptique (dehors, les incidents en masse se multiplient !), ils vont peu à peu se laisser gagner par la paranoïa et s'efforcer de se réfugier dans le mutisme ! Alors que l'une des standardistes était préalablement infectée, ils vont également s'employer à déchiffrer un remède pour s'y protéger et par la même occasion désinfecter la population ! Réussir à retranscrire une situation improbable dans le domaine du crédible, c'est ce qu'à réussi à entreprendre son réalisateur avec l'alibi de la satire et de la complicité de solides comédiens. Avec l'efficacité du pouvoir de suggestion, Bruce McDonald réussit notamment à distiller une ambiance d'étrangeté toujours plus insaisissable et un climat d'angoisse subtilement diffus afin de faire plonger le spectateur dans l'aberration ! La poésie, l'oxymore et le sens des mots, leur incohérence et effet de contradiction nous plongeant toujours plus dans une situation de psychose !


      Parlez vous français ?
      Avec pas mal d'ironie et nombre d'idées aussi retorses que débridées, Pontypool ressemble à s'y méprendre à un épisode long format de la 4è dimension. Indubitablement, il ne plaira pas à tous, l'action et le gore s'avérant quasiment absents et son rythme plutôt languissant. Mais la manière atypique dont le cinéaste aborde son sujet, l'effet de surprise inopiné qui en découle et surtout sa crédibilité qu'il réussit finalement à cristalliser redorent la symbolique du film culte ! Une expérience hors-norme faisant office de farce sarcastique et qui ne peut laisser indifférent quelque soit l'opinion encourue ! 

      Bruno Matéï
      2èx

      OUT OF ORDER... En dérangement. (Abwärts)

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                                                                          Photo empruntée sur Google, appartenant au site moviepostershop.com

      de Carl Schenkel. 1984. Allemagne. 1h27. Avec Götz George, Wolfgang Kieling, Hannes Jaenicke, Kurt Raab, Jan Groth, Claus Wennemann, Ralph Richter, Renée Soutendjik, Ekmekyemez Fierdevs.

      Sortie salles France: 23 Janvier 1985 (13 Février 1985 selon d'autres sources)

      FILMOGRAPHIE SELECTIVE: Carl Schenkel est un réalisateur et scénariste allemand, né le 8 Mai 1948 à Berne, Switzerland, décédé le 1er Décembre 2003 à Los Angeles, Californie, USA.
      1979: Graf Dracula in Oberbayern. 1981: Kalt wie Eis. 1984: Out of Order. 1992: Face à face. 1995: Terror Clinic. 1998: Tarzan et la cité perdue. 2001: Le crime de l'Orient Express (télé-film).


      Sorti un an après l'Ascenseur de Dick Maas, Out of Order exploite le même décor restreint mais en l'étalant sur une durée d'1h30 et sans l'argument du fantastique. Un couple, un comptable et un jeune marginal se retrouvent coincés dans un ascenseur le temps d'une soirée. L'alarme n'étant pas déclenchée et ne voyant pas les secours arriver, deux d'entre eux décident de grimper au dessus de la cage pour accéder au périmètre des câbles. Rapidement, les esprits vont s'échauffer quand bien même leur situation de survie s'avère de plus en plus alarmiste.
      C'est une forme de pari Hitchcockien que s'est lancé le cinéaste allemand Carl Schenkel avec ce huis-clos intense jouant autant sur la claustrophobie de son unique décor que sur la rivalité psychologique des protagonistes. En particulier celui de deux individus au milieu social opposé, un publicitaire et un chômeur, n'ayant de cesse de se provoquer verbalement afin d'imposer leur mainmise.


      L'ancienne maîtresse du pubard est également à l'origine de leur discorde puisque facilement attendrie par l'autorité rebelle du jeune délinquant. La jalousie, la rancoeur et le sentiment de supériorité vont être les vecteurs pour les deux adversaires à se combattre moralement et physiquement jusqu'à ce qu'un incident capital ne vienne dramatiser la situation. En prime, et pour pimenter l'intrigue, le témoin le plus discret, un comptable sexagénaire, possède une étrange mallette attisant inévitablement la curiosité de ces camarades !
      Hormis la facilité à laquelle ils décident (trop) rapidement d'investir le périmètre technique, Carl Schenkel réussit à insuffler un suspense constamment haletant dans leur confrontation machiste et leur bravoure à escalader les câbles de l'ascenseur pour tenter de rejoindre une issue de secours. L'exploration de ce long couloir de cordages électriques offrant des moments intenses de haut le coeur pour le spectateur apte au vertige ! Qui plus est, la prestation solide des comédiens et leur caractère bien trempé permettent notamment de maintenir l'intérêt dans leur esprit de désinvolture mais aussi leur hypocrisie à se rejeter la faute l'un sur l'autre (ils sont incapables de distinguer la bonne foi de l'accusé mis en cause !). Enfin, pour la dernière partie, le réalisateur intensifie sa progression dramatique et l'action encourue lors d'une tentative de secours des plus vertigineuses ! Et de clore cette séquestration sur une note bougrement amorale puisque la cupidité aura une fois de plus corrompu chacun des protagonistes !


      En dépit de quelques facilités et défauts de réalisation, Out of Order reste un palpitant thriller à suspense jalonné de rebondissements et exploitant à bon escient son unique décor de claustration. Pour parachever, sa galerie de personnages impudents, toujours plus confrontés au stress et à la paranoïa, prouve encore qu'en situation de péril, l'homme ne peut finalement compter que sur son estime afin de remporter la mise. Mais à quel prix ?

      Bruno Matéï
      4èx


      LE DERNIER TESTAMENT (Testament)

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                                                                                        Photo empruntée sur Google, appartenant au site t411.me

      de Lynne Littman. 1983. U.S.A. 1h34. Avec Jane Alexander, William Devane, Rossie Harris, Roxana Zal, Lukas Haas, Philip Anglim, Lilia Skala.

      FILMOGRAPHIE: Lynne Littman est une réalisatrice, scénariste et productrice, née le 26 Juin 1941 à New-York, USA.
      1973: In the Matter of kenneth. 1980: Once a Daughter. 1983: Le Dernier Testament. 1999: Freak City (télé-film). 1999: Having our say: the delanys sister's 100 years (télé-film).


      Sorti la même année que Le Jour d'Après, Le dernier Testament prend le contre-pied du trauma post-apo de Nicholas Meyer pour décrire les effets collatéraux d'une bombe nucléaire sur la population civile. Car ici, point de catastrophe spectaculaire et de visions morbides de victimes décharnées sous les effets radioactifs, Lynne Littman optant la sobriété afin de mettre en valeur le caractère humain de sa tragédie. Dans une petite banlieue de San Francisco, les habitants sont soudainement avertis d'un message télévisuel leur indiquant que des engins nucléaires viennent d'exploser sur leur territoire. Une mère de famille, dont l'époux vient de s'absenter, tente de préserver ses enfants quand bien même le nombre de victimes commence à progresser.


      Inédit en Dvd, Le Dernier Testament est une modeste production aussi méconnue que l'identité de sa réalisatrice mais qui s'avère pourtant digne d'intérêt dans sa puissance dramatique. En privilégiant à tous prix la force de suggestion réfutant l'esbroufe, Lynne Littman dénonce les effets dévastateurs de la bombe nucléaire avec une pudeur émotive qui force le respect. Car ici point de pathos pour nous bouleverser d'une situation aussi catastrophiste (bien que cette bourgade de San Francisco n'ait jamais été directement touchée par une explosion !) mais une retenue à imposer un sentiment de désespoir inscrit dans la constance et la décence. Ce qui intéresse surtout l'auteur, c'est le cheminement courageux d'une mère de famille pour préserver la vie de ses trois enfants avec son refus de s'y morfondre quand ses proches sont voués à l'inévitable. A travers son destin galvaudé, la réalisatrice brosse un superbe portrait maternel où accablement et lutte pour l'espoir ne cessent de s'entrechoquer. Car rendue garante depuis l'absence professionnelle de son mari, Carol va tenter de relever tous les défis moraux pour survivre après les effets secondaires de la radiation. En jouant la carte de l'intimisme, Lynne Littman nous fait également pénétrer dans la loyauté de cette famille parmi la responsabilité infantile car y accordant une belle place pour leur solidarité. Qui plus est, ce qu'il y a d'inévitablement bouleversant et implacable dans cette tragédie, c'est d'observer de manière impuissante le calvaire psychologique d'une mère toujours plus accablée par la mort de sa progéniture Et de compter sur le souvenir, la foi (après l'avoir dénigré !), la filiation, le soutien, et surtout la fermeté afin de tolérer pareil fardeau.


      Bouleversant et remarquablement interprété (Jane Alexander force l'admiration dans son épreuve de force interminable !); Le Dernier Testament est un réquisitoire contre l'holocauste nucléaire inscrit dans la pudeur et la dignité humaine. Une oeuvre modeste mais fragile qu'il faut impérativement redécouvrir pour juger de son intensité émotionnelle et sa simplicité narrative allant droit à l'essentiel. 

      Bruno Matéï
      3èx

      LINK. Prix Spécial du Jury, Avoriaz 86.

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                                                                   Photo empruntée sur Google, appartenant au site backtothemovieposters.blogspot.com

      de Richard Franlin. 1986. Angleterre. 1h50. Avec Elisabeth Shue, Terence Stamp, Kevin Lloyd, Steven Garnett, David O'Hara, Joe Belcher.

      Sortie salles France: 5 Mars 1986

      Récompense: Prix Spécial du Jury, Avoriaz 1986

      FILMOGRAPHIE: Richard Franklin est réalisateur et producteur australien, né le 15 Juillet 1948 à Melbourne (Australie), décédé le 11 Juillet 2007.
      1972: Belinda. 1973: Loveland. 1975: The True Story of Eskimi Nell. 1976: Fantasm. 1978: Patrick. 1981: Déviation Mortelle. 1983: Psychose 2. 1984: Cloak and dagger. 1986: Link. 1991: FX 2, effets très spéciaux. 1994: Un Agent très spécial (télé-film). 1995: Hotel Sorrento. 1996: Brillliant Lies. 1997: One way Ticket (Télé-film). 1999: Le monde perdu de Sir Arthur Conan Doyle: la découverte (télé-film). 2003: Visitors.


      Hit vidéo des années 80 déjà réputé par son Prix Spécial du Juryà Avoriaz, Link emprunte la thématique du singe tueur sous le moule de la série B. A juste titre, car ce slasher simiesque rondement mené ne démérite pas dans son originalité et l'efficacité d'une mise en scène aussi nerveuse qu'inventive. Une étudiante en zoologie est engagée comme stagiaire au sein de la villa du professeur Phillip. A l'arrivée, elle fait la connaissance de deux chimpanzés et de l'orang-outang, Link, faisant office de majordome. Après avoir passé une première journée houleuse parmi l'autorité acariâtre de son propriétaire, Jane Chase se retrouve isolée dans sa demeure en son absence inexpliquée. Toujours plus inquiète, elle finit par se rendre à l'évidence qu'un incident a intenté à la vie du professeur et doit se confronter à l'hostilité toujours plus insolente de Link.


      Divertissement intelligent dénonçant l'exploitation de l'homme sur le primate à des fins scientifiques (ce dernier pourra-il un jour transcender l'intelligence de l'homme ?), Link renouvelle les codes du slasher et du survival avec une vitalité inspirée. De par la vigueur d'une réalisation virtuose multipliant travellings aériens et exploitant à merveille les recoins du huis-clos, par la construction d'une dramaturgie toujours plus oppressante et par l'interprétation spontanée de la débutante Elisabeth Shue. Mais la grande réussite de ce jeu du chat et de la souris intenté entre une jeune fille et un singe provient inévitablement de la présence inquiétante de ce dernier. Link, orang-outang en pleine ascension de maturité, décide de se rebeller et de se venger de l'autorité de son maître après avoir décelé qu'il était voué au sacrifice. La manière subtile dont Richard Franklin inculque le jeu de la comédie auprès de l'animal s'avère véritablement troublante puisque ce dernier véhicule une présence particulièrement ombrageuse par son regard sournois et son comportement autonome livré à la provocation (il est accoutré d'un costard et fume le cigare afin de mieux dévoiler sa suprématie !). Retranchée dans la grande propriété, Jane Chase va donc devoir user de stratagème et de persévérance afin de se défendre contre son autorité meurtrière. L'intrigue habilement structurée distille de prime abord un climat d'inquiétude lattent lorsque l'héroïne doit démystifier l'absence prolongée du professeur et assurer le maintien de l'ordre parmi l'insolence des trois primates. C'est après avoir compris le caractère frondeur et nuisible de Link qu'un jeu perfide de domination va s'installer entre les deux adversaires, quand bien même quelques invités surprises feront les frais de leur soudaine intrusion. L'action s'avérant ensuite toujours plus effrénée, criminelle et intense du fait de l'agressivité toujours plus véloce de l'animal envers l'étranger.


      Conçu sur le caractère palpitant du survival multipliant sans répit péripéties et chausse-trappes, Link adopte la franchise du divertissement avec efficacité, originalité et intelligence. Son caractère irrésistiblement ludique est notamment scandé par le score de Jerry Goldmisth, privilégiant les accents fantaisistes afin d'ironiser sur la prédominance du tueur simiesque. 

      Bruno Matéï
      4èx 



      PSYCHOSE 2 (Psycho 2)

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                                                                                   Photo empruntée sur Google, appartenant au site projectdeadpost.com

      de Richard Franklin. 1983. U.S.A. 1h53. Avec Anthony Perkins, Meg Tilly, Vera Miles, Robert Loggia, Dennis Franz, Hugh Gillin.

      Sortie salles France: 20 Juillet 1983. U.S: 3 Juin 1983

      FILMOGRAPHIE: Richard Franklin est réalisateur et producteur australien, né le 15 Juillet 1948 à Melbourne (Australie), décédé le 11 Juillet 2007.
      1972: Belinda. 1973: Loveland. 1975: The True Story of Eskimi Nell. 1976: Fantasm. 1978: Patrick. 1981: Déviation Mortelle. 1983: Psychose 2. 1984: Cloak and dagger. 1986: Link. 1991: FX 2, effets très spéciaux. 1994: Un Agent très spécial (télé-film). 1995: Hotel Sorrento. 1996: Brillliant Lies. 1997: One way Ticket (Télé-film). 1999: Le monde perdu de Sir Arthur Conan Doyle: la découverte (télé-film). 2003: Visitors.


      Confectionner une suite 22 ans après une pièce fondatrice de l'épouvante était aussi risqué qu'inutile tant le modèle d'Hitchcock se suffisait à lui même. Une gageure suicidaire que Richard Franklin (habile faiseur beaucoup trop méconnu !) relève pourtant avec adresse dans la construction d'un scénario machiavélique peu avare en coups de théâtre. 22 ans après avoir été interné, Norman Bates ressort libre de l'asile psychiatrique car aujourd'hui considéré comme saint d'esprit. Après avoir trouvé un petit boulot de serveur dans un snack, il décide de reprendre la direction du motel et reloge à la maison de sa mère. Alors que la clientèle se fait discrète, il décide de venir en aide auprès d'une jeune fille sans-logis et l'invite à l'héberger dans sa propriété. Mais d'étranges évènements ne vont pas tarder à bousculer la tranquillité de Norman !


      Thriller à suspense et slasher en vogue se télescopent dans Psychose 2, série B d'apparence éculée pour son premier acte mais louablement retorse quand à la tournure des évènements à venir. Alors que d'étranges appels téléphoniques ébranlent la fragilité de Norman et qu'un nouveau meurtre vient d'être perpétré, sa schizophrénie semble reprendre l'avantage parmi la hantise de sa mère ! Avec l'aimable soutien d'une jeune serveuse (Meg Tilly retransmet sobrement douceur et tendresse auprès du désarroi de Norman), il se réconforte tant bien que mal auprès de son amitié afin de pouvoir refréner ses anciennes pulsions meurtrières. En jouant sur l'ascension psychotique de Norman et sur l'autre éventualité d'un mystérieux meurtrier, Richard Franklin insuffle dans sa première partie un suspense assez routinier jusqu'à ce qu'un rebondissement ne vienne relancer l'intrigue. A partir d'une idée de conspiration, le réalisateur réussit à nous convaincre de cette révélation tout en exploitant savamment rebondissements et coups de théâtre (le final s'avère rondement palpitant dans son lot de situations alarmistes et cruelles où les protagonistes sont sévèrement châtiés). Avec dérision macabre (le pauvre Norman est décidément victime de sa malédiction familiale quand bien même l'épilogue nous provoque un rire nerveux !) et un vrai sens du suspense quand à débusquer l'identité du coupable, Psychose 2 réussit à contenir l'intérêt dans une tension en crescendo aux quiproquos sardoniques (victime et meurtrier vont s'inverser les rôles !). Qui plus est, l'attachement que l'on accorde au duo Norman Bates / Mary Loomis nous permet de nous impliquer dans leur intimité avec empathie. D'ailleurs, la superbe mélodie de Jerry Goldsmith renforce le côté fragile de leur complicité en demi-teinte (Mary est aussi attendrie qu'effrayée pour guérir de ses névroses Norman !). Quand au mode opératoire du slasher, et sans doute pour contenter la nouvelle génération, une certaine violence graphique est imposée à deux meurtres particulièrement acerbes dans l'effet gore recherché (tel ce long couteau planté en pleine bouche d'une victime !).


      Si Psychose 2 laissait craindre une suite au rabais uniquement vouée à renflouer les caisses, c'était sans compter sur le talent d'un artisan de série B pour confectionner un solide scénario chargé d'ironie macabre et de savoureux clins d'oeil (à l'instar de l'aimable participation de Vera Miles !). Campé avec sincérité par un Anthony Perkins toujours inquiétant et susceptible (alors qu'à la base, il ne souhaitait pas rempiler la combinaison du tueur !) et le charme timoré de Meg Tilly, cette séquelle réussit honorablement à éviter la redite sans esprit de cynisme.  

      Dédicace à Gérald Shub-Niggurath
      Bruno Matéï
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